Tentacules (1977) – Octopus’ploitation
Produit après le succès des DENTS DE LA MER, ce métrage italien en constitue une des premières imitations. La sortie du métrage de Spielberg entrainant, on le sait, une résurgence des films d’agressions animales (dénommés en anglais Eco-Terror) et des « films de monstres » ou « creature features » à l’ancienne. Nous vîmes ainsi l’ours gigantesque de GRIZZLY, les chauve-souris de MORSURES, l’ursidé mutant de PROPHECY, sans oublier des curiosités comme les rats géants de SOUDAIN…LES MONSTRES, les batraciens de FROGS ou les lapins violents des RONGEURS DE L’APOCALYPSE.
Ovidio G. Assonitis se devait de prendre le train en marche. Le cinéaste, scénariste et producteur, débute en effet dans l’exploitation avec le fameux CANNIBALIS d’Umberto Lenzi qui lance la mode des cannibales féroces. Le film adapte déjà les recettes d’un succès antérieur, UN HOMME NOMME CHEVAL et la plupart de ses productions s’inscriront résolument dans un filon porteur comme le giallo (QUI L’A VUE MOURIR ?), les imitations de L’EXORCISTE (LE DEMON AUX TRIPES) ou d’EMMANUELLE (LAURE, écrit par Emmanuelle Arsan elle-même).
TENTACULES reprend donc la formule des DENTS DE LA MER avec un budget certes largement inférieur à celui de Spielberg (750 000 dollars) mais confortable. Ovidio Assonitis rassemble ainsi quelques vétérans hollywoodiens menés par un John Huston alors septuagénaire en remplacement d’un John Wayne initialement envisagé mais trop malade pour tourner. Henry Fonda (en toute fin de carrière) venant de souffrir d’une crise cardiaque, son rôle est largement restreint, donnant l’opportunité à John Huston de s’imposer comme le principal protagoniste du récit. Huston et Assonitis tourneront à nouveau deux ans plus tard dans le très curieux (et fort plaisant) THE VISITOR, un thriller de science-fiction théologique à découvrir absolument.
Bo Hopkins (GET-APENS), Shelley Winters (L’AVENTURE DU POSEIDON), Claude Akins (vu la même année dans TARANTULA LE CARGO DE LE MORT) se chargent de donner un minimum de crédibilité à cette histoire. Bien sûr, TENTACULES, dans les grandes lignes, se contentent de recopier le chef d’œuvre de Spielberg en remplaçant le requin par un immense octopus. Le scénario était d’ailleurs supposé plus humoristique et voulu comme une satire et un hommage aux vieux films de monstres, notamment lors de l’attaque du Golden Gate par la pieuvre en référence au MONSTRE VIENT DE LA MER.
Dans la petite ville de Solona Bay, quelques personnes disparaissent mystérieusement. Un type en voiture, un vieux pêcheur, un bébé dans sa poussette,…Les morts étranges se multiplient et le Sheriff Robards (Claude Akins), aidé du journaliste Ned Turner (John Huston) suspectent une pieuvre géante agressive. Ned Turner s’intéresse alors aux activités de Mr Whitehead (Henry Fonda), le directeur de la compagnie Trojan : il aurait provoqué la sortie des abysses du redoutable octopus. Avec l’aide d’un océanographe (Bo Hopkins), nos héros tentent de juguler la menace sous-marine.
Si TENTACULES se révèle un métrage plutôt stupide, il bénéficie d’un côté résolument kitsch encore appréciable par les plus indulgents. Certes, le scénario repompe LES DENTS DE LA MER et s’autorise même une sorte de clin d’œil à ORCA lors de son dernier tiers mais l’ensemble reste sympathique. La musique de Stelvio Cipriani recycle, elle, des compositions précédemment utilisées dans des polars italiens. Elle est donc efficace, voire addictive, mais ne convient pas vraiment à un film d’agressions animales. Cela limite grandement l’efficacité des séquences de suspense qui fonctionnent seulement par intermittence. La plupart paraissent mal torchées et manquent de punch, avec une utilisation discutables de multiples “images arrêtées” utilisées dans une vaine tentative de booster un suspense inexistant. Le réalisateur désire parfois donner à son film un côté “artistique” alors qu’une mise en scène simple et nerveuse aurait au moins pu sauver les meubles.
Ne soyons pas trop négatif pour autant. Visuellement, le métrage ne paraît pas trop pauvre et les images sont souvent dépaysantes et agréables à l’œil. Si les vedettes invitées se demandent visiblement ce qu’elles font là (“mon cachet!”), elles assurent une interprétation supérieure à la moyenne des productions similaires ultérieures comme les navrants APOCALYPSE DANS L’OCEAN ROUGE ou CRUEL JAWS.
En résumé, TENTACULES n’est certainement pas un « bon film » mais les inconditionnels de la sharksploitation (même avec une pieuvre en monstre vedette, le métrage relève clairement de ce sous-genre encombré !), se laisseront probablement tenter par une vision en se disant que, dans le genre, on a clairement vu pire.