Un texte signé Michaël Guarné

Thaïlande - 2007 - Parkpoom Wongpoom, Banjong Pisanthanakun
Interprètes : Masha Wattanapanich, Ratchnoo Bunchootwong

asian-scans

Alone

Justement remarqués avec SHUTTER trois ans auparavant, les deux réalisateurs thaïlandais restent avec ALONE dans le registre qui leur a précédemment souri : le cinéma fantastique.
On y suit Pim, qui a perdu sa sœur siamoise à l’adolescence suite à l’opération qui les a séparées. Vivant au Pays du Matin Calme avec son époux Vee, Pim est contrainte de rentrer en Thaïlande lorsque sa mère se voit hospitalisée. Cette dernière ne tarde pas à avoir des réminiscences du passé…
Sorti de nulle part, SHUTTER avait réussi à engendrer peurs et frissons diverses notamment grâce un montage vraiment efficace. La tension montait petit à petit, des indices étant divulgués au compte goutte afin de donner au climax l’impact nécessaire ; et quel climax ! ALONE, à l’inverse, peine à trouver le juste rythme en matière de frousse. Dans la lignée des bobines post RING, l’apparition d’un spectre intervient à intervalle régulier, Pim ayant des visions de sa défunte sœur Ploy toutes les dix minutes ou presque. Les techniques habituelles du genre sont donc utilisées : jeux d’ombre et de lumière, présence de bruits effrayants, puis inserts de plans de deux ou trois secondes afin de surprendre (ou pas) le spectateur.
Cet aspect convenu mis à part, ALONE demeure un honnête film fantastique. Le jeu d’acteurs est tout à fait convaincant, ce qui n’est pas forcément le cas de la plupart des productions du pays. La belle Masha Wattanapanich (connue auparavant pour sa carrière musicale), qui interprète à la fois Pim et Ploy, s’en sort très bien pour son premier rôle au cinéma. Sa performance démontre parfaitement le calvaire physique mais également psychologique de la folie montante de son personnage. Pim finit même par consulter malgré elle un vieil ami psychologue de son mari afin d’appréhender la cause de ses horribles apparitions. On découvre ainsi au fur et à mesure certains éléments du passé des siamoises et de Vee qui nous amènent finalement vers la source du problème.
Du point de vue visuel, ALONE est indéniablement réussi ; la photographie est belle, les décors également. On précisera que la maison familiale, un personnage à part entière selon les réalisateurs, fut montée de toute pièce et brûlée pour les besoins du film. Cela fait d’ailleurs plaisir de voir un bâtiment prendre feu sans effets spéciaux numériques. Quand Vee doit s’en échapper, l’acteur est littéralement entouré par les flammes et ne fait pas que courir sur fond bleu en s’imaginant la scène donc. Un parti pris à saluer, garant d’un résultat plus vrai que nature.
Doté d’une réalisation soignée, ALONE se regarde sans forcer. Son esthétique comble les petites faiblesses d’un scénario léger sur les bords. ALONE est certainement moins frais et plus classique que SHUTTER, mais n’en reste pas moins fort appréciable.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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