You’ll Never Find me (2023) – Tuer la solitude
Une nuit de tempête, Patrick découvre, avec surprise, une jeune femme appelant à l’aide. Ils profitent de cette soirée pour rompre leur solitude. Cependant, les secrets et la méfiance perturbent leur échange. “You’ll Never Find Me” de Josiah Allen et Indianna Bell est un huis clos à petit budget en provenance d’Australie. Ce long métrage plonge le spectateur dans une atmosphère à la fois inquiétante et intimiste.
Le poids de la solitude
Le film débute avec un homme seul dans sa cuisine face à une bouteille d’alcool, tandis que la chanson “Sleep Walk” résonne en arrière-plan. Dès son introduction, You’ll Nevers Find Me, crée une atmosphère à la fois intime et lugubre. Le spectateur perçoit Patrick, l’un des protagonistes, comme un homme triste et solitaire, perdu dans ses souvenirs et sa souffrance. La chanson, évoquant un chagrin d’amour, suggère celui de Patrick.
Des bruits étranges troublent la mélancolie ambiante pour ajouter de la peur et un sentiment d’oppression. Ceux-ci peuvent être perçus comme le son de la tempête faisant rage à l’extérieur de la caravane, mais ils peuvent également représenter des murmures indistincts. Ce jeu sonore rappelle fortement les films d’hantise, tout en étant une métaphore du lourd passé de Patrick. Lorsque des coups retentissent, le spectateur espère que la tristesse qui se lit sur le visage du protagoniste disparaisse, mais malheureusement, cela n’arrivera pas. Une jeune femme en détresse apparaît, mystérieuse, elle semble ne pas vouloir communiquer avec Patrick.
Cependant, sa peine et sa solitude trouvent un écho dans les paroles de Patrick. Tout au long du film, ce dernier essaie de créer un lien avec la jeune femme. La mise en scène accorde une grande importance aux regards, les filmant souvent en gros plan pour exprimer leurs sentiments et leurs réflexions, comme un reflet de leurs âmes. Ainsi, le spectateur comprend peu à peu que “You’ll Never Find Me” n’est pas simplement l’histoire de deux personnes solitaires qui se rapprochent pendant une tempête. Il y a quelque chose qui ne va pas, une angoisse qui donne envie de quitter cette cabane et de s’enfuir malgré la tempête qui fait rage.
Le chat et la Souris
“You’ll Never Find Me” distille son angoisse petit à petit, avec un rythme parfois lent, voire un peu trop. Le film joue avec le spectateur, qui est la proie et qui est le chasseur ? Bien que la solution semble évidente au départ, certains échanges font naître le doute. Les deux personnages deviennent de plus en plus paranoïaques, passant leur temps à essayer de deviner les pensées de l’autre. Ils se méfient de ce qu’ils boivent ou mangent, d’autant plus que dès le début du métrage, les réalisateurs attirent l’attention sur un flacon contenant un mystérieux liquide transparent.
Une partie de cartes permet de comprendre que les protagonistes passent leur temps à mentir. Cependant, ce jeu ne constitue pas le cœur du film. “You’ll Never Find Me” n’est pas une allégorie du Petit Chaperon Rouge tombant dans les griffes du loup. Le twist ne se situe pas sur ce point, mais dans ce que laisse suggérer le dernier acte. Le métrage parle de punition et de torture.
Toi qui entre ici, abandonne tout espoir
Tout au long du film, le réalisateur joue avec le regard du spectateur, pour lui insuffler de l’angoisse. Patrick, accablé par le poids de ses actes, revit sans cesse le jour de son premier crime. Il entend la musique en boucle, le bruit de l’eau, ces rappels représentent à la fois une joie et une souffrance. Pris au piège, le protagoniste ressent la souffrance de ses victimes. L’utilisation habile du clair-obscur lors de la panne d’électricité permet de jouer avec les ombres, pour incarner ainsi la hantise subit par Patrick. Ce mélange de formes et de sons imprécis suscite un vif sentiment d’oppression. Progressivement, cet ensemble d’élément le dévore dans le but de le briser.
Cette dernière partie permet de libérer toute la pression accumulée lentement tout au long de l’histoire. Le choix de cette lenteur prend tout son sens et fait partie intégrante de la punition de Patrick. Sa terreur doit exploser comme celle qu’il a infligée à sa victime. Il ne manque plus que l’apparition d’un Cénobite pour parfaire cette vision de l’enfer.
Le personnage bascule peu à peu dans la folie à mesure que l’ombre grandit, perdant pied. Ce purgatoire se trouve-t-il dans son esprit ou a-t-il déjà été rattrapé par la justice ? La réponse appartient au public.
Long mais efficace
You’ll Never Find Me est une œuvre imparfaite souffrant parfois de son choix particulier de rythme, cependant cela reste une bonne surprise. Cette ambiance à la fois intimiste et très angoissante apporte de bonnes sensations de visionnage tout en proposant différentes pistes de réflexion.