Un texte signé Patryck Ficini

France - 1978 - Borgia Michaël

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Huit Petits Hommes Rouges

HUIT PETITS HOMMES ROUGES est la quatrième aventure de Anthony-Nicholas Twin alias TNT, parue initialement aux éditions Robert Laffont. Dans le premier épisode de cette série hors normes, LES SEPT CERCLES, nous faisions la connaissance d’un héros très particulier, bien loin de SAS, de L’EXECUTEUR ou de nombre de personnages récurrents du Fleuve Noir trop englués dans une réalité un peu morne.
Twin est en effet une sorte de super-héros irradié beaucoup plus proche de Doc Savage ou de Remo, L’IMPLACABLE. Un peu comme THE SENTINEL ou le CASH de Gérard Cambri, TNT possède des sens ultra développés. Il voit tout, il entend tout, il sent tout. Ce géant est aussi doté d’une force peu commune et ses capacités sexuelles semblent inépuisables, comme le dit la quatrième de couverture. Mieux que Rocco et autres Manuel Ferrara, il satisfait les 69 (!) donzelles d’un harem dans HUIT PETITS HOMMES ROUGES… avant de remettre le couvert… si elles ne sont pas trop fatiguées ! Michaël Borgia (deux auteurs derrière le pseudo : Pierre Rey et le plus célèbre Loup Durand ) n’hésite pas : il y va à fond dans le délire savamment organisé.
Les HUIT PETITS HOMMES ROUGES du titre sont des nains assassins mais élégants au service du grand méchant qui se livre à des actes terroristes géophysiques et météorologiques. Comme dans CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR ou les romans METEO SUR COMMANDE (une mission de Lecomte KB-09) et OPERATION FRIGO (une aventure de Sam Durell). Ce dernier thème est donc un argument rebattu de l’espionnage pop teinté de science-fiction – genre auquel appartient marginalement TNT. Ce qui n’empêche pas le roman de Borgia d’être le plus convaincant du lot. Car le plus spectaculaire. Les scènes d’attentats météo, excellemment écrites (on peut parler aussi de mise en scène), sont dignes des plus gros blockbusters catastrophe américains. Comme en témoigne le court extrait suivant, où la puissance des rayons solaires grille tout vifs des skieurs à travers des trous artificiellement créés dans la couche d’ozone (!) :
pp. 13-14 : « Et dans les quelques dixièmes de secondes qui suivirent, tout un univers s’inscrivit dans son regard : il vit la terre et la forêt incendiées sur un rayon de cent mètres autour de lui, le reste de la vallée et du monde demeurant inexplicablement figés dans l’hiver ; (…) il vit Francesca, son visage clair environné de flammes et la jeune fille rampait sur ses moignons carbonisés sur le sol noirci, ses yeux liquéfiés coulant hors des orbites. Un premier tronc lui brisa les jambes et le bassin, un autre le décapita.»
C’est assez gore, aussi. Comme lors d’une horrible scène de lapidation qui en dit plus qu’un long discours sur ce supplice terrifiant.
Quelques pages plus loin, c’est l’hiver qui s‘abat sur une île tropicale ou un cyclone ahurissant de violence qui frappe l’aéroport de Londres. Dans un style toujours impeccable. Et nous n’en sommes qu’au début du roman ! Par moments et toutes proportions gardées, TNT, c’est un peu « Gérard de Villiers présente » rencontre Serge Brussolo (qui bossa d’ailleurs pour le père de SAS mais c’est une autre histoire).
HUIT PETITS HOMMES ROUGES ne laisse aucun répit au lecteur embarqué dans des aventures rocambolesques, avec des moments d’action pure et d’autres, quasi fantastiques. Comme Rocambole d’ailleurs, mais aussi comme le Nyctalope, évidemment, ou Bob Morane avant lui, Twin aux yeux de félin voit dans la nuit comme en plein jour.
Le final voit le héros manquer de se noyer dans un flot de pétrole, après avoir déboulonné un par un les nains démoniaques (dont le terrible tueur de chats Souffleur), ainsi qu’une bande de geeks géniaux fans de Snoopy et des Beatles.
Auparavant c’est un bataillon de parachutistes qui est massacré par les méchants avec « les 4 pattes de Satan ». Des phénomènes géophysiques tout aussi impressionnants que les précédents, mais dont nous vous laisserons la surprise.
TNT ? Du roman de gare haut de gamme, du 3 étoiles minimum, du “grand spectacle”. Un régal aux couvertures aussi belles que très “seventies”. Trop peu d’épisodes, malheureusement !


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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