La symphonie des héros
Surtout connu pour son western SOLDAT BLEU, Ralph Nelson eut pourtant une carrière éclectique qu’illustre cet original film de guerre au casting impressionnant. Aux côtés de Charlton Heston et Maximilian Schell nous y retrouvons Anton Diffring et un Leslie Nielsen encore dans sa première carrière (pré parodies).
L’intrigue se situe dans les Ardennes belges, en pleine débâcle allemande, alors que la guerre se termine. Si la victoire alliée parait proche, les Allemands appliquent une politique de la terre brulée lors de leur repli. Dans ce contexte le général mélomane Schiller capture un orchestre dirigé par le tyrannique Lionel Evans. Un colonel souhaite exterminer les musiciens mais Schiller, pour sa part, veut entendre Evans les diriger une dernière fois. Mais ce-dernier refuse. Deux soldats qui cherchent à s’évader compliquent la donne.
Le titre LA SYMPHONIE DES HEROS s’avère trompeur car, finalement, on trouve peu d’héroïsme dans ce film. L’essentiel du récit consiste donc en un affrontement entre deux personnalités fortes, le général allemand et le chef d’orchestre. Le scénario joue sur le gris, loin d’une opposition franche entre le noir et le blanc, les deux principaux protagonistes étant suffisamment intéressants et travaillés pour échapper au manichéisme facile. Comme le rappelle Maximilain Schell « il s’agit d’un conflit moral et, souvent, le gagnant de ce genre de conflit est simplement celui qui a le plus d’artillerie ». Ce duel de point de vue se montre intéressant et donne lieu aux scènes les plus réussies du long-métrage, les passages purement « guerrier » étant trop convenus pour passionner.
Si l’intrigue reste classique et que le scénariste recourt à des ficelles éprouvées pour maintenir l’intérêt (tentative d’évasion, final plus typiquement militariste), le cinéaste développe une belle atmosphère un brin gothique en situant le récit dans un château médiéval sous la neige. La bande originale, qui convie logiquement les « standards » de la musique classique contribue d’ailleurs à ce climat recueilli.
Au final, LA SYMPHONE DES HEROES fonctionne agréablement et la restauration de qualité (l’image est globalement superbe) permet de l’apprécier comme une tentative honnête et originale de combiner le film de guerre et le drame intimiste.