Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 2007 - Uwe Boll
Interprètes : Natassia Malthe, Zack Ward, Chris Coppola, Michael Paré, Chris Spencer, Brendan Fletcher

review

Bloodrayne 2: Deliverance

Est il vraiment possible de rater complètement un film dont les trois ingrédients principaux sont des cow-boys, des vampires et une jolie fille en vêtement sexy? Non sans doute et BLOODRAYNE 2 est donc plutôt agréable à suivre. Il s’agit de la nouvelle réalisation de Uwe Boll, un cinéaste devenu légendaire pour la haine que lui voue une frange non négligeable du public qui classent régulièrement ses films parmi les plus mauvais de tous les temps. On le compare même à Ed Wood mais, pourtant, Uwe Boll montre une certaine application dans sa mise en scène qui l’éloigne radicalement de l’auteur de PLAN 9 FROM OUTER SPACE. Certes, il est loin d’être un grand metteur en scène et on le qualifierait plutôt d’artisan besogneux ou de sympathique faiseur mais, au moins, ses métrages peuvent ils se savourer agréablement. HOUSE OF THE DEAD et le premier BLOODRAYNE, en dépit de critiques assassines tenant plus de l’acharnement gratuit que de l’objectivité (sans compter les attaques personnelles et les menaces de mort “pour rire”), étaient amusants et ce BLOODRAYNE 2 l’est également.
Uwe Boll, cette fois, transpose l’action dans une petite ville du Far West, Delivrance, où vient de s’installer un plumitif en quête de récits croustillant sur l’Ouest Sauvage. Mais la petite ville est bien tranquille, du moins jusqu’à l’arrivée de Billy le Kid et sa bande de hors la loi. Or, ce que les livres d’Histoire n’ont pas mentionné, c’est la nature réelle du Kid et des ses séides: ce sont des vampires sanguinaires qui laissent derrière eux une piste sanglante de cadavres retrouvés la gorge tranchée. Blade…pardon…Rayne, belle demoiselle mi-vampire mi-humaine va donc venir faire parler la poudre, additionnée d’ail et d’eau bénite, afin de délivrer la bourgade de l’emprise du Kid.
Avec son intrigue simpliste et ses rebondissements attendus, BLOODRAYNE 2 parvient néanmoins à distraire le public, le mélange entre l’horreur et le western étant assez bien orchestré. L’idée générale du métrage semble de se rapprocher du style italien en privilégiant une lente montée de l’action, une tension larvée et de nombreux très gros plans des visages des acteurs. Et, globalement, Uwe Boll parvient à son but en proposant une mise en scène travaillée (contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, le bonhomme essaie de donner un certain cachet à ses films – même si il n’y parvient pas toujours) et efficace. La musique, typiquement inspirée par le western spaghetti, s’avère elle aussi plutôt réussie et participe pleinement à l’atmosphère du métrage.
Le mélange western et horreur étant relativement rare (citons UNE NUIT EN ENFER 3, PURGATORY ou encore SUNDOWN) le métrage s’avère rafraîchissant même si son concept de départ reste finalement sous-exploités. Quelques scènes inutiles ou de peu d’intérêt (la partie de Poker) voisinent avec d’autres beaucoup plus sympathiques comme les fusillades du final. L’humour est lui aussi de la partie, via quelques répliques amusantes et, surtout, grâce à la présence d’un savoureux prédicateur dont le discours enflammé (un peu longuet) constitue un grand moment de second degré.
Niveau déception, citons le casting beaucoup moins prestigieux que celui du métrage originale. La nouvelle Rayne, Natassia Malthe, est une quasi inconnue vue dernièrement dans l’adaptation du jeu vidéo DEAD OR ALIVE et, à ses côtés, on retrouve le vétéran Michael Paré (que les plus anciens lecteurs ont sûrement vu dans de petits “classiques” des années 80 comme PHILADELPHIA EXPERIMENT et LES RUES DE FEU) déjà présent dans BLOODRAYNE mais dans un rôle différent. Le reste du casting est surtout composé d’inconnus, une déception par rapport au premier film qui comptait Ben Kingsley, Géraldine Chaplin, Michael Madsen, Udo Kier, Meatloaf, etc. Mais, d’un autre côté, on ne peut pas dire que les acteurs précités s’étaient montrés à leur avantage dans BLOODRAYNE.
Autre souci, beaucoup plus grave: la frilosité des effets gore. BLOODRAYNE était une vraie boucherie mais cette séquelle, par contre, se veut grand public et limite au maximum les séquences sanglantes et la nudité. Dommage.
Mais, dans l’ensemble, BLOODRAYNE 2 remplit son contrat. Avec des ambitions revues à la baisse (l’original se voulait une superproduction épique, cette suite se ramène aux modestes proportions d’un direct to vidéo), Uwe Boll ne cherche pas à offrir le chef d’œuvre du siècle mais simplement à divertir le spectateur. C’est déjà ça, en attendant l’inévitable et déjà confirmé BLOODRAYNE 3 !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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