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Depuis la découverte de Ring en 1998, l’horreur à la mode japonaise a pris possession du public occidental pour ne plus jamais le quitter. Pourtant, les Yokai et autres malédictions ont toujours peuplé l’imaginaire du public. Stéphanie Chaptal dans son nouveau livre, L’horreur venue du Japon, plonge dans les origines de ces récits effrayants. Un genre qui adopte différents visages pour livrer des cauchemars inoubliables.
Une société divisée
Les premiers chapitres de l’ouvrage sont consacrés aux origines du genre. Le lecteur découvre que l’horreur existe depuis que les histoires existent. La peur peuple les récits mythologiques japonais. Ceux-ci mettent en scène des esprits et des démons (Yokai) dont le but est de mettre en garde ceux qui osent aller contre les lois de l’empereur et de la religion. L’écologie tient également une place importante dans ce genre, poussant le lecteur à respecter la nature s’il ne veut pas qu’elle se venge. Par la suite, ces récits ont évolué pour épouser les règles très strictes de la société japonaise et tenir en laisse une jeunesse en demande d’indépendances.
L’analyse de Stéphanie permet au lecteur de comprendre que ces figures horrifiques tiennent plusieurs rôles dans la société japonaise. Elles permettent d’exprimer leurs douleurs et traumatisme, mais aussi de critiquer la société et le pouvoir politique. Un bon exemple de lutte se trouve dans le chapitre consacré à l’horreur au féminin. Les femmes peuplent la noirceur de ces histoires, tantôt victimes et tantôt bourreaux. Ces protagonistes en colère représentent souvent une forme de lutte contre le patriarcat au travers de ces récits de vengeances. Les créatrices sont tout aussi importantes, leur point de vue permet d’explorer d’autres thématiques pour en faire ressortir toute la violence et la souffrance peuplant leur quotidien.
Je t’aime, moi non plus
Un autre thème passionnant abordé par le livre concerne les relations entre l’Asie et L’Occident. Les deux continents se craignent et s’inspirent pourtant l’un l’autre. Alors que le Japon crée le puissant Godzilla en réponse au traumatisme de Hiroshima, il envie le King Kong américain et les monstres de la Universal. Les producteurs japonais se réapproprient ces figures pour en faire de nouveaux antagonistes prêts à en découdre avec les héros nationaux. Du côté des Américains, les studios s’emparent des monstres japonais pour les adapter à leurs visions. Il faudra attendre la fin des années 90 pour que ce que l’on surnomme la J Horror atteint le cœur du grand public et que son style sobre inspire les réalisateurs occidentaux. De nos jours, cette relation semble s’être complexifiée avec de jeunes réalisateurs japonais qui se recentrent sur leur folklore face aux occidentaux qui s’approprient leurs créations et leurs codes.
Une bonne entrée en matière
L’horreur venue du Japon permet au lecteur novice de mieux comprendre les codes de l’horreur japonaise ainsi que son aspect culturel et social. Stéphanie Chaptal propose un bon travail de synthèse très accessible ainsi que des entretiens très intéressants avec des spécialistes. L’autrice explore différents médiums pour illustrer son propos tout en proposant une liste d’œuvres à découvrir, que l’on soit un nouvel arrivant dans le genre qu’un passionné. Le lecteur peut cependant rester sur sa faim sur certains chapitres, notamment celui concernant l’horreur au féminin, qui mériterait d’être exploré plus en profondeur.
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Le film bénéficie d'une sortie sur support physique : |
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Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons :
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Article rédigé par Faye Fanel
Ses films préférés - Chantons sous la pluie, The Thing, La maison du diable, Evil Dead 2, Fire walk with me... Ses auteurs préférés - JRR Tolkien, Stephen King, Amélie Nothomb, Lovecraft, Agatha Christie... J’adore le cinéma d’horreur et parler de mes nombreuses passions dans mes podcasts sur James & Faye ainsi que sur le site Les Réfracteurs.


