Un texte signé André Quintaine

Corée du Sud - 2007 - Jin-pyo Park
Titres alternatifs : Geu nom moksori
Interprètes : Kyung-gu Sol, Nam-ju Kim, Dong-won Kang, Yeong-cheol Kim, Young-chang Song

asian-scans

Voice of a Murderer

VOICE OF A MURDERER s’inspire d’un fait divers qui a fait trembler la Corée au début des années 90. Le fils unique d’un célèbre présentateur de journal télévisé s’était fait enlever et une rançon avait été réclamée. L’ignoble chantage n’avait trouvé son terme qu’au bout de 44 jours qui avaient anéantis psychologiquement les parents.
Ce genre d’histoire s’adresse prioritairement aux personnes qui ont suivis ce drame, c’est-à-dire les citoyens Coréens eux-mêmes. Malgré tout, VOICE OF MURDERER, de part ses nombreuses qualités, dépasse allègrement le statut de film anecdotique.
Park Jin-pyo a décidé de centrer son récit sur les parents et nous livre toute leur détresse. Des faux espoirs aux déceptions, VOICE OF MURDERER essaye de nous faire toucher le drame que représente le kidnapping d’un enfant : l’inquiétude de le savoir à la merci d’un inconnu, le terrible doute de le savoir en vie ou déjà mort. Le bonheur, une vie de famille tranquille, cela tient finalement à très peu de chose, trop peu de chose, et l’on se retrouve alors seul dans une situation terrible. Seul, car, en plus, la Police est loin d’être à la hauteur. Rarement un film nous aura décrit une Police aussi peu compétente. Le plus terrible est que Park Jin-pyo ne force même pas la critique. On ne sent pas dans sa mise en scène la volonté de descendre leur travail. On a l’impression qu’il se contente de décrire leurs maigres efforts, laissant au spectateur la délicatesse de constater une incompétence invraisemblable et révoltante. Une mise en image qui s’avère d’autant plus percutante que le film se veut très réaliste et fidèle aux événements qui se sont déroulés en 1991.
Ce réalisme, on le retrouve à la fin du métrage qui fait quelque peu sombrer le film dans le larmoyant. Certes, la volonté de retranscrire fidèlement les événements était telle qu’il aurait été difficile de passer à côté. Néanmoins, on peut se demander si la motivation qui est à la base même de la mise en chantier n’est pas quelque peu opportuniste. En effet, l’enquête pour retrouver le kidnappeur a été arrêtée en 2007 en raison de la prescription sur les faits. Les producteurs ont monté le film pour diffuser auprès du public le seul indice en la possession des autorités : la voix du kidnappeur. Celui-ci a en effet menacé maintes fois le père et la mère de l’enfant et ses paroles ont été enregistrées par la police. Lors du final, le film nous fait découvrir le véritable portrait robot de l’homme et nous avons également droit à quelques passages où l’on peut entendre sa voix. Les amateurs de « true-crime » seront aux anges. Les autres pourront s’interroger sur l’opportunisme de l’entreprise cherchant officiellement à faire entendre la voix du kidnappeur en espérant que l’un des spectateurs du film la reconnaisse…
Quoi qu’il en soit, l’impressionnante réalisation de Park Jin-pyo permet à VOICE OF A MURDERER de faire oublier cette question. On a trop souvent tendance à croire que l’horreur, la vraie, celle qui remue l’estomac du spectateur, on ne la trouve que dans des films hyper violents, gore, etc. Or, on peut également la trouver dans des films comme VOICE OF MURDERER, lorsqu’ils sonnent juste. Et c’est exactement le cas du film de Park Jin-pyo, grâce à sa mise en scène subtile et à l’interprétation impériale des deux parents.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

Share via
Copy link