Un texte signé Philippe Delvaux

Japon - 2018 - Mari Okada

BIFFF 2018review

Maquia : when the Promised Flower Blooms

Issue du peuple Iolph qui cesse de vieillir au milieu de l’adolescence, et vit de tissu entrelaçant des sentiments (une jolie idée… quoique peu exploitée), Maquia qui n’a plus parents passe des journées aussi paisibles que solitaires. Mais la tranquillité des Iolphs s’éteint lors d’une brutale incursion des dragons royaux, semant chaos et destruction sur leur passage, cherchant le secret de l’immortalité. Leilia, la matriarche du clan, est enlevée et les Iolphs dispersés. Ayant tout perdu, Maquia recueille Erial (ou « Ariel » dans la version que nous avons vue au BIFFF), un bébé humain récemment orphelin. Leur relation évoluera au fil du temps, à mesure qu’Erial grandit tandis que Maquia reste figée dans sa jeunesse éternelle.

MAQUIA a été présenté en seconde clôture du 36e BIFFF 2018. En France, une sortie salle est prévue en 2018, sous l’égide du distributeur @anime.

MAQUIA déploie une fresque familiale sous l’angle de l’intime et l’insère dans un univers géopolitique riche.

Maria Okada, par ailleurs scénariste chevronnée, sait y faire pour tisser (c’est le cas de le dire) ses histoires. Par petites touches successives, les protagonistes sont parfaitement brossés et s’éloignent des coquilles creuses qui encombrent bien souvent trop de mangas. Cette pleine incarnation des personnages et de leurs interactions est d’ailleurs au cœur même de tout mélodrame.

En terme d’animation pure, MAQUIA reste un chouïa en dessous des toutes grosses productions de l’anime japonais : le design des personnages principaux, l’animation du décors ou des figurants sont donc parfois légèrement simplifiés. Mais attention, on reste quand même bien au-dessus de la plupart des OAV. Et le tout est compensé non seulement par l’excellence et la finesse du scénario mais aussi par une le direction artistique qui fait la part belle à de superbes décors, foisonnants et colorés. Les artistes ont clairement cherché à faire vivre le cadre où s’ébroue tout ce beau monde.

Cet univers ne bousculera certes pas les habitués de Miyazaki avec son personnage féminin au premier plan, ou sa peinture des villes et des campagnes. Son univers d’heroic fantasy n’est pas non plus sans évoquer tant le TERREMER de Goro Myazaki, que le VOYAGE VERS AGARTHA. Mais le référentiel n’est pas pesant dès lors qu’on le contrebalance par la finesse et la richesse du scénario.

L’elfe (les « Iolph ») éternellement jeune permet de justifier scénaristiquement la figure de Lolita décidément culturellement incontournable au Japon. Et ici utilisée à bon escient puisqu’elle permet la relation entre un personnage figé dans sa jeunesse et ses proches qu’elle voit grandir, vieillir et s’éteindre. Mais cet enjeu reste finement circonscris au cadre familial, dans le rapport entre une mère et son fils adoptif.

MAQUIA exigera beaucoup de vos glandes lacrymales, mais sans pesanteur aucune : l’émotion pointe naturellement, amenée avec justesse.

MAQUIA est la première réalisation de long métrage de Mari Okada, déjà connue sous nos latitudes pour son scénario de JUN, LA VOIX DU CŒUR passé à Annecy 2016 ou Anima 2017.

Au final, nanti de superbes décors, d’une mise en scène tout en justesse au profit d’un scénario à niveau humain, Maquia s’impose comme un anime à découvrir de toute urgence.


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare


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