Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2006 - Jay Lee
Interprètes : Jessica Custodio, Zak Kilberg, Terry Erioski, Laura Bach

review

The Slaughter

A la lecture du cv de Jay Lee, impossible de trouver le bonhomme antipathique. Tous les titres sur lesquels il a travaillé impliquent quantités d’hémoglobine et petites pépées. Ainsi, en véritable homme-orchestre il est à la fois chef-opérateur, monteur, producteur, scénariste pour ses propres projets (son petit dernier, ZOMBIE STRIPPERS, notamment) et ceux des autres, avant d’être aussi réalisateur. Sur le titre qui nous intéresse aujourd’hui, Jay Lee cumule tous ces postes.
Six étudiants sont embauchés par un homme d’affaire pour remettre en état une demeure abandonnée depuis de nombreuses années. Les travaux et les pauses fumettes s’enchaînent dans une bonne ambiance potache jusqu’à la découverte de deux grimoires enterrés dans la cave. Et lorsque l’un des joyeux drilles décide d’en lire des passages à voix haute, il ne se doute pas qu’il va réveiller une puissance maléfique…
Dés les premières images, entrecoupant le générique, THE SLAUGHTER sème le doute : si l’ambiance d’un Sabbat de sorcière s’avère gothique et sexy à souhait, elle est en revanche traité par des outils informatiques censés vieillir l’image et qui inscrivent le film dans une vague post-moderne de série B où le tout numérique lisse et poli toute aspérité. Visuellement, la suite du métrage est à l’avenant : tirant parti de sa caméra HD, Jay Lee sait éclairer une scène de manière efficace et étalonne ses plans de façon à éviter tout sentiment de vidéo, d’impression de film de vacances qui trop souvent parasitent les petits budgets d’horreur récents. Malheureusement, cette volonté de proposer une image propre gomme l’ambiance supposée oppressante du huis-clos et appuie les faiblesses de l’histoire.
Puisant ses ressorts dramatiques dans des bandes horrifiques des années 80 avec en tête EVIL DEAD (on a connu pire comme référence), Jay Lee enchaîne les mises à mort gore et violente avec un malin plaisir et une certaine inventivité en mêlant CGI et effets à l’ancienne (à ce titre la scène du meurtre « dans la cheminée » est un parfait exemple de maîtrise). Le souci, c’est que tout cela n’intervient que lors de la dernière demi-heure du métrage et que durant une heure, il ne se passe quasiment rien. Enchaînant les stéréotypes de personnages et de situations, THE SLAUGHTER vire rapidement au film de couloir, apparitions supposées faire sursauter comprises. L’écriture est lente, les relations entre personnages tournent court et les enjeux s’émoussent à grande vitesse. Citant dans le dernier tiers de son film Fulci, Romero, Raimi et Craven, Lee parvient à ressusciter l’intérêt émoussé du spectateur en lui offrant un festival d’effets bienvenu et particulièrement réussis. S’inspirant des maîtres sus-cités sans jamais les piller, Lee trouve sa voix et nous permet d’apercevoir ce qu’aurait pu être son film avec une écriture décente. Après tout, c’est là que THE SLAUGHTER pêche, par un script indigent et ennuyeux. Techniquement parlant, Jay Lee connaît sa grammaire mais il devrait en revanche déléguer pour tout ce qui concerne la dramaturgie. En effet, le twist final, prévisible et tellement attendu qu’il en devient indigeste efface le plaisir procuré par les dernières minutes du film.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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