Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Italie - 2006 - Eros Puglielli
Interprètes : Emiliano Reggente, Girogi Albertazzi, Alda Alvigni, Marco Bonini

indie-eye

AD Project

Petit film signé par Eros Puglielli, auteur d’un neo-giallo remarqué (EYES OF CRYSTAL) dont Sueurs Froides vous disait le plus grand bien dans son numéro 29, A.D. PROJECT est à coup sûr une œuvre intéressante et atypique. L’intrigue tourne autour d’une poignée de personnages originaux et bien typés : un acteur au chômage en quête du rôle qui le fera sortir de l’anonymat, sa copine frustrée et un mec plutôt sympa et serviable même s’il est webmaster d’un site porno. L’intrigue en elle-même est, par contre, particulièrement complexe, voire confuse et il est souvent difficile de comprendre où Puglielli veut nous mener. Une organisation secrète, des conspirations, des activités extraterrestres, des boucles temporelles… A.D. Project semble marcher sur les traces des X-Files mais alors revisités par des paradoxes que l’on peut qualifier de “Lynchiens”. La seule comparaison possible, au niveau de l’atmosphère et des thèmes serait l’excellent DONNIE DARKO mais ce dernier semble, finalement, un modèle de limpidité comparé au métrage ici proposé.
Plus que la cohérence de l’intrigue, c’est une suite de passages étranges qui retient l’attention. Dans l’un des plus bizarres, l’héroïne, Elena, allongée sur le divan de son psychanalyste, affirme être en train de faire l’amour dans une voiture. Bien sûr, le psy lui affirme qu’il s’agit simplement d’un fantasme mais la jeune femme ouvre la main et lâche… La clé de contact du véhicule. Lorsque le psy demande à Elena où elle se trouve, celle-ci répond “je suis derrière vous”… Et, évidemment, elle apparaît derrière le psy pour lui dire “on se revoit la semaine prochaine”.
Tout A.D. PROJECT est traversé de semblables dérèglements du continuum spatio-temporel (oulà! Ça se complique ! Mr Spock, pouvez-vous m’expliquer le tout avec des mots simples ?) et de dérapages de la réalité, sans que l’on comprenne très bien où Eros Puglielli désire nous mener. Le film aligne un gardien énigmatique, une entrée (mais vers où ?), beaucoup de mystères et, en définitive, plus de questions que de réponses.
Au niveau de la mise en scène, A.D. PROJECT possède une certaine classe et utilise quelques effets attractifs, même s’ils paraissent parfois assez “modes”. Photographie nocturne bleutée, séquences vues à travers l’objectif d’un camescope, lampe de poche trouant la nuit, etc… Le début du métrage adopte une esthétique parfois proche, là encore, des normes édictées par X-Files.
Puglielli nous propose donc une œuvre originale, bien interprétée et parsemée de quelques traces d’humour (grâce, en particulier, au webmaster porno), même si il est parfois difficile de ne pas décrocher de son intrigue labyrinthique.
En résumé, A.D. PROJECT est un métrage étrange, à la fois fascinant et obscur, qui s’apparente à une sorte d’expérience envoûtante, pas nécessairement plaisante, mais en tout cas intéressante à suivre. A voir de préférence à tête reposée !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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