Le Clan des Pourris
Dans une ambiance générale morose marquée par les attentats des Brigades rouges, le cinéma de genre italien tient une santé de fer. Les protagonistes du CLAN DES POURRIS apparaissent en 1976 au générique d’un nombre imposant de films. Durant cette seule année, le réalisateur Umberto Lenzi signera trois films et Dardano Sacchetti participera à l’écriture – complète ou partielle – de quatre scénarios portés à l’écran.
Sorti de prison par un policier intéressé, Thomas Milian – dit «Monnenza » dans la version italienne (fumier en traduction littérale), ou Poubelle dans la version française – va être celui par qui on peut approcher le Milieu. Claudio Cassinelli, en flic brutal au sourire rare, embarrassé d’une affaire de rapt, voit en Poubelle le truand qui lui permettra de mettre la main sur les kidnappeurs d’une petite fille de huit ans. Henry Silva, gueule d’ordure de premier ordre, dirige cette opération sordide.
Le jeune âge de la fillette s’associe à une maladie grave qui ne lui laisse que 48 heures à vivre. Un des slogans de LA MORT EN SURSIS (autre titre du film) ne déclarait-il pas : « Aidez-moi… J’ai huit ans… Je ne veux pas mourir… ». Par ces mots, il est aisé de deviner le degré de dureté supposé, ou suggéré, de ce polar. En tout cas d’entrevoir la marque de fabrique qu’aimaient à se donner producteurs et distributeurs. Pur et dur.
Mais, et cela n’était pas exactement prévu au programme, la présence fantasque de Poubelle va adoucir le tout. Non seulement ses facéties donneront un ton différent au film pour le sortir du polar rugueux, mais il va aussi apporter le tonus qui manquait à ce récit. Poubelle, d’un déguisement à l’autre, souvent très inspiré, dynamisera l’avancement d’une enquête qui va sans sourciller d’indice en indice, sans la moindre accélération ou interrogation.
Pour ce qui est de l’action proprement dite, aucune crainte. Méchants coups de poing, fusillade forcenée, course-poursuite inconsciente : tout y est. Et qui plus est, l’ensemble est assorti d’un charme « seventies » alléchant. Alfa Romeo Julia au bleu policier inimitable, toutes sirènes hurlantes, et terrains vagues de périphéries donnent le dernier coup de patte à cette « italian touch » savoureuse.