Un texte signé Patryck Ficini


Titres alternatifs : L'Ile de la Peur

chroniques-infernalesDossierRendez-Vous avec Alda Teodorani : Appuntamenti Letali

L’Isola

Elle ne ressent plus rien pour son mari, mais quand celui-ci lui propose un séjour sur une île pour tenter de recoller les morceaux, elle accepte. Peut-être un dernier élan pour mieux prendre son envol?

En ouvrant L’ISOLA, vous pénétrez dans l’esprit empoisonné d’une jeune femme.
Elle n’a pas de nom, elle pourrait être n’importe qui que vous connaissez, et elle vous parle à la première personne. Vous raconte sa vie.
En quoi cela est-il perturbant? Cette vie semble être celle de tout le monde en apparence: une vie de couple, des amis, un travail peut-être – même si on n’en parle pas. Mais ce que cette femme vous cache, c’est ce qu’elle a dans sa tête. Ses angoisses et ses mauvais souvenirs, bien sûr, mais aussi ses terreurs, sa haine, et sa vision du monde et de ce qui l’entoure. Et elle vous raconte tout cela à grand renfort d’images sordides et déplaisantes, d’images de cauchemares. Plus sûrement que dans une oeuvre de H.P. Lovecraft, vous êtes confronté à ce que l’esprit humain peut engendrer de plus effrayant, parce qu’en même temps, c’est si réel!
Des rats, cela peut sembler banal. Mais quand vous êtes persuadés qu’ils grouillent dans les eaux grisâtres qui coupent l’île sur laquelle vous êtes du reste du monde, que pouvez-vous imaginer de plus terrifiant? Et surtout, est-ce seulement un effet de votre imagination, ou cela est-il bien réel?
En tant que lecteur, vous devenez le psychanaliste de cette femme. Vous comprenez petit à petit les racines de ses terreurs. Voyant le monde à travers ses yeux, vous avez envie de la délivrer des griffes de ce mari insensible et libidineux, de la protéger contre les abus qu’elle a subis dans son enfance. Et pourtant, impuissant, vous la regardez sombrer dans ses névroses.

Dans un style particulièrement imagé, Alda Teodorani brosse le portrait d’une femme souffrante, en naviguant entre passé et présent. Au lieu d’expliquer précisément ce qui se passe, elle effleure les événements, toujours par le truchement forcément biaisé du regard de la narratrice, laissant l’instinct du lecteur prendre le pas sur sa raison. On ressort de la lecture de L’ISOLA avec une profonde impression de malaise, mais qui n’est pas si déplaisante. Il est rare de tomber sur des oeuvres qui parlent ainsi à votre subconscient.

Interview de l’auteur par Patryck Ficini



- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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