Un texte signé André Quintaine

Japon - 1997 - Kiyoshi Kurosawa
Interprètes : Koji Yakusho, Masato Hagiwara, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa

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Cure

D’habitude, je n’aime pas trop les films traitant de l’hypnose. C’est souvent rébarbatif et l’originalité est rarement présente. Depuis CALIGARI, c’est toujours, peu ou prou, la même chose. Heureusement, CURE réussit à renouveler un tant soit peu le genre.

L’inspecteur Watanabe piétine dans une affaire de meurtres qui ont tous des points communs, mais aucun véritable lien ni motivation apparente commune. A chaque fois, c’est le même principe. On découvre un cadavre avec un X gravé sur le torse. L’assassin est appréhendé dans les environs. Il s’agit à chaque fois d’un proche, incapable d’expliquer le pourquoi de son acte. C’est un policier qui tire sur l’un de ses collègues. C’est un mari qui étrangle son épouse. Tous sont plus ou moins traumatisés par ce qu’ils ont commis. Ils ajoutent, qu’au moment précis où ils sont passés à l’acte, c’était ce qui leur semblait le plus logique à faire.
Watanabe en arrive assez rapidement à penser que ces personnes ont perpétré leur crime sous l’emprise d’une force extérieure. En menant son enquête, il s’aperçoit que tous les assassins ont rencontré le même homme avant de commettre l’irréparable. La confrontation entre ce dernier souffrant d’une forme particulièrement étrange d’amnésie et Watanabe va soulever plus de questions que de réponses.

Et c’est bien là que repose toute la puissance de CURE. En effet, le film ne nous donnera jamais de réponse nette, ni même floue, sur ce qui motive cet amnésique. On apprend, lors d’une perquisition dans son appartement, qu’il étudiait Mesmer, un professeur suisse de la fin du
18èmesiècle qui faisait des recherches sur l’hypnose. On découvre également que ses recherches étaient plus précisément orientées sur le magnétisme qu’exercent les animaux. Pour appuyer ce point, le réalisateur fait découvrir à son héros flic un singe en état avancé de décomposition (le propriétaire de l’appartement de l’amnésique explique qu’il n’a pas vu son locataire depuis plus de six mois) trônant devant la baignoire. On imagine la dernière expérience menée par le jeune homme et dont le résultat serait son amnésie. Voilà, c’est à peu près tout ce que l’on découvrira dans CURE. Il faut allier à cette absence de données le sentiment d’oppression que l’on ressent lors de la vision de CURE. Un sentiment provenant d’une mise en scène assez proche de PICNIC AT HANGING ROCK.
Le film continue alors sur la même lancée avec Watanabee perdant le contrôle face à l’amnésique. Les flash, ou plutôt les hallucinations, qui lui passent devant les yeux sont autant ressentis par lui que par le spectateur. Comme lui nous sombrons dans une folie latente, incapable de comprendre ce qui se passe.

Plus qu’un film fantastique, CURE est surtout un admirable thriller de terreur pure. La tension est parfaitement entretenue du début à la fin du film. Aucun temps mort ne permet au spectateur de relâcher son attention, malgré un rythme assez lent. Loin des œuvres actuelles où les rebondissements nombreux et spectaculaires sont obligatoires, CURE fait figure de film à contre courant. On pense à CHARISMA qui baignait le spectateur dans la même ambiance oppressive sans réellement qu’il puisse savoir ce qui le mettait dans cet état.
Sans être le chef-d’œuvre annoncé et auquel je m’attendais, CURE est néanmoins un thriller excellent. Il fonctionne sur l’idée que ce qui fait peur est ce qui reste inconnu. Et c’est dans cette logique qu’il réussit parfaitement.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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