Un texte signé Patrick Lang

Etats-Unis - 2006 - Adam Green
Interprètes : Joel Moore, Tamara Feldman, Deon Richmond, Parry Shen, Kane Hodder...

review

Hatchet

Le Slasher est un genre qui refait surface de temps à autre. Il n’est jamais vraiment mort. Mais il s’agit là d’un phénomène plutôt facile à expliquer. En effet, le Slasher n’a pas besoin de gros budget, d’acteurs connus (ni même de bons acteurs), d’un scénario trop compliqué, ni d’effets spéciaux trop élaborés. Les contraintes sont moindres donc, à part la nécessité de montrer des femmes nues bien sûr ! Pourtant, les contributions au genre ne sont pas toujours du meilleur effet. On peut réussir un Slasher aussi vite qu’on peut le rater, la frontière est très mince. Et la limite de l’ennui est vite franchie, ce qui est normal dans un genre dont les codes s’avèrent si bien définis.
Il est donc difficile de faire dans l’originalité. Plusieurs options s’offrent alors aux réalisateurs pour sortir du lot. Nous avons ceux qui tentent de densifier le scénario, ou bien d’en avoir un tout simplement. Ensuite viennent ceux qui donnent dans la surenchère d’hémoglobine et de nudité pour masquer l’absence d’originalité et/ou de scénario. Une autre catégorie rassemble les hommages et les parodies, avec une volonté de tourner le genre en dérision, de multiplier les clins d’oeil. SCREAM de Wes Craven illustre bien cette dernière tendance. Et enfin, nous avons les Slashers qui se situent dans des décors singuliers : l’espace (JASON X), les plateaux de télévision (SLASHERS de Maurice Deveraux) ou encore le monde des rêves (la série des FREDDY). Attention ceci est une liste non exhaustive, il faudrait un dossier plus long pour en faire le tour. A ce propos, le documentaire GOING TO PIECES est à voir absolument pour approfondir le sujet.
HATCHET est à la lisière de tous les éléments cités plus haut. Il combine le gore extrême, l’hommage au genre et un décor original ; sans pour autant avoir de scénario digne de ce nom ni même une originalité débordante. Mais un film conventionnel est-il nécessairement mauvais ? HATCHET est le parfait exemple que non.
Le scénario est vite résumé. Un groupe de jeunes en vacances à la Nouvelle Orléans s’inscrit pour une attraction touristique. Elle consiste à faire une visite guidée dans les marais du Bayou la nuit pour les gens en manque de sensations fortes, à grands coups de légendes locales et anecdotes macabres. Sans surprise aucune, le bateau se heurte à un récif et le groupe est forcé de continuer à pied à travers les marais hostiles. Un monstre issu du folklore local va ainsi les traquer et les éliminer les uns après les autres. Le décor est planté et les protagonistes présentés dans les quinze premières minutes du film.
Le groupe se compose majoritairement de personnages qu’on a l’habitude de voir dans ce genre de production. Il s’agit d’un alignement de clichés et de conventions : la blonde aussi belle qu’idiote, le ”black” de service qui débite une blague après l’autre façon Eddie Murphy, la jeune femme mystérieuse qui en sait plus qu’elle ne le fait croire et le jeune homme coincé qui à travers les épreuves qu’il va subir, va devenir un homme, un vrai. Devinez qui survivra à la fin ? Les habitués du genre sauront répondre.
HATCHET joue la carte du fun. L’humour est présent de bout en bout, le gore y est abondant et jouissif, les femmes ne sont pas avares de leurs charmes et les caméos nombreux. Ainsi Tony Todd et Robert Englund viennent faire une apparition et dans la peau du monstre nous retrouvons Kane Hodder. Dans un rôle tout aussi discret on peut apercevoir Joshua Léonard, rendu plus ou moins célèbre par LE PROJET BLAIR WITCH. L’alignement de clichés et de clins d’oeil ne freine en aucun cas l’enthousiasme éprouvé à la vision du film. HATCHET réussit le tour de force de ne pas nous ennuyer une seule seconde. Le rythme est mené à 200km à l’heure. Les décors sont de plus ce qui fait la singularité du métrage. Quand on regarde le prologue du film, ça commence comme LE CROCODILE DE LA MORT de Tobe Hooper. On croirait que la bête sanguinaire est un crocodile, mais le réalisateur se joue de nous (comme dans le film de Tobe Hooper d’ailleurs) et c’est très réussi. Le gore hautement craspec et violent est lui aussi bien présent. On est témoin de meurtres tous très sadiques et furieux. Les fanatiques seront comblés ! On garde un sourire sur les lèvres durant tout le film tant il est chargé de plaisirs coupables.
On peut donc dire que HATCHET remplit pleinement son cahier des charges. C’est extrêmement gore, bien fichu, plein de charmantes demoiselles, de situations drôles et périlleuses, de tension horrifique. Il y a une scène très évocatrice de l’ambiance générale du métrage : perdu dans les marais, un jeune homme demande quelle direction prendre. Au moment où une jeune femme lui répond en pointant du doigt : « Allons par… LA », le croque-mitaine apparaît exactement là où elle pointe, à la grande surprise de tous, y compris celle du spectateur halluciné. On sursaute d’abord, pour ensuite afficher un énorme sourire. HATCHET, le parfait exemple d’une virée en montagne russe de l’horreur !


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- Article rédigé par : Patrick Lang

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