Un texte signé Philippe Chouvel

Italie - 1977 - Umberto Lenzi
Titres alternatifs : Il cinico l'infame il violento
Interprètes : Maurizio Merli, Tomas Milian, John Saxon, Renzo Palmer, Gabriella Lepori, Bruno Corazzari

retrospective

Le cynique, l’infâme, le violent

Après des années de bons et loyaux services, le commissaire Leonardo Tanzi a démissionné et mène depuis six mois une carrière d’écrivain de polars. Hélas pour lui, cette nouvelle vie risque d’être de courte durée lorsqu’il apprend l’évasion de Luigi Maietto, dit le Chinois, que le policier avait fait mettre en prison. Menacé de mort, Tanzi est convié par Astalli, son successeur, de se mettre au vert. Mais l’ex-policier ne compte pas se tourner les pouces et il décide de mener sa propre enquête. Il apprend que Maietto s’est associé avec Frank Di Maggio, un criminel de grande envergure disposant d’appuis solides. Cette alliance risque de mettre très vite la ville de Rome à feu et à sang. Tanzi sort donc de sa retraite avec une stratégie consistant à semer la discorde entre ses deux ennemis.
LE CYNIQUE, L’INFAME, LE VIOLENT marque le retour du personnage du commissaire Tanzi après BRIGADE SPECIALE (ROMA A MANO ARMATA), réalisé quelques mois plus tôt par Umberto Lenzi. Le metteur en scène, connu pour ses gialli, tourna également bon nombre de poliziotteschi, et l’on peut dire que celui-ci compte parmi les meilleurs de son auteur, au même titre que LA RANCON DE LA PEUR et OPERATION CASSEUR (NAPOLI VIOLENTA).
Une fois encore, Umberto Lenzi fait appel à un acteur habitué des polars : le blond et moustachu Maurizio Merli. Dans les années 70, l’acteur écume les rôles de flics intrépides et incontrôlables dans des films de Marino Girolami, Stelvio Massi et donc Umberto Lenzi, qui l’emploie pour la première fois dans BRIGADE SPECIALE, et fera encore appel à lui dans CORLEONE A BROOKLYN en 1979. Dix ans plus tard, Merli meurt d’un infarctus du myocarde à l’âge de quarante-neuf ans. Dans LE CYNIQUE, L’INFAME, LE VIOLENT, Maurizio Merli est entouré d’une belle brochette d’acteurs, avec en tête de liste Tomas Milian et John Saxon. Le premier, toujours en activité, débuta sa carrière avec des auteurs chevronnés tels Mauro Bolognini et Alberto Lattuada, avant de bifurquer vers un cinéma plus populaire. Il va tourner pour Sergio Sollima dans COLORADO, en 1966 au côté de Lee Van Cleef, et deviendra une figure récurrente du western italien à consonance politique (LE DERNIER FACE A FACE, COMPANEROS). Ce qui ne l’empêchera pas de revenir épisodiquement au cinéma d’auteur (IDENTIFICATION D’UNE FEMME) tout en confirmant son talent dans d’autres genres, que ce soit le giallo ou la comédie policière.
S’il est indéniablement le « cynique » du titre, et Maurizio Merli le « violent », le rôle de « l’infâme » revient de ce fait à John Saxon, une appellation grandement justifiée lorsque, dans une scène d’anthologie, on le voit effectuer nonchalamment des swings avec son club de golf sur un homme attaché qui a eu la mauvaise idée de trahir sa confiance. Le visage martyrisé par l’impact des balles de golf, la victime sera ensuite achevée par les chiens du mafieux. En truand implacable, l’acteur américain fait merveille. A l’instar de ses partenaires Milian et Lenzi, John Saxon a tourné dans moult poliziotteschi. Il a aussi une très belle carrière derrière lui, et l’on se souvient de ses prestations dans quelques œuvres incontournables comme LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP, OPERATION DRAGON ou encore TENEBRES. Tout comme Tomas Milian, John Saxon poursuit toujours sa carrière d’acteur à ce jour.
Pour accompagner ce brelan d’as, Umberto Lenzi gratifie le spectateur de quelques « valets » tout aussi irréprochables, des seconds couteaux du cinéma-bis tels Renzo Palmer (BIG RACKET), Claudio Undari (SHANGAÏ JOE) et Bruno Corazzari (L’HOMME SANS MEMOIRE). Comme souvent dans les polars violents, les rôles féminins n’ont pas la part belle, et dans LE CYNIQUE, L’INFAME, LE VIOLENT il faudra se contenter de la présence de la jolie Gabriella Lepori, aperçue dans pas mal de films policiers et dans des sexy-comédies.
Produit par Lucio Martino, LE CYNIQUE, L’INFAME, LE VIOLENT bénéficie également d’un score nerveux et entêtant dû à Franco Micalizzi, une partition musicale de haute volée pour un film qui ne compte pas le moindre temps mort, Depuis l’ouverture montrant la ville de Rome en proie à l’insécurité jusqu’au final voyant s’affronter les principaux protagonistes de l’histoire, on ne s’ennuie pas une seconde. Maurizio Merli aligne les coups de poings en séries pendant que ses adversaires multiplient les coups fourrés. L’action est omniprésente et variée, oscillant entre des situations classiques du genre (poursuites, règlements de comptes…) et d’autres plus inattendues, comme ce braquage dans un immeuble appartenant à Di Maggio, pour lequel Tanzi s’associe à un ancien architecte afin de déjouer les systèmes de sécurité élaborés parsemant le complexe.
Par conséquent, on comprend facilement, après avoir vu LE CYNIQUE, L’INFAME, LE VIOLENT, pourquoi le film d’Umberto Lenzi jouit d’une bonne réputation et figure de ce fait parmi les très bons polars tournés en Italie à cette époque.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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