Au sommaire du numéro 37 de Sueurs Froides :
Val Lewton, Nancy Drew, Ulli Lommel, Flower and Snake, Leprechaun, Patrice Herr Sang, Marian Dora.

Commandez en cliquant sur la bannière...

Ou continuez votre lecture avec...

Détour mortel – 2003 – partie de cache-cache en forêt

Un texte signé Faye Fanel

Nationalité
États-Unis, Canada, Allemagne
Année de production

2003
Réalisation

Rob Schmidt
Titres alternatifs

Wrong Turn, Sortie fatale
Interprètes

Eliza Dushku, Desmond Harrington,Emmanuelle Chriqui, Jeremy Sisto

À la fin des années 90, le film d’horreur connaît un regain de popularité grâce à Scream de Wes Craven. Ce succès relance le slasher, un sous-genre alors tombé dans la caricature. Rapidement, le néo-slasher s’impose. Au début des années 2000, les productions de ce type tournent en rond et s’essoufflent, le public devenant de plus en plus difficile à satisfaire. En 2003, les remakes de classiques comme Massacre à la tronçonneuse reviennent à la mode, tout comme le survival. Malgré cela, certains films réussissent à surprendre, comme Haute Tension d’Alexandre Aja. C’est dans ce contexte qu’apparaît Détour mortel, un survival qui suit les tendances tout en parvenant à s’en distinguer.

Détour mortel 07

La recette du succès

L’intrigue de Détour mortel ne brille pas par son originalité : un groupe de jeunes gens se trouve pris au piège dans une forêt après avoir pris un détour. Ils doivent alors échapper à des cannibales. On retrouve les archétypes classiques : le couple amateur de sexe et de drogue, le duo plus sage et pudique, et deux célibataires en crise. Côté antagoniste, le film opte pour une famille de dégénérés consanguins, bien décidée à torturer cette joyeuse troupe. Pas de surprise pour les amateurs connaissant les codes.

Le scénario ne cherche pas à innover. Comme Scream, Détour mortel multiplie les clins d’œil à ses prédécesseurs, notamment Massacre à la tronçonneuse. L’action se déroule dans un coin perdu des États-Unis, dont l’aspect poussiéreux et délabré est souligné par une bande-son country, au cas où le spectateur aurait encore un doute sur le décor. On y ajoute un soupçon de La colline a des yeux, avec des mutants bestiaux. Et pour les moins attentifs, une réplique cite clairement Délivrance. Autre tendance de l’époque : un casting venu de la télévision ou d’autres films d’horreur. On reconnaît Lindy Booth, la secrétaire dans Sydney Fox, l’aventurière. Mais la véritable tête d’affiche, c’est Eliza Dushku. Révélée par son rôle de Faith dans Buffy contre les vampires, elle est en 2003 la star de Tru Calling, série adorée des fans de la Trilogie du samedi. Tout le marketing repose sur elle. Et elle s’implique : elle réalise la plupart de ses cascades et incarne avec conviction une final girl crédible.

Détour mortel 05

La mise en scène s’inscrit elle aussi dans l’hommage. Certaines morts rappellent le style de Carpenter dans Halloween, avec un montage sec et nerveux. Assez explicite pour faire monter la tension, mais sans sombrer dans le gore gratuit. Ce choix fonctionne bien avec le mode opératoire des tueurs. Cachés dans la forêt, ils surgissent brutalement comme dans Predator, pour tuer… puis manger leurs victimes. Le cannibalisme vient compléter le cocktail horrifique. Détour mortel coche toutes les cases du slasher un peu daté. Il frôle parfois le ridicule, notamment dans la scène de la station-service. Le vieux pompiste édenté avertit le héros de ne pas s’engager sur cette route. L’acteur en fait des tonnes, et le plan final, serré sur son visage, semble s’adresser directement au spectateur. Il est prévenu de l’horreur à venir Ce cliché sera d’ailleurs tourné en dérision quelques années plus tard dans La cabane dans les bois.

Malgré son manque d’originalité, le métrage reste divertissant. Il parvient même à tirer son épingle du jeu et à laisser un petit parfum de nostalgie chez ceux qui l’ont découvert à sa sortie.

Détour mortel 03

Une final girl habillée

Le point le plus surprenant de Détour mortel réside dans l’absence quasi totale de sexualité. Certes, on retrouve un couple de fêtards, mais jamais une scène de sexe ne s’affiche à l’écran. Les personnages féminins, quant à eux, échappent à la sur-sexualisation fréquente dans le genre, contrairement à Freddy vs Jason, sorti la même année. Pas de décolletés plongeants, de plans gratuits sur les fesses ou la poitrine. Et franchement, ça fait du bien. Le film préfère se concentrer sur son récit de survie. Même si le groupe se sépare brièvement en trois sous-équipes, ils finissent par se rassembler et affronter ensemble la menace. Celle-ci reste invisible pendant une bonne partie du métrage. Les personnages ne voient pas leurs poursuivants, mais les entendent en permanence. Cette présence sonore alimente une tension paranoïaque. La peur monte lentement, jusqu’à ronger les nerfs des victimes et provoquer des erreurs fatales.

