Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

France - 1983 - Michel Jean
Titres alternatifs : French Satisfaction, Satisfaction à la française
Interprètes : Richard Allan, Alban Ceray, Olivier Mathot, Elisabeth Buré

retrospective

Hôtesses très spéciales

Réalisé en 1983 par Michel Caputo (sous un de ses pseudonymes coutumiers, à savoir Michel Jean), HOTESSES TRES SPECIALES (alias SATISFACTION A LA FRANCAISE ou, avec l’accent siouplait, FRENCH SATISFACTION) date des dernières heures du cinéma porno franchouillard mais ne peut pour autant prétendre être un classique du genre.

L’intrigue, reprenant les personnages de DIAMOND BABY, tourné la même année par la même équipe, repose sur un argument très classique de polar. Alban Ceray est un escroc nommé Laurent Mercier, récemment sorti de prison, que traque un policier joué par Richard Allan et un de ses collègues ripoux, à la poursuite du magot de Mercier. Trahison, butin planqué, trafic de diamants, policier corrompu,…Michel Jean aligne les lieux communs du polar le plus ringard en interrompant régulièrement la mince intrigue par une courte et peu émoustillante scène chaude.

Au niveau des actrices, on note une série de starlettes du X français des seventies mais peu de visages (ou de corps) connus. Citons ainsi Diane Dubois, plus vraiment une jeunette, dont ce fut le dernier film et qui participa à près de quarante longs-métrages en cinq ans. Elisabeth Buré, jouant ici un rôle secondaire de prostituée, eut une carrière similaire et enchaîna pour sa part plus de soixante « hard » en une petite dizaine d’années, dont on retiendra essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, quelques films de Burd Tranbaree comme LES BAS DE SOIE NOIRE et INITIATION D’UNE FEMME MARIEE. Bref, pas vraiment des vedettes du X mais des femmes d’ailleurs plutôt quelconque physiquement et loin de dégager la sensualité de Marylin Jess ou Brigitte Lahaie.
Au niveau des interprètes masculin, l’amateur ne sera sans doute pas surpris de retrouver les inévitables Alban Ceray et Richard Allan, vétérans infatigables du porno à la filmographie littéralement hallucinante (plus de 150 titres chacun !). Les deux comédiens assurent le boulot mais ne paraissent pas plus motivé que ça, donnant un côté très routinier à cette entreprise très machinale.

Dans un rôle soft (autrement dit n’impliquant aucune scène sexuelle), l’amateur de série B reconnaîtra encore Olivier Mathot, lequel joue un directeur de prison. Elégant, cet éternel espoir – ou désespoir – du cinéma français (né en 1924), tourna dans de nombreux films, alternant participations anecdotiques à de « grandes » productions (SI VERSAILLES M’ETAIT CONTE, HIBERNATUS,…) ou premier rôle dans des titres sans intérêt. On le retrouve finalement dans des westerns spaghetti, des tas de pornos et, surtout, des nanars bien goûtus comme TERREUR CANNIBALE, MONDO CANNIBAL, REVENGE IN THE HOUSE OF USHER, L’EMPRISE DES CANNIBALES ou les nazi-exploitations de Eurociné comme ELSA FRAULEIN S.S., TRAIN SPECIAL POUR HITLER et HELGA LA LOUVE DE STILBERG. Bref, une belle carrière de bisseux !

Les séquences hard de ces HOTESSES TRES SPECIALES sont, elles, assez typiques: Richard Allan s’offre une rapide séance anale avec son épouse avant de partir au boulot. Alban Ceray, pour sa part, s’occupe de sa copine, d’une visiteuse de la prison, de son ex,…Rien d’emballant, tout étant filmé platement et sans aucune imagination, n’est pas Gérard Kikoïne qui veut ! La seule scène X intéressante présente une partie carrée entre Alban Ceray, un de ses amis, recéleur de profession, et deux demoiselles plutôt sexy, l’une blonde platine, l’autre brune, jouées par Marianne Wäckerle et Barbara Legrand. Le domestique noir et contorsionniste de la maison observe la petite partouze tout et démontre sa souplesse en s’octroyant une auto-fellation avant de solliciter l’aide de la bonne. Enfin de la femme de ménage. Mais bonne quand même. Bref, ce sera le seul passage un peu marquant dans un ensemble sans beaucoup d’intérêt.

Cinématographiquement et érotiquement très pauvre, HOTESSE TRES SPECIALE s’inscrit dans la longue lignée des pornos routiniers et mécaniques dont la réputation de classiques ne tient qu’à une certaine nostalgie. Cela se laisse regarder distraitement (la durée réduite à 70 minutes aide beaucoup) mais cela disparaît aussitôt des mémoires.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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