Un texte signé André Quintaine

Allemagne - 2006 - Mika Reshoft
Interprètes : Vanessa Middelhauve, Oliver Zühlke, Michael Hahn

indie-eye

Phobos

PHOBOS est la preuve que, malgré des moyens réduits, les amateurs peuvent tirer leur épingle du jeu. Pour cela, il suffit d’être conscient de ses moyens et d’avoir un scénario adapté.
Un écrivain reçoit un cd contenant des vidéos étranges sur lesquelles apparaissent des fantômes. Aidé d’une amie, il tente de retrouver l’expéditeur et de comprendre ce que sont ces apparitions… En fond, l’histoire se déroule dans un futur proche. La planète Mars est tellement proche de la Terre, qu’elle se dessine de manière imposante dans le ciel, provoquant, par la même occasion, des étés torrides.
Pour mettre en image cette situation, le réalisateur utilise un noir et blanc intense avec des formes peu marquées. Visuellement, le film n’est pas si déstabilisant que ce que l’on pourrait croire et l’on s’adapte vite à cette image de « mauvaise » qualité. La représentation de Mars dans le ciel fait également illusion et impose une atmosphère étrange. Une atmosphère qui se voit étonnement renforcée par certains « défauts » du film comme le manque de personnages qui apporte une dimension désertique à ce qui se déroule sous nos yeux.
Les protagonistes, peu nombreux donc, assument correctement leur rôle, permettant au spectateur de suivre l’histoire sans heurts. Le scénario quant à lui, représente sans doute le principal enjeu du projet de Mika Reshoft. Mis en scène sans fioriture et effets inutiles, l’histoire s’avère passionnante. On suit avec beaucoup de curiosité cette enquête qui mêle extraterrestres, fantômes se cachant sur une image vidéo puis se dessinant dans l’atmosphère, mondes parallèles et science-fiction d’anticipation avec cette planète Mars, si proche de la Terre. L’histoire dévoile ses mystères parcimonieusement et ponctue le film d’une fin aussi ouverte qu’étonnante.
Le seul problème à signaler est d’origine technique, et finalement assez récurrent dans le cinéma amateur. La prise de son laisse en effet parfois à désirer. C’est d’autant plus ennuyeux que le réalisateur a choisi d’ajouter une musique omniprésente en fond d’ambiance, une musique qui, souvent même, couvre les dialogues des acteurs. Un petit problème bien embêtant et qui risque d’en décourager certains dont l’allemand n’est pas à 100% maîtrisé. D’autant plus que dans un film comme PHOBOS, il est crucial de comprendre ce qui se passe.
Pour beaucoup, le cinéma amateur allemand est surtout synonyme de gore outrageant et gratuit. Entre Olaf Ittenbach, Andreas Schnaas et Jörg Buttgereit, il existe de nombreux réalisateurs qui s’illustrent dans des genres moins grand-guignolesques. Ces derniers sont moins célèbres car leurs films sont plus difficiles à exporter en raison de la barrière de la langue. Des réalisateurs comme Fabian Klatura ont démontré que le cinéma amateur allemand était solide. Malgré une image déroutante et une prise de son chancelante, Mika Reshoft fait entrer PHOBOS dans cette catégorie. Il est parvenu à mener à bien un long métrage et à le rendre aussi captivant qu’une bonne série B.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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