Le Monde de Charlotte
Wilbur est le onzième petit cochon de la portée et sa maman truie n’a que 10 tétons. Alors que le fermier s’apprête à sacrifier le rejeton, sa fille s’interpose et le prie de bien vouloir l’épargner. Wilbur reste un temps dans la maisonnée mais bientôt, le père de famille voit d’un mauvais œil la présence du pourceau dans son intérieur. Wilbur emménage alors dans la grange où vivent d’autres animaux comme un couple d’oies, un cheval, des moutons et même un rat. C’est ce dernier qui va faire une bourde en informant le petit cochon de printemps que sa destinée est d’être servi à table le jour de noël. Mais Wilbur veut voir la neige ! C’est alors qu’il trouve en Charlotte, l’araignée, une alliée et une amie insoupçonnée.
Parmi tous ces films truffés d’effets numériques ultra sophistiqués où la caméra ne cesse de vous secouer dans tous les sens pour mieux faire passer l’absence de profondeur de ces métrages, il peut parfois être bon de se ressourcer auprès des films pour enfants.
Si LE PETIT MONDE DE CHARLOTTE n’est pas aussi enchanteur que BABE, il n’est pas pour autant dénué de poésie. Et surtout, quel bonheur de pouvoir enfin simplement admirer des effets spéciaux sans pour autant être obligé de supporter une bande sonore assourdissante et des mouvements de caméra incessants et agaçants. Films pour enfants oblige, le rythme est détendu et l’on peut à merveille se laisser subjuguer par quelques scènes féeriques comme celle où l’on observe l’araignée tisser sa toile. Alors qu’il faut en faire toujours plus en toujours plus grand pour capter l’attention des parents comme des petites têtes blondes, il peut s’avérer quelque peu ironique de constater que la meilleure scène du film est celle qui rend tout simplement hommage aux merveilles de la nature.
Alors, évidemment, les spectateurs gavés et abrutis de vidéos-clips seront sans doute décontenancés par ce film qui refuse tout compromis. LE PETIT MONDE DE CHARLOTTE fait même l’impasse sur la séquence spectaculaire dont l’objet est de faire plaisir au moins une fois aux seuls parents afin de les remercier pour le déplacement.
Les personnages, tout comme les situations, sont attendrissants et souvent drôles. On pense en particulier aux discussions entre les corbeaux qui cherchent une solution pour détourner la vigilance de l’épouvantail qui, juché en plein milieu d’un champ, les empêche de dévorer le maïs. Et accessoirement, il est également agréable de trouver dans un film, en guise de héros, un rat et une araignée.
A l’instar de MON VOISIN TOTORO, CHARLOTTE ne propose pas de confrontation entre d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Plutôt que de dépeindre un univers manichéen, il propose aux enfants une approche du monde intelligente et constructive en démontrant que tout est possible, même lorsqu’on est un rat ou une araignée. Quand Wilbur débarque dans la grange, les animaux ne cessent de se quereller, chacun cherchant à prouver qu’il est plus utile à la ferme que l’autre. Ce microcosme rappelle la société divisée des adultes où chacun jalouse les avantages de l’autre et se juge meilleur que son voisin. Sous la grange, les chamailleries cessent le jour où tous les animaux décident d’arrêter de regarder leur nombril et de trouver ensemble une solution pour venir en aide à Wilbur.
La plupart des critiques adultes ont trouvé ce film niais, ce qui n’a rien de surprenant !
