Un texte signé Nassim Ben Allal

Angleterre - 1990 - Stuart Orme
Titres alternatifs : Hands of a Murderer
Interprètes : Edward Woodward, John Hillerman, Anthony Andrews, Kim Thomson

retrospective

La main de l’assassin

Source quasi inépuisable d’inspiration pour la télévision britannique, le personnage de Sherlock Holmes a été adapté un nombre incalculable de fois et a pris le visage de plusieurs dizaines de comédiens plus ou moins appropriés. C’est ici au tour d’Edward Woodward de revêtir la cape du plus célèbre des détectives privés. Alors au fait de sa gloire cathodique puisqu’il triomphe dans la série EQUALIZER, Woodward, qui restera a jamais dans les mémoires des fantasticophiles pour son rôle du sergent Howie dans THE WICKER MAN aux cotés de Christopher Lee, apparaît comme le candidat idéal pour fumer la pipe à Baker Street.
Londres, 1900. Alors qu’il va enfin être pendu, le professeur Moriarty, cerveau du crime et ennemi implacable du grand Sherlock, parvient à fuir l’échafaud. Sans une seconde de répit, il reprend ses activités répréhensibles en volant un code secret cryptant les communications militaires anglaises et qu’il compte revendre au plus offrant. Malheureusement pour Moriarty, seul le créateur du code en a la clé et le professeur ne tarde pas à l’enlever. Mais ce créateur n’est autre que Mycroft Holmes, frère aîné de Sherlock…
Dés les premiers plans, cette reconstitution orchestrée par Suart Orme (solide téléaste anglais à qui l’on doit également LES MAITRES DU MONDE adaptation cinématographique d’un roman de Heinlein avec Donald Sutherland sorti en 1995) nous replonge avec délice dans les épopées en costumes chères aux télévisions d’outre-manche. Le duo Holmes-Watson (ce dernier étant campé par John Hillerman, Higgins dans la série MAGNUM) fonctionne d’emblée et leur mécanique habituelle composée d’estime réciproque et d’un brin de supériorité de la part du détective fait merveille. Solidement structurée, l’intrigue (qui n’est pas une adaptation d’une nouvelle d’Arthur Conan Doyle mais le remake d’un scénario original, THE WOMAN IN GREEN, mettant en scène en 1945 le légendaire Basil Rathbone dans la peau de Holmes) se déroule sans jamais faiblir ni souffrir de baisse de rythme…à condition bien sur de ne pas chercher la comparaison avec les standards actuels. En effet, une œuvre telle que celle-ci, une œuvre de « patrimoine », prend son temps tout comme les auteurs de l’époque pouvait le faire, épousant une douce torpeur qui devient un des éléments clés de la narration. Tout est donc agréablement rétro et seuls Holmes et son légendaire flair font avancer l’enquête à l’heure où les policiers cathodiques ne jurent que par les saints prélèvements ADN. Mais au-delà de ces éléments reposant et éminemment sympathiques, quelques ombres viennent recouvrir ce tableau nostalgique, à commencer par le casting. Si Holmes et Watson sont au-delà de la crédibilité, le professeur Moriarty et son homme de main Indien ne parviennent jamais à rivaliser avec le duo de justicier. Tantôt effacés, tantôt ridicules, ils ne parviennent pas à s’imposer et donc ne permettent jamais à Holmes et Watson de décoller pour de bon. Mais au moment où ce problème risquerait de faire tache, un climax pour le moins inattendu déboule (dans tous les sens du terme) et voit les deux ennemis de toujours s’affronter dans un combat sans merci. Seule véritable séquence d’action du film, ce dernier rebondissement rachète à lui seul les menus défauts qui précédent.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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