Sweet Sixteen (1983) – Slasher polymorphe
Sweet Sixteen est un slasher à l’affiche iconique qui joue avec le mythe de la sorcière, les codes du film de psychopathe et l’atmosphère de la petite ville d’Amérique profonde.
Melissa est nouvellement arrivée au lycée, mystérieuse, envoûtante, à la sexualité débridée. L’adolescente suscite la convoitise des hommes qu’elle séduit sans vergogne. Hélas pour eux, une malédiction fatale semble tourner autour de la jeune femme. Tous les hommes qui l’approchent meurent d’une manière abominable. Le shérif mène alors l’enquête pour découvrir qui est responsable de ces meurtres.
Les coulisses d’une petite production
Derrière ce film d’horreur à petit budget il y a un réalisateur habitué du genre, Jim Sotos, qui a réalisé également Viol Sans Issue en 1976 et Hot Moves en 1984. Avec seulement 7 films à son actif, dont certains autoproduits, Jim Sotos montre un talent artisanal indéniable : avec des films sans budget il est néanmoins capable d’attirer le public. Le slasher est un genre particulièrement adapté à ce type de production : il peut être réalisé avec peu d’argent et une petite bourgade du Texas lui permet de contenir tout son univers.
Pour autant, malgré ces conditions de tournage, Sotos parvient à obtenir dans son casting la star du petit écran Patrick McNee qui est devenu célèbre avec la série Chapeau Melon et Botte de Cuir ainsi qu’avec un James Bond, Dangereusement Vôtre. Il abandonne son rôle d’espion pour celui d’un père protecteur qu’on soupçonne également d’être violent. Un rôle donc à contre-emploi qui lui va à la perfection, son charisme conférant au personnage une certaine aura.
Au casting il faut ajouter Bo Hopkins, qu’on a pu voir dans La Horde Sauvage, American Graffiti ou encore Midnight Express. Ici il incarne le shérif, un veuf papa poule qui a la mauvaise manie d’emmener ses deux enfants adolescents sur ses enquêtes. Sa fille se prenant pour son assistante va se mêler aux investigations, pas toujours de la meilleure des manières. Cela donne cependant à Sweet Sixteen une touche assez originale et le fait lorgner du côté du teenage movie puisque les héros sont principalement des adolescents.
Un slasher peu ordinaire
En effet, le frère et la sœur, fils du shérif, sont finalement les personnages principaux, se retrouvant mêlés aux crimes entourant leur nouvelle camarade de classe, l’énigmatique Melissa. Le film laissant le mystère autour de l’implication de cette dernière, elle ne peut donc pas être la protagoniste du film même si elle tient le rôle vedette. À ce titre, le film n’adopte pas complètement les codes du slasher. En effet, les victimes sont principalement des hommes, jeunes, qui ont le malheur de croiser la route de Melissa.
L’autre originalité du film est de nous plonger, dès le début, dans une atmosphère de western. Durant la scène d’introduction, on voit deux natifs américains être persécutés dans le bar de la ville. Très vite, on comprend qu’ils sont victimes de la violence des Blancs et que personne ne leur viendra en aide. Dès lors, ils deviennent les boucs émissaires de cette histoire sanglante. Le film porte un regard critique sur son pays, sur la manière dont les Amérindiens sont traités. Et cependant, il peut parfois paraitre un peu sexiste, tant dans le traitement des personnages féminins que dans les dialogues des personnages masculins.
Enfin, on peut regretter que la fin soit un peu rapidement expédiée. Sweet Sixteen jouant depuis le début sur le mystère entourant le tueur, qui, contrairement à la plupart des slashers, ne cherche pas à l’iconiser, mais plutôt à laisser planer le mystère sur son identité comme dans Black Christmas ou encore Sleepaway Camp. Ainsi, le film lorgne sur différents genres, proposant une ambiance très différente de la plupart de ses homologues des années 80, ce qui est rafraichissant.