Un texte signé André Quintaine

Allemagne - 1989 - Olaf Ittenbach
Interprètes : Olaf Ittenbach, Andrea Arbter, André Stryi, Susanne Nebbe, Sonja Berg, Ivo Tischler, Alfons Siglechner

indie-eye

Black Past

Black Past est le premier long métrage d’Olaf Ittenbach, et on y trouve déjà tous les éléments qui feront le succès qu’est The Burning Moon.
Olaf Ittenbach joue le rôle de Thommy, un jeune adolescent, tout ce qu’il y a de plus ordinaire: il ne s’entend pas avec ses parents (ni avec sa soeur d’ailleurs), il compulse des magazines érotiques, se fait tabasser à l’école, est amoureux d’une camarade de classe, et écoute du Hard-Rock (comme tous les jeunes Allemands apparemment).
Bref, rien d’exceptionnel. Mais sa vie va basculer lorsqu’en fouinant dans le grenier, il découvre un journal intime et un miroir. D’après le journal, ce miroir est censé posséder des pouvoirs maléfiques. Thommy n’y croit pas et l’accroche dans sa chambre.
Sa petite amie, Petra, lui rend visite le lendemain soir. Thommy la laisse seule dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, la jeune fille descend tel un zombie et sort de la maison. Fait étrange, elle est écrasée par une voiture. Thommy l’a suivie et a assisté à sa mort.
Il est désespéré, mais elle revient à la vie. Petra va essayer de le tuer. Il parvient à s’en débarrasser en la découpant en petits morceaux.
Mais le miroir ne laisse pas Thommy tranquille. Lors d’un rêve, il se retrouve dans la salle de bain. Sur l’évier, il trouve deux lames de rasoir qu’il utilise pour se lacérer le corps.

L’apocalypse selon Olaf Ittenbach commence alors. Plan après plan, vingt minutes durant, le Gore avec un grand G va trouver ses lettres de noblesse. Olaf Ittenbach donne sa définition d’un bon film gore: des personnages sympathiques, un scénario simple mais intéressant pour une oeuvre soignée avant tout. Et du sang. D’abord placé avec parcimonie durant tout le métrage, puis trouvant son apogée dans un final cataclismique. Il y montre pour la première fois sa vision de l’Enfer, vision qu’il approfondira dans The Burning Moon. Ici, le royaume de Satan n’est que tortures, à l’instar de celui décrit par José Mojica Marins dans son fameux This Night I Will Possess Your Corpse.
Il ne fait aucun doute que les points forts de Black Past sont ses effets spéciaux et leur escalade dans l’extrême. La fin de Petra, la petite amie de Thommy, où elle se fait littéralement déchiqueter, est significative. De même, il est difficile de résumer tous les effets de la scène finale tant ils sont nombreux et omniprésents: tortures sanglantes où Thommy est éviscéré de façon surprenante, et Thommy “fondant” après qu’un de ses amis ait détruit le miroir. Mais ce ne sont que deux exemples parmi une bonne vingtaine de maquillages ahurissants. Olaf Ittenbach, l’homme qui se cache derrière tous ces effets, donne une véritable leçon à tous les autres amateurs et à une grande partie des professionnels.
Les références à de nombreux autres films sanglants sont nombreuses. On retiendra en particulier un meutre inspiré de ceux de Dario Argento. Mais il y a aussi ce rêve très joli qui semble tout droit sorti d’un Freddy avec ses lumières bleutées. On y voit passer un landeau qui s’arrête devant Thommy. A l’intérieur il aperçoit une poupée dont les yeux pleurent des larmes de sang. Sa tête tombe à terre et du sang coule de son cou. Le landeau prend feu. Cette scène est sans doute la plus belle du film, par son atmosphère envoûtante et mystérieuse.
Les acteurs sont bons. Bien sûr, ce ne sont que des amateurs et ils ne font pas illusion longtemps. Mais leur jeu passe plutôt bien, il suffit de s’y faire et de l’accepter. Une mention spéciale va encore une fois à Olaf Ittenbach qui réussit à donner du corps à son personnage.
On pourra de même signaler un fait assez rarissime dans une telle production. D’habitude, les films amateurs sont réalisés par des jeunes, d’où la difficulté de trouver des acteurs âgés pour jouer des rôles d’adulte. Dans Black Past, c’est le contraire, les acteurs ont l’air plus vieux que les personnages qu’ils interprètent.

Malgré la volonté évidente d’Olaf Ittenbach de réaliser un “véritable” film, dans le sens où les spectateurs n’y trouvent pas seulement des effets à profusion, mais également des émotions, Black Past pêche par certains côtés. Bien sûr, les acteurs et leur doublage sont loin d’être parfaits, et c’est même plutôt moyen. On ressent également certaines lenteurs, sans doute dues à la volonté du réalisateur de donner de la profondeur à ses personnages en les laissant évoluer. Mais le plus grand point faible du film est sans nul doute un manque de cohérence. En effet, tout le monde suggère à Thommy de briser le miroir, mais il ne le fait pas, malgré tous les événements qui se déroulent sous ses yeux. On pourrait penser qu’il ne le détruit pas car il est sous son emprise. Mais alors le maléfice n’est pas assez mis en évidence pour que l’on puisse en être persuadé.
Malgré ces quelques défauts, Black Past reste un premier film excellent et très agréable. Olaf Ittenbach sait réaliser, et il excelle dans le gore. Black Past n’est pas simplement un étalage de démembrements et autres. L’émotion est également présente, et c’est cela qui en fait une oeuvre plus que respectable. Olaf Ittenbach a tous les mérites, il joue le rôle du personnage principal et réussit à lui donner vie, il réalise, il a écrit le scénario et c’est lui qui a créé la tonne d’effets spéciaux du film. Black Past possède en plus une excellente musique, tour à tour violente et mélodieuse pour souligner les moments forts du film.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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