Un texte signé Jean-Sébastien Gaboury

Grande-Bretagne - 2005 - Jake West
Interprètes : Chris Adamson, Emily Booth, Sam Butler, Tree Carr, Tim Clark

review

Evil Aliens

Sur une île anglaise, des témoins ont observé de drôles de mouvements dans le ciel. Les médias ne peuvent pas rester insensibles à ce phénomène et voilà qu’ils dépêchent une équipe de bras cassés.
Récemment, le cinéma fantastique anglais est sorti de la léthargie et commence à produire de nouveaux films des plus intéressants. Evil aliens de Jake West fait plus ou moins partie de ce courant. En effet, le film se dirige vers un genre moyennement intéressant : la parodie. Dès le prologue, le ton est donné. Un couple fornique avec frénésie entre les ruines. Sans le savoir, ils sont observés par de biens étranges voyeurs venus de l’espace. Ni une ni deux, ils sont enlevés et emmenés dans le vaisseau spatial. Là, ils vont en prendre pour leur matricule. Lui est couché nu sur le ventre tandis qu’une des créatures lui enfonce un godemiché vrillant à grande vitesse. Le réalisateur se la joue complaisant avec cadrage sur l’anus perforé d’où ressort une bouillie rougeâtre. Avec une telle introduction (!), Evil aliens montre sans détour son véritable visage : du gore et encore du gore ! Car le jeune réalisateur, responsable de ce forfait sanglant, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Le spectateur en prend plein les yeux dans cet affrontement entre humains et extraterrestres. Ceux d’Evil aliens ne sont pas les descendants d’ET ou du Météore de la nuit et montrent une certaine dextérité dans l’équarrissage. Après une première demi-heure un peu longue, les choses sérieuses commencent. Un corbeau, les tripes à l’air, est découvert crucifié. On le croit mort mais subitement il commence à beugler comme un forcené. Plus tard, trois débiles provoquent les monstres dévorant leur cheptel de vaches. Belle séquence au relent de western. Tout le monde se prépare pour le duel. On arme son fusil à pompe, on allume (avec difficulté !) sa tronçonneuse et on aiguise les armes blanches. Outre les animaux dépecés, certains protagonistes vont passer un sale quart d’heure. Eventration, amputations, décapitation,… on se régale de ces moments. La lande est jonchée de cadavres en tout genre et c’est un gigantesque puzzle de membres humains auquel nous convie Evil aliens. Décidément, les scénaristes s’en sont donnés à cœur joie : une femme voit son ventre ouvert dans lequel on glisse un bébé alien très vindicatif. En fait d’accouchement, la femme devient à son tour une extraterrestre avide de violence et de sang (scène bien gore où elle arrache sans ménagement la peau de son visage). Si le sang est l’un des piliers du film, l’humour est aussi un ressort principal. L’ensemble n’est pas d’une grande finesse. Le groupe d’ufologues est un condensé de clichés excessifs. On rencontre la présentatrice nymphomane, l’homosexuel (sa mort est affreuse : une croix plantée dans le rectum dont l’extrémité ressort par la bouche. Chacun son tour d’être crucifié !), l’intello pustuleux (il presse sur ses boutons d’acné pour laisser échapper un liquide visqueux répugnant), le gros bourrin prêt à en découdre et la bimbo stupide (qui se révélera être une guerrière farouche et déterminée forçant l’admiration d’un plouc survivant) sans oublier les crétins ruraux, concentrés de bêtises à eux seuls ! Avec ce jardin de personnalités, difficile de cultiver une histoire sérieuse. Si au début, le style avait tendance à agacer, des gags font finalement mouche. L’intello et passionné de soucoupes volantes visite le vaisseau. Tout à coup, il tombe nez à nez avec une belle extraterrestre aux formes généreuses. Elle l’empoigne et commence à se déshabiller (quelle générosité pulmonaire venue de l’espace !). Là, il comprend avec plaisir ce qui lui arrive mais la prévient : c’est sa première fois donc doucement ! Tu parles, elle le chevauche avec une telle frénésie qu’il en ressort sur les rotules. Evil aliens n’est pas destiné au circuit des cinémas art et essai et doit s’apprécier comme un film d’horreur distrayant et sans autre ambition. C’est là son seul et unique but.


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- Article rédigé par : Jean-Sébastien Gaboury

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