Un texte signé Yannik Vanesse

Etats-Unis - 2009 - Kevin Hamedani
Interprètes : Russell Hodgkinson, Janette Armand, Doug Fahl

indie-eye

Zombies off mass destruction

Port Gamble est une petite ville américaine se trouvant sur une île. C’est une cité sans histoire, où on n’aime pas trop les étrangers et où on est très conservateur. Une invasion de zombies va chambouler tout ce petit monde.
Pour son premier film, Kevin Hamedani décide de s’investir dans une comédie zombiesque, genre popularisé grâce à l’excellent SHAWN OF THE DEAD et, plus récemment, par le très plaisant BIENVENUE À ZOMBIELAND.
Faire un film d’horreur drôle n’est pas chose aisée, en particulier si on veut se montrer respectueux du genre et ne pas livrer une parodie. En effet, les Edgar Wright et Sam Raimi ne courent pas les rues. Cependant, s’il est évident que Kevin Hamedali n’est pas à la hauteur de ses références, son ZOMBIES OF MASS DESTRUCTION est un véritable film de morts-vivants, et non une bête et simple parodie. Ces derniers, et c’est agréable en ces temps d’infectés aussi rapides que l’éclair, se déplacent lentement et le métrage se révèle diablement gore.
Hélas, les effets spéciaux ne sont pas très bons. Les zombies bavent et vomissent mais c’est assez maladroit. Et, d’un côté, quand on les transperce, ils répandent de longues giclées de sang, comme s’ils étaient encore vivants, et d’un autre côté, ils ont le corps mou qui peut facilement être transpercé. C’est cependant aussi le cas des vivants, dont l’un se fait arracher le bras avec une facilité déconcertante, ôtant tout réalisme à l’ensemble. Cependant, même irréaliste, un film de morts-vivants peut-être très bon.
En ce qui concerne les personnages, ils se cantonnent aux caricatures : un couple de gays, un prêtre intégriste, un maire républicain, une institutrice pacifiste, entre autres. Ce choix n’est guère surprenant, le réalisateur voulant visiblement jouer volontairement avec les stéréotypes. Le trait est parfois un peu forcé, pour accentuer certains dialogues et certaines scènes sur le thème des vivants plus dangereux que les monstres. Cela n’est pas déplaisant, même si les attaques de zombies sont totalement dénuées de tension. George Romero et Lucio Fulci, avec leurs morts marchant lentement, parvenaient à créer une avancée inéluctable, un mort lente s’approchant sans que rien ne puisse l’arrêter. Ici, même si les morts tuent quelques personnes, ce ne sont jamais des personnages pour lesquels le spectateur ressentira de l’empathie. De plus, le fait est assez rare, les zombies ne semblant pas si dangereux que cela. Et, même si certaines scènes de massacre de monstres s’avèrent particulièrement plaisantes, elles ne sont pas suffisamment longues ou inventives pour vraiment se révéler extraordinaires, malgré un trop court clin d’oeil très sympathique au cultissime BRAINDEAD.
De plus, l’humour tombe souvent à plat, s’avérant en général plus embarrassant que drôle, à quelques exceptions près, comme le prêtre disant qu’ils ont avec eux le plus grand zombie de tous les temps, Jésus-Christ. Certes prévisible, cette réplique s’avère particulièrement jouissive. Le métrage révèle également l’origine de la zombification des gens. Ce qui faisait la force des films de George Romero était, entre autres, qu’on ignorait tout du pourquoi du comment et qu’il était possible d’extrapoler autant que l’on voulait. En se cantonnant à une simple histoire de terrorisme, Kevin Hamedani ramène son histoire à un niveau trop humain, et même trop américain, délaissant le surnaturel et le mystique. C’est un peu dommage.
Cependant, le métrage présente des acteurs sympathiques et plutôt bons, et sa générosité en terme de giclées de sang fait plaisir à voir. Et, s’il n’égale pas les grands films de morts-vivants, il s’avère un divertissement honnête sans temps morts.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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