L’attaque des piranhas

Sacré Antonio Margheriti ! Ténor du cinéma populaire Italien, touche à tout (les genres) de génie, le voilà qui débarque avec un démarquage du film de Joe Dante pour son 38éme film. Après 20 ans de carrière, ce grand bonhomme pose ses caméras au Brésil, à la tête d’une équipe italo-américaine emmenée par Alex Ponti, fils de l’immense Carlo (producteur, entre autres chef d’œuvre du septième art, de CHAIR POUR FRANKENSTEIN officieusement mis en scène par Margheriti). Casting international avec pour vedette un Lee Majors qui ne vaut plus trois milliards et ne tombe pas encore à pic, exotisme, aventures et attaques animales sont donc au programme…
Brésil, fin des années 1970. Un groupe de cambrioleurs emmenés par le charismatique Lasky et travaillant pour le compte d’un certain Diller, s’attaque à un coffre bourré de diamants dissimulé dans une centrale électrique. Leur forfait commis et pour attendre que les choses se tassent, les malfrats jettent leur butin enfermé dans une caisse inoxydable au fond d’un lac, prévoyant d’aller le récupérer une fois la police éloignée. Ce qu’ils ignorent (et vont apprendre à leur dépens) c’est que les eaux de ce lac sont infestées de piranhas.
Se hissant sans mal dans le haut du panier de la série B de l’époque, cette ATTAQUE DES PIRANAHS est de bonne facture, bénéficiant de tout le savoir faire de son artisan-réalisateur. Toujours généreux lorsqu’il s’agit d’en mettre plein les yeux même quand le budget ne peut suivre (les explosions, rupture de barrage, tornades et autre tsunami sont constituées d’un savant mélange de maquettes, de stock-shot et de décors naturels brillamment montés) Margheriti, dissimulé ici sous son pseudo américanisé de Anthony M. Dawson, livre un film d’aventure honnête et sans fioriture. S’ouvrant sur une spectaculaire séquence de cambriolage, le film marie harmonieusement aventure et horreur sans pour autant sombrer dans le gore. En effet, Margheriti n’a jamais été passionné par les débordements sanguinolents et les attaques de piranhas peuvent alors s’avérer frustrantes pour une certaine partie du public. Malgré le titre du film, ces poissons ne sont pas très souvent présent à l’écran, mais leur absence n’est pas en rien préjudiciable à l’intrigue. Le réalisateur préfère centrer son récit sur le groupe de cambrioleurs et leur commanditaire, tissant les trahisons et les alliances au grés de quelques retournements de situation bien amenés. Les poissons constituent un plus, un facteur de suspens supplémentaire qui culminera lors d’un climax particulièrement tendu.
Certes, en trente ans, le film a vieilli, notamment au niveau du rythme qui s’avère très lent. Quelques touches d’humour, concernant entre autre l’homosexualité d’un personnage sont assez lourdes (malgré un discours progressiste…mais là encore, lourdement amené) et le jeu de la plupart des comédiens, tout en publicité Email Diament, peut prêter à sourire.
Mais malgré ces menus défauts dû à l’âge du métrage, L’ATTAQUE DES PIRANHAS s’avère être un spectacle divertissant et tout à fait recommandable, ne serait-ce que pour souligner qu’à l’époque, série B ou pas, les réalisateurs s’avaient construire un vrai découpage et créer une mise en scène solide, contrairement à beaucoup de vidéastes numériques d’aujourd’hui dont la seule volonté semble d’être édité par LionsGate…