Un texte signé Nassim Ben Allal

Thailande - 2007 - Thanakorn Pongsuwan
Interprètes : Somchai Kemglad, Shahkrit Yamnarm, Leo Putt, Athip Nana

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Opapatika, les immortels

Après celui de Hong-Kong, fer de lance de la production asiatique durant deux bonnes décennies (si ce n’est trois), puis le retour du Japon, l’émergence des films sud-coréens et de chine populaire, le cinéma thaïlandais est à son tour en passe d’investir nos étals de revendeurs, loueurs et, dans une moindre mesure, les salles obscures.
Produit par l’un des piliers du cinéma de genre local, Prachya Pinkaew, déjà auteur de l’incroyable ONG BAK, OPAPATIKA se pose moins comme un film de baston que comme une variation ultra-vitaminée et horrifique de ghost-story adaptée d’une légende locale.
Un Opapatika est un être immortel doté d’un grand pouvoir. Une seule méthode pour en devenir un : le suicide. Instantanément ressuscité, l’Opapatika découvre alors son pouvoir. L’un d’eux, Sadok, enrôle une armée de mercenaires afin d’en abattre quatre pour de mystérieuses raisons que lui seul connaît. Mais c’est compter sans Jiras, un énigmatique mais néanmoins dangereux Opapatika qui va se dresser sur leur route et tenter de fédérer ses semblables…
Un premier constat s’impose d’emblée à la découverte de ce film : l’incroyable vivacité et générosité du cinéma de genre thaïlandais. Bourré de séquences d’action aux mutilations gore prononcées et aux fontaines de sang jaillissantes, OPAPATIKA satisfera à ce titre tous les fans de cinéma explosif. Mais cela suffit-il pour autant à offrir un bon film ? Malheureusement pas et, malgré de louables intentions scénaristiques, le métrage souffre d’un flagrant manque de rythme. Ici, l’action dessert l’intrigue en dissolvant les enjeux dans un enchaînement d’affrontements dantesques mais bien trop répétitifs. A cela s’ajoute un entrecroisement de voix-off qui ont tendance à compliquer et brouiller une intrigue plutôt simple. Décousu et en retard sur le spectateur, le scénario n’apporte rien d’innovant et ne voit jamais sa linéarité brisée. A cela s’ajoute des personnages qui ne sont pas de premières fraîcheur (leurs caractéristiques, pouvoir, profils psychologiques et enjeux ont été vus et revus au cinéma et dans de nombreux comics) mais interprétés par de jeunes comédiens simplement époustouflants. Portant le film sur leurs épaules, ces acteurs apportent une crédibilité et une épaisseur bienvenue, empêchant le film de s’empêtrer dans des rebondissement téléphonés. Inspirés par leurs personnages, ils se livrent sans compter, notamment dans les séquences d’action où ils exécutent la plupart des cascades.
Et si la mise en scène académique de Thanakorn Pongsuwan s’avère trop terne pour faire avancer l’histoire sans ennuyer, celle-ci s’avère particulièrement nerveuse pour servir l’action sur un plateau d’argent.
Au final, OPAPATIKA LES IMMORTELS s’avère être un divertissement approprié à une vision chez soi, parfois ennuyeux, assez cheap mais toujours généreux et présent pour tenter d’offrir la meilleure qualité de spectacle possible. Les meilleures intentions ne font pas les meilleurs films mais la volonté investie par les participants au projet vaut le détour et permet de se faire une idée un peu plus précise de ce que risque d’être la production thaïe à venir. Bref, une industrie à surveiller de très très près.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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