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Le Horla de Maupassant est peut-être la nouvelle fantastique française la plus célèbre. Elle s’inscrit dans cette veine créatrice gothique qui a marqué la fin du XIXᵉ siècle. Pour autant, l’adapter en pièce de théâtre peut sembler ambitieux.
En proie à d’étranges phénomènes, un homme devient progressivement obsédé par une mystérieuse présence. Jusqu’où cela le mènera-t-il ?
Un chef-d’œuvre de Maupassant qui nous emporte dans les méandres de l’âme humaine. Hallucinations, hypnose, cauchemars… autant d’étapes incontournables pour cet homme aux prises avec ses interrogations et ses démons.
Ce n’est pas la première fois que Frédéric Gray s’attelle à l’adaptation d’œuvres fantastiques considérées comme des classiques de la littérature. Il s’était déjà attaqué à Le Portrait de Dorian Gray ainsi qu’à Frankenstein avec Mademoiselle Frankenstein. La différence, néanmoins, réside dans le fait que Le Horla est un texte relativement court en comparaison des deux précédemment cités et, surtout, qu’il suit un unique personnage évoquant, à travers son journal, sa plongée dans la folie.
Guillaume Blanchard, qui a fait ses débuts dans des courts-métrages et publicités avant de s’orienter vers le théâtre dramatique, donne vie et corps à ce personnage obsessionnel. De la diction, complexe en raison du vocabulaire et des effets de style propres à Guy de Maupassant – auteur exceptionnel mais issu d’une époque au langage très distinct du nôtre – à la difficulté d’interpréter les tourments intérieurs, la barre était haute. Mais le comédien la relève brillamment, s’exposant aux regards des spectateurs dans un décor minimaliste.
À ses côtés, Olivier Troyon, récompensé d’un P’tit Molière du Meilleur Comédien dans un second rôle pour son interprétation de plusieurs personnages dans Hoc ou le nez d’après Gogol, occupe ici une double casquette : celle d’assistant metteur en scène et de comédien. Tantôt apportant les accessoires, tantôt incarnant un personnage avec lequel le narrateur interagit, il enrichit l’atmosphère pesante par un simple jeu d’expressions. Sa voix grave apporte également une touche marquante, notamment dans l’épisode au Mont-Saint-Michel.
Un fond noir, quelques cadres suspendus, des rideaux sombres et un jeu de lumières accompagnés d’une poignée d’accessoires donnent vie aux récits partagés par le narrateur, héros tourmenté de la pièce. L’esthétique avant-gardiste fonctionne assez bien. L’évocation de certains éléments repose sur des effets de lumière et, parfois, sur l’utilisation d’une machine à fumée. Malgré l’économie d’effets, l’atmosphère est efficacement suscitée. “Less is more”, n’est-ce pas ce que l’on dit en matière d’art ?
À cela s’ajoute le travail sonore. Les amateurs de séries horrifiques reconnaîtront quelques notes inspirées de American Horror Story, mais dans l’ensemble, la musique reste relativement discrète et peu présente. En revanche, les effets sonores sont omniprésents : murmures, échos, résonances… tout concourt à faire frissonner le public. Comme pour les lumières, la mise en scène de Frédéric Gray mise sur le minimum d’effets pour un maximum d’impact.
Il semblerait d’ailleurs que le public, tout comme les critiques, soit conquis, à en juger par les retours positifs entourant la pièce. Les longs applaudissements qui accompagnent le salut des comédiens en témoignent.
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Article rédigé par Sophie Schweitzer
Ses films préférés - Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà - Ses auteurs préférés - Oscar Wilde, Sheridan LeFanu, Richard Mattheson, Stephen King et Poppy Z Brite