La mise en scène appuie ce point en proposant des plans panoramiques de la forêt et joue sur les attentes du spectateur en se focalisant sur un son ou un mouvement avant de le désamorcer. Malheureusement, ces bonnes idées sont parfois gâchées par des séquences sans finesse, directement copiées sur d’autres films. La scène où une proie est découpée pour le dîner, par exemple, manque cruellement de subtilité. Heureusement, Détour mortel propose aussi des moments de bravoure avec la séquence de la fuite de la tour de guet en sautant d’arbre en arbre. Si les antagonistes sont représentés comme des hommes des cavernes, les proies sont filmées comme des animaux apeurés que l’on piège pour ensuite les manger. Ce retour à la nature oblige les protagonistes à se confronter à leurs peurs, mais surtout à retrouver ce qu’ils avaient perdu : eux-mêmes. C’est en se dépassant et en comprenant leurs erreurs qu’ils pourront s’en sortir.

Détour mortel 02

Dépression et doute

L’horreur permet de parler de nos angoisses les plus profondes. Cela peut être lié à la société, à la technologie ou simplement à son propre esprit. Même si Détour Mortel n’est pas le film le plus profond, il ressort de cette expérience l’impression que les personnages se sont confrontés à ce qui les ronge, la peur de s’engager, la dépression, l’échec, etc. Ils entrent sur le terrain de chasse avec leur propre parcours et leur stress. Tout au long du métrage, chaque personnage aura des choix à accomplir et chaque décision lui permet soit d’avancer, soit de mourir. Le cas des deux protagonistes principaux est intéressant. Chris, confronté à l’échec professionnel, est complètement stressé. Il tente de faire bonne figure et d’être celui qui veut trouver des solutions, mais rapidement, il a du mal à garder ce visage. Il a envie de fuir et de laisser les autres, mais il choisit d’affronter les problèmes, surtout lorsqu’il se lie de plus en plus avec notre final girl Jessie. La jeune femme vit une rupture difficile et elle a sombré dans l’immobilisme et la dépression. Pour l’aider, ses amis ont organisé un week-end. Elle se rend responsable de toute la situation alors qu’elle n’est juste qu’une victime.

Jessie est sans doute le personnage le plus fort du film. Alors qu’elle semblait apathique et vide d’émotions au début, elle révèle une véritable rage de vivre. Elle ne crie pas en attendant qu’on vienne la sauver. Elle agit, elle lutte, elle cherche des solutions. Elle est bien plus qu’un objet de fantasme mais une force de résilience.

Détour mortel 01

Un bon plaisir pas coupable

Sans rien inventer, Détour mortel reste un bon divertissement plutôt rafraîchissant lorsqu’on le compare à ses contemporains. Il est dommage que ses bonnes idées soient abandonnées dans ses suites qui retrouvent le côté sexualisé à outrance et se noie dans les clichés et références. Ce début de saga reste de qualité et se suffit amplement à lui-même. Une bonne petite madeleine à déguster sans modération.


TEST DU BLU-RAY/DVD


Détour Mortel est accompagné de nombreux bonus. On trouve les fameux reportages promotionnels de l'époque ainsi que des commentaires et entretiens avec l'équipe.

les +
Des bonus qui sentent bon la nostalgie

Les moins:
Ne prend pas de risque et se contente de ce qui avait été réalisé pour l'édition DVD.

=> Achetez chez notre partenaire Metaluna

=> Spécificités du DVD/Bluray sur le site de Sin'Art


Cher lecteur, nous avons besoin de votre retour. Au choix :
=> Pour enrichir l'article, laissez un commentaire en bas de la page.
=> Pour rester en contact, abonnez-vous à la newsletter.
=> Pour soutenir financièrement notre éditeur Sin'Art, faites un don de 5, 10 ou 15 euros.
=>Vous pouvez aquérir aussi pour 8,80 € le n°37 de Sueurs Froides au format papier

Vous appréciez notre travail, c’est important pour nous motiver à continuer. Merci !


Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons :

=> L’Amie Mortelle

=> Haute Tension (2003) – Horreur à la française


BANDE ANNONCE :

Article rédigé par Faye Fanel

Ses films préférés - Chantons sous la pluie, The Thing, La maison du diable, Evil Dead 2, Fire walk with me... Ses auteurs préférés - JRR Tolkien, Stephen King, Amélie Nothomb, Lovecraft, Agatha Christie... J’adore le cinéma d’horreur et parler de mes nombreuses passions dans mes podcasts sur James & Faye ainsi que sur le site Les Réfracteurs.