Un texte signé Cédric Bourgeois

Espagne - 2006 - Jaume Balaguero
Titres alternatifs : Para entrar a vivir
Interprètes : Macarena Gomez, Adria Collado, Nuria Gonzales

review

A Louer

PARA ENTRAR A VIVIR est le dernier film de Jaume Balaguero, cinéaste espagnol, très en vogue depuis son terrifiant et remarquable LOS SIN NOMBRE. Film dernier-né donc, qui est issu de la collection Peliculas Para no Dormir, à l’origine une série de téléfilms d’horreur et suspense, destinée au petit écran espagnol dans les années soixante. Son créateur, Serrador, tient à prouver qu’en Europe nous avons aussi nos Masters of horror et remet donc au goût du jour ces films qui vous empêcheront de dormir (traduction littérale de la collection).
L’histoire commence dans un immeuble lugubre où l’on découvre une jeune demoiselle totalement paniquée. Elle marche à pas de loup dans le sinistre couloir d’un bâtiment tout aussi sinistre. Ces premières minutes, assez classiques d’un point de vue narratif mais toutefois oppressantes, rappellent l’oeuvre du cinéaste et bizarrement ça commence à devenir jouissif. On quitte le bâtiment pour une présentation des nouvelles victimes, à savoir un jeune couple (Macarena Gomez, Adria Collado) dont la jolie demoiselle attend un heureux événement. Cette présentation commence par une scène dans une voiture relativement banale. On entre là dans l’intimité des personnages et on apprend surtout que le couple cherche à s’installer dans un nouvel appartement. Et comme par hasard, le bon vieux mari va convaincre sa chère concubine, pas très en forme, d’aller visiter un appartement situé “je ne sais où”. La manière qu’a le mari d’insister sur cette visite, rappelle inévitablement LOS SIN NOMBRE et la roublardise malsaine du conjoint de l’héroïne Claudia. Ainsi, on commence déjà à se dire “ouais, déjà vu”. Toutefois, comme il est agréable d’être surpris autant continuer à se laisser entraîner. La jeune fille décide de se reposer pendant le trajet et la pluie commence à tomber. Ellipse et l’on se retrouve dans une banlieue déserte au milieu de nulle part. Là se dresse l’unique bâtisse, et piège, qui attend les protagonistes. La voiture garée, la jeune fille se réveille et commence à s’énerver contre son conjoint en lui annonçant que jamais elle ne mettra les pieds dans un endroit pareil. Mais le diable (Nuria Gonzales) sort de sa boîte et toque à la fenêtre. La visite peut commencer, le survival aussi. Oui, le segment de Balaguero d’une durée d’environ une heure, est un pur survival dans lequel un jeune couple va être confronté à un sérial killer (ou plusieurs ?!!) assez spécial et, encore pire, être coincé dans un immeuble. Comme à son habitude, le cinéaste ne fait pas dans la dentelle et au niveau de l’horreur, les affamés du genre vont être gâtés. On se souviendra d’une scène particulièrement dégoûtante. Le bourreau cherche à récupérer ses lunettes tombées dans l’évier, plonge la main dans le broyeur et va (inévitablement) sentir passer la douleur. A LOUER devient intéressant, précisément au moment où les rôles du chat et de la souris s’inversent (malheureusement pas assez) et que tout le monde commence vraiment à être énervé. Le carnage s’amplifie en même temps que la paranoïa et la claustrophobie. De nouveaux personnages font leur apparition et comme à l’accoutumée chez le cinéaste, certaines victimes ne sont pas toujours celles que l’on croit. Rien d’exceptionnel toutefois, car le film se veut plus comme un exercice de style qui n’a qu’un but : faire peur. Pari réussi même si l’on pouvait attendre de l’auteur plus d’épaisseur dans son histoire. En effet, pour la première fois, les thèmes récurrents dans son cinéma, à savoir l’enfance (FRAGILE), l’innocence corrompue (LOS SIN NOMBRE), la peur du noir (DARKNESS) ainsi que la peur du fascisme sont totalement absents du segment. Regrettable mais pardonnable car c’est toujours une joie de découvrir une production du cinéaste.
Pour conclure, si PARA ENTRAR A VIVIR ne restera pas dans les annales du genre, on peut toutefois saluer toute l’équipe de Filmax (la société de production) pour sa volonté et son courage de continuer à faire exister le genre à travers d’autres formats. Et concernant Balaguero, on attend avec impatience son prochain film, REC, dont on peut déjà voir la bande-annonce flippante sur la toile.


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- Article rédigé par : Cédric Bourgeois

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