Un texte signé Philippe Delvaux

Brèves

L’Etrange festival déploie une prog’ des plus nourries

La rentrée du sueur froidiste, c’est à Paris qu’elle se passe, pour l’incontournable Etrange Festival, dont la 22e édition déploie des fastes qui écarquillent nos mirettes éblouies.
Gargantuesque est l’adjectif qui qualifie le mieux une programmation qui aligne plus de 180 séances et trois concerts. Choisir c’est certes renoncer, mais dans le cas qui nous concerne, ce sera surtout souffrir de ce renoncement… tout en jouissant du choix. Trop riche, on ne va pour vous dépouiller la programmation, tout juste l’esquisser.

L’ouverture est confiée au Rupture de Steven Shainberg, tandis que les clés de la clôture reviendront à l’excellent The Marriage of Reason & Squalor de Jake Chapman, à propos duquel on ne tarit pas d’éloges et on se promet d’ailleurs de vous le chroniquer sur Sueurs Froides. Vraiment, on insiste : allez-y, c’est une pure pépite).

Entre les deux, des rendez-vous désormais traditionnels autant qu’incontournables : le Retour de flammes animé par Serge Bromberg, qui nous passionne à chaque fois pour le cinéma muet, nous offrira la version restaurée du DELUGE de Felix E Feist.

Parmi les nouveautés de cette édition, la richissime programmation déborde du cadre, pourtant pas si étriqué que ça, du Forum des Halles, pour décentraliser au cinéma Les Fauvettes, où sera montrée une sélection de quatorze productions Gaumont avec entre autres du Georges Franju, deux Jess Franco, du Liliana Cavani, du Werner Herzog (tiens, à propos, son documentaire sur le monde connecté, « Lo and Behold », devrait sortir sous peu en France, il est en tout cas annoncé en octobre en Belgique)…

On s’attardera aussi à la théma « A la liberté ou à la mort », dont le moto semble plus que nécessaire en ces temps troublés. L’occasion de (re)voir Solo de Jean-Pierre Mocky (en sa présence), La java des ombres de Romain Goupil (en sa présence) ou United Red Army de Koji Wakamatsu (en sa… ah ben non, ce ne sera hélas plus possible).

Un hommage à Zulawski, focalisé sur sa première partie de carrière, qui nous donnera e.a. l’occasion d’entendre Sophie Marceau à propos de l’Amour Braque, de découvrir un making of du bien énervé Possession ou de découvrir la tentative avortée Sur le globe d’argent.

Depuis quelques années, les vétérans du ciné bis tournent dans les festivals de genre. En 2016, c’est Frank Henenlotter qui s’y colle. L’Etrange avait naguère programmé son généreux documentaire That’s sexploitation.

Sohei Imamura a bénéficié d’un coup de projecteur des éditeurs dvd français, avec de belles ressorties. Mais quoi de mieux que de découvrir ces films sur grand écran… à l’Etrange. D’autant plus que le festival enrichit son focus de quelques inédits : Désirs volés et Mon deuxième frère.
Stéphane Blanquet est un illustrateur culte, certes. Mais certains se rappelleront aussi que le bonhomme touche régulièrement au cinéma (au hasard, le bien glauque Mon placard). L’Etrange s’en rappelle et lui propose… une carte blanche nous permettant de nous émerveiller devant Le baron de Crac du génialissime Karel Zeman.

L’Etrange avait programmé l’année dernière le documentaire The death and resurrection show sur les frappadingues de Killing Joke. Et cette année, surprise, leur leader, le bien barré Jaz Coleman, s’en vient faire un spoken word dans le cadre des concerts de l’Etrange. Mais ça ne suffit pas au bonhomme qui nous présentera de surcroit six films dans le cadre d’une carte blanche : Kymatica, Equus, La dernière vague, Year of the devil, L’île du docteur Moreau et… The death and resurrection show (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même).

Les documentaires, parlons-en. L’Etrange en a toujours placé à son affiche, ils sont à chaque fois passionnants. En complément au Equus de Sydney Lumet qu’on vient de citer, on vous conseillera juste de jeter un œil sur Etre cheval, qui nous ouvre à d’étraaaaanges fantasmes sexuels (« allez, Hue dada »)… Les aficionados de France 4, qui avait mis le docu à l’antenne en décembre dernier, en hennissent de plaisir. D’autres docu creuseront le mythe Zappa, le culte bruitiste Test Dept – ça tombe bien, l’Etrange les programme en concert – ou encore aborde le travail de Sono Sion.

Et l’Etrange ne serait pas l’Etrange s’il ne reprenait un film de ce dernier. Cette fois, le chouchou du festival nous envoie Antiporno (tout un programme !) dans la compétition, laquelle reprend un autre parrain du festival, le dieu vivant (ou pas loin) Jodorowski avec le second volet de son autobiographie, Poésie sans fin. Sans tout détailler, on retrouve d’autres noms connus : Takashi Miike avec Terra Formars, Bill Plympton avec la vengeresse (en coréalisation… et en première mondiale), Anurag Kashyap avec Psycho Raman (on l’a vu, on le recommande), …

Hors compétition, c’est aussi bombance dans les sections Nouveaux talents, Mondovision. A nouveau, on ne va pas vous assommer avec tous les noms, mais on vous conseille d’ores et déjà Psychonautas, film d’animation européen aussi original que glauque, et Attack of the lederhozen zombies, kolossale zombie comédie autrichienne qui a plié en deux de rire la salle lors de sa première mondiale (on y était, on se bidonnait, on vous en parle sur Sueurs Froides).

Logiquement, à la fin de ce texte, vous cliquerez incontinent sur le site de l’Etrange pour découvrir in extenso toutes les réjouissances.

Quand et où : du 7 au 18 septembre, à Paris, au Forum des Halles, mais aussi – nouveauté – au cinéma Les Fauvettes.


- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés :


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