Un texte signé Jérôme Pottier

Italie, Allemagne - 1980 - Luigi Cozzi
Interprètes : Ian McCulloch, Marino Masé, Louise Marleau, Siegfried Rauch

retrospective

Contamination

En 1979, le monde ne jure plus que par le phénomène STAR WARS. Un inconnu, Luigi Cozzi, accessoirement l’un des meilleurs amis de Dario Argento, signe alors l’inénarrable (ou insupportable, c’est selon l’humeur) STARCRASH LE CHOC DES ETOILES. Cette superproduction transalpine kitsch, digne des parodies de Mel Brooks, connaît un joli succès. Dividendes en poche, Luigi Cozzi s’attaque, l’année suivante, au remake officieux d’un autre grand succès de l’époque, ALIEN LE HUITIEME PASSAGER de Ridley Scott. Cela donne CONTAMINATION, une étrange pelloche qui fit le bonheur des salles de quartier et de toute une génération de vidéophages.
Un cargo arrive à New York sans équipage à bord mais avec une cargaison d’œufs qui tuent tous ceux qui se risquent à les toucher. Une enquête est alors entreprise par le colonel Stella Holmes qui la mène, ainsi que son équipe, dans une plantation colombienne qui cache un terrible secret…
Après une introduction très gore qui mixe L’ENFER DES ZOMBIES (ZOMBI 2 de Lucio Fulci-1979) avec ALIEN, pour simplifier, un bateau vide puis des corps qui explosent, une congrégation de scientifiques et de flics (voire les deux) s’interroge dans des dialogues fumeux. Ces derniers, qui ont de gros problèmes en arithmétique et ne maîtrisent pas le calcul mental, ne comprennent rien à la situation. Les dialogues soporifiques sont la marque de fabrique de Luigi Cozzi qui en avait abusé dans STARCRASH. Heureusement, le cinéaste reprend le dessus sur le scénariste et enchaîne, avec un certain sens du rythme, les scènes d’action sur un script qui vire alors au serial jusqu’à un final délirant hautement jouissif.
CONTAMINATION est, sans aucun doute, le meilleur film de son auteur : Luigi Cozzi, sous son pseudo Lewis Coates. Le réalisateur signe ici une série B à l’américaine, on est loin des ambiances pesantes de son mentor Dario Argento. Toutefois, quelques scènes sont dotées d’un certain cachet visuel (voir, à ce sujet, celle de la « caverne à oeufs » repiquée à ALIEN) et le ralenti est assez bien utilisé. Le thème composé par les Goblins n’est pas étranger à la réussite de CONTAMINATION, tout comme la photographie de Giuseppe Pinori (grand habitué du Bis italien qui travailla avec Lucio Fulci sur 2072 LES MERCENAIRES DU FUTUR et MURDEROCK–1984). Mais le plus stupéfiant dans cette bobine, c’est l’habileté d’utilisation d’effets spéciaux particulièrement fauchés. Ces ballons de rugby « peinturlurés » sont d’une efficacité redoutable. Tout comme les nombreuses scènes sanglantes qui sont autant de morceaux de bravoure imprimés à jamais dans la rétine de moult amateurs de Bis.
Des amateurs ravis de retrouver la trogne de Ian McCulloch déjà vu dans ZOMBI 2 et ZOMBI HOLOCAUST (Marino Girolami-1980). Le représentant des forces de l’ordre nécessaire à toute investigation qui se respecte est campé, non sans humour, par le méconnu Marino Masé. Ce dernier mène pourtant une des plus belles carrières du cinéma transalpin ! Il est inspecteur dans l’excellent giallo d’Emilio Miraglia LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS (1972), l’année suivante il interprète Pignataro dans le très bon LE BOSS de Fernando Di Leo. La particularité de cet acteur est de tourner dans tout ce qu’on lui propose, passant allègrement du cinéma d’auteur (PORTIER DE NUIT de Lilian Cavani-1974) au Z érotisant (BLACK EMANUELLE AUTOUR DU MONDE de Joe d’Amato-1977) en passant par le « blockbuster » US (LE PARRAIN III de Francis Ford Coppola-1990). Le rôle titre féminin est tenue par la québécoise Louise Marleau, peu habituée au cinéma d’exploitation elle a surtout œuvré pour la télévision, on peut l’apercevoir dans BELLE ET SEBASTIEN.
Cette dernière est plutôt avare de ses charmes, il est vrai que la petite scène érotique nécessaire à toute série B réussie est ici cruellement absente. Toutefois, si Luigi Cozzi se révèle bien prude dans le domaine de la fesse, il se lâche dans l’hémoglobine et réalise, avec CONTAMINATION, ce que l’on peut qualifier de « bon petit film du samedi soir ». Une réussite très représentative du cinéma populaire d’une époque aujourd’hui malheureusement révolue.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Jérôme Pottier

- Ses films préférés :

Share via
Copy link