Vermines (2023) – Banlieues rouges
Après trois courts-métrages, Sébastien Vanicek passe au format long avec ce VERMINES qui s’inscrit dans la tradition des agressions animales. Etant donné le caractère très répandu de l’arachnophobie, guère étonnant que les « monstres à huit pattes » aient autant inspirés le 7ème art. Parfois gigantesques (L’INVASION DES ARAIGNEES GEANTES, SPIDERS, BIG ASS SPIDER, ARAK ATTACK), parfois guest-stars générant le frisson (HARRY POTTER, L’AU-DELA), parfois instrument mortel (KISS OF THE TARANTULA, SPIDER WOMAN STRIKE BACK), les arachnides de taille « normale » sont également apparues dans quelques productions d’épouvante. La plus réussie reste certainement L’HORRIBLE INVASION de John Bud Cardos, suivi par le très efficace ARACHNOPHOBIE et le plaisant téléfilm TARANTULAS, LE CARGO DE LA MORT. Moins présente ces dernières années (exceptées dans des productions assez miteuses à la CAMEL SPIDERS ou ICE SPIDERS), les araignées amorcent leur retour dans VERMINES et le canadien STING.
Produit en France, VERMINES situe son intrigue dans une banlieue pourrie typique du pays, peuplée de cailleras plus ou moins sympas. Théo Christine (SUPREME) joue le héros, Kaleb, qui vit en compagnie de sa sœur Manon (Lysa Nyarko) dans un modeste appartement au cœur d’une cité HLM où vivote tout un petit monde, entre combines et menus larcins. Kaleb fait donc commerce de diverses denrées et autres produits indispensables dans la cité (comme des Nike). Mais sa véritable passion ce sont les bestioles en tout genre, surtout exotiques façon Nouveaux Animaux de Compagnie. Or, un jour, il acquiert une redoutable araignée qu’il place dans une boite à chaussure. Evidemment, l’animal s’échappe et se multiplie…
Une des réussites du métrage consiste à utiliser à bon escient le décor des « arènes de Picasso », un immeuble des années ’80 à l’architecture singulière située à Noisy le Grand. Le cinéaste l’explore avec réussite et donne une certaine ampleur à l’intrigue, filmée en Scope pour quatre millions d’euros (un financement en partie assuré par Netflix). Il utilise également avec brio les espaces confinés comme les sous-sols et autres couloirs obscurs. La meilleure séquence de VERMINES reste d’ailleurs celle au cours de laquelle une poignée de protagonistes tentent de traverser un corridor couvert de toiles d’araignées…ces dernières n’étant repoussées que par la lumière le suspense joue sur le minuteur et les instants précédents le retour des ténèbres. Les bestioles en elles-mêmes sont très réussies (images de synthèses, animatroniques et véritables araignées se combinent harmonieusement) et permettent quelques moments d’angoisse réelle.
Si l’aspect « épouvante » fonctionne de belle manière, il est malheureusement confiné au dernier tiers du récit. Le reste tient surtout du drame social avec des personnages caricaturaux (le héros débrouillard sympa, le pote d’enfance, le voisin surarmé, etc.) et ses flics forcément tous des brutes stupides venant semer la discorde dans la banlieue. On ajoutera une interprétation pas toujours crédible et une volonté d’abuser des dialogues en « wesh » peu articulés. A ce propos l’activation des sous-titres pour malentendants peut s’avérer salvateur même si une option « traduction en français » n’aurait pas été de refus pour comprendre leur baragouinage banlieusard. Un autre problème réside dans la bande originale composé d’un bruit infâme (pardon de rap urbain français) balancé à haute dose et qui pourra sembler insupportable aux allergiques de ce style de…euh…musique.
VERMINES se révèle donc un métrage en demi-teinte, avec quelques bons moments de suspense perdu dans une œuvrette trop portée sur le social manichéen (tendance gaucho forcément) pour réellement fonctionner au-delà de son public cible de djeuns des quartiers amateurs de grosses bestioles et de rap. Dans un genre proche on peut lui préférer ATTACK THE BLOCK.