Un texte signé André Quintaine

Allemagne, Grande-Bretagne - 2006 - Christopher Smith
Interprètes : Toby Stephens, Claudie Blakley, Babou Ceesay, Laura Harris, David Gilliam

review

Severance

Christophe Smith s’est taillé une jolie petite réputation grâce à CREEP, film qui a été plutôt bien accueilli par le public spécialisé. Avec SEVERANCE, il délaisse les tueurs sévissant dans le métro londonien pour d’obscurs militaires du bloc soviétique réfugiés dans une épaisse forêt hongroise. Ce sont les membres d’une société spécialisée dans la vente d’armement qui vont faire les frais de ce nouveau Survival.
C’est à l’occasion d’un Team Building (technique de management de personnel qui consiste à créer des liens entre les salariés afin de renforcer l’esprit d’équipe) qu’une demi-douzaine d’employés se retrouve dans un chalet perdu en pleine campagne hongroise. Nous avons ainsi droit à des personnages très stéréotypés et chacun y reconnaîtra l’un ou l’autre de ses collègues.
SEVERANCE aborde le genre avec décontraction et beaucoup d’humour. On se moque gentiment du genre mais toujours avec respect. On pense en particulier à l’une des scènes proche du dénouement où l’héroïne surprend tout le monde en exécutant sans sommation l’un des méchants d’une balle dans la tête… Elle explique alors qu’elle ne voulait pas que quelqu’un, un jour, lui reproche de ne pas l’avoir fait. Lorsque l’on se remémore une certaine séquence de WOLF CREEK, on ne saurait moins la comprendre !
L’humour, omniprésent mais jamais envahissant, est principalement dirigé vers les différents protagonistes. A aucun moment ils ne parviendront à constituer une équipe et à se défendre efficacement contre leurs assaillants. Ceux-ci sont de simples militaires, ce qui pourra décevoir les fans du genre.
Néanmoins, précisons que le film se veut une charge vive contre les entreprises qui fabriquent et qui vendent des armes. Nos héros, qui participent à ce marché hypocrite, apparaissent comme de véritables lavettes, incapables d’utiliser les produits qu’ils ont conçus et de se défendre contre ceux qui étaient encore, il n’y a pas si longtemps, de simples clients !
Cette hypocrisie est relayée dans un film publicitaire qui passe au début du film et dans lequel la société vante ses mérites. Certains protagonistes font remarquer que les filles qui apparaissent dans le film sont toutes blondes et que les noirs ne sont employés que dans les scènes où il y a besoin de montrer les armes en action.
Cette critique de bon ton s’avère en réalité complètement inefficace car elle est déclamée sur le mode de l’humour. L’humour n’engendre jamais l’offense ou la révolte. Il a plutôt l’effet inverse en rendant habituelles des choses pourtant inacceptables.
C’est sans doute là le principal reproche que l’on fera à SEVERANCE. Pour le reste, il se laisse regarder comme un Survival honnête doté de quelque originalité, comme l’utilisation de l’humour mais également la nature des agresseurs. En ce qui concerne le gore et la violence, le film est très sage et reste dans la tonalité légère qu’il adopte dès le départ. Seule l’amputation d’une jambe par un piège à ours s’avère peu ragoûtante.
Pour terminer, signalons la présence de la jolie mais trop rare Laura Harris, craquante alien dans FACULTY.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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