Un texte signé Philippe Mertens

Corée du Sud - 2006 - Yu Ha
Interprètes : Jo In-seong, Cheon Ho-jin, Nam-gung Min, Lee Bo-yeong, Yun Je-mun, Jin Gu, Park Hyo-jun

asian-scans

A Dirty Carnival

Byeong-du (Jo In-seiong) est une petite frappe qui travaille pour une triade coréenne. Il officie sous les ordres de Sang-cheol (Yun Je-mun) pour le compte duquel il dirige une équipe de jeunes recrues et se charge de récupérer des créances par tous les moyens.
Byeong-du rencontre par hasard un ami d’enfance : Min-ho, aspirant réalisateur qui essaye de terminer le scénario d’un film de gangsters. Leur rencontre est très rapidement interrompue par un coup de fil. Une bande rivale s’en prend au cercle de jeu que lui a confié le chef de la triade Hwang Heui-jang (Cheon Ho-jin). Rapidement revenu sur les lieux, le gangster participe activement au violent combat et chasse à mains nues les assaillants. Min-ho assiste à la scène et se rend très rapidement compte que son ami d’enfance est un truand.
La chance lui sourit. Son script n’est pas encore très abouti et manque cruellement de réalisme. Cette rencontre va donc lui donner l’occasion de combler ces lacunes.
Byeong-du va rapidement l’introduire dans le milieu du crime organisé et lui présenter sa bande de voyous. Ceux-ci ne se feront pas prier pour donner moult détails sur leurs activités. Il va même le présenter au chef de la triade qui lui confiera ses secrets les plus inavouables et lui proposera sa fille pour un rôle dans son film.
Min-Ho va aussi apporter quelque chose à la relation. Il va remettre Byeong-du en contact avec ses anciens condisciples d’école et lui faire revoir Hyun-Ju, un amour d’enfance non avoué, avec laquelle il entame une relation.
Au cours d’un repas avec ses deux patrons, Byung-du apprend que Hwang Heui-jang est menacé par un juge qui en sait beaucoup trop sur la triade. Sang-Cheaol, le sous-chef, ne veut rien faire pour le big boss par crainte de la police. Byung-du décide donc de prendre des risques dans l’espoir de gravir la hiérarchie de la triade. Il va monter une embuscade et débarrasser ses supérieurs de l’encombrant personnage.
Pendant ce temps, Min-Ho termine la réalisation de son film et invite ses nouveaux amis à la première. Ahuris, ceux-ci découvrent que le scénario est plus que réaliste. Il s’agit d’une copie conforme des histoires qu’ils ont négligemment racontés au cours de leurs beuveries. Le danger est énorme car ils risquent d’être identifiés. Ils doivent réagir à l’encontre du réalisateur à succès et Byung-du demande à s’en charger.
A DIRTY CARNIVAL est une ambitieuse fresque réaliste de la mafia coréenne d’aujourd’hui. Il est difficile de la résumer en quelques lignes tant les différentes histoires et les nombreux personnages s’imbriquent, au cours de 141 minutes de spectacle.
Le film se développe autour de nombreux thèmes : les problèmes financiers de la famille de Byeong-du, sa romance avec une ancienne connaissance, la genèse du scénario et la réalisation du film de Min-ho, les petites histoires de magouilles et de combats vécues par un groupe de truands. Petite déception, malgré la durée, ceux-ci ne sont pas toujours traités avec la rigueur nécessaire.
Par contre, un des mérites de A DIRTY CARNIVAL est de développer des thèmes sortant des sentiers habituellement battus du genre : les problèmes sociaux de familles démunies ou encore la dénonciation de projets immobiliers menés par des groupes véreux. Cela nous change agréablement des poncifs habituels (trafics de drogues, réseaux de prostitution…).
Si le scénario est intéressant par les sujets abordés, il souffre parfois d’un manque de vraisemblance. Citons deux exemples représentatifs. Dans les toilettes d’une salle de réception, Byeong-du tue sauvagement, à l’arme blanche, le juge. Il en ressort immaculé sans une tache de sang sur son costume blanc et rejoint la fête, en cours, à quelques mètres de là.
Un peu plus tard, il s’évade de manière rocambolesque. Retenu prisonnier, dans le coffre d’une voiture avec de nombreux membres d’un gang rival, il parvient à brûler ses cordes, à se débarrasser des truands et à s’échapper sans une égratignure. James bond n’y serait probablement pas arrivé. Dans une fresque réaliste cela fait un peu tache.
Néanmoins, ne jetons pas le bébé et l’eau du bain. Si vous appréciez les films de gangsters, ce film coréen est une bonne pêche. Malgré quelques faiblesses au niveau du scénario, A DIRTY CARNIVAL reste solidement réalisé avec une bonne dose de violence, des combats bien foutus et des acteurs plus que convaincants.


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- Article rédigé par : Philippe Mertens

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