Un texte signé André Quintaine

USA - 1971 - Paul Wendkos
Titres alternatifs : The Mephisto Waltz
Interprètes : Alan Alda, Jacqueline Bisset, Barbara Parkins, William Windom, Bradford Dillman

retrospective

Satan Mon Amour

SATAN MON AMOUR est une nouvelle fois la preuve que les femmes sont décidément plus perspicaces que les hommes. Elles savent ouvrir l’œil et le bon et voient tout de suite clair dans le jeu des menteurs et autres hypocrites. Lorsqu’il s’agit de ne pas se laisser duper, mieux vaut écouter sa femme… Voilà l’erreur commise par Myles. Grisé par les paillettes du monde dans lequel vit son nouvel ami, Myles s’enfonce dans une vie exubérante et ne se rend pas compte qu’il est en train de se faire piéger. La première partie de SATAN MON AMOUR s’attache ainsi à nous montrer les extravagances du ” grand monde ” qui organisme des fêtes d’un luxe arrogant. Elles ne sont pas loin de se terminer en orgies et l’inceste n’y est pas un tabou comme le prouvent Bill Delancey et sa fille… Bref, vous serez outré par tant de débauche !
Ce monde de richesse et de pouvoir attire évidemment le petit journaliste musical. Il s’enfonce dans un piège qui, inexorablement, se referme sur lui. SATAN MON AMOUR distille parfaitement le suspense autour du jeu hypocrite de Bill Delancey et de sa fille Roxanne. Il faut dire que les personnages sont bien campés dans leur rôle par des acteurs qui font parfaitement leur boulot. Bill (Bradford Dillman) est énigmatique et incarne un homme qu’on imagine imbu de lui-même mais que l’on peut comprendre puisqu’il se trouve, adulé par tout le monde, au sommet de son art. Sa fille (Barbara Perkins : LA VALLEE DES POUPEES que nous évoquions dans le précédent numéro) avec laquelle il entretient des relations on ne peut plus troublantes, est en revanche un personnage qui passe au second plan, en raison du manque de charisme de son interprète féminine. La fille des Clarkson, Abby, est également un personnage qui passe au second plan, mais cette fois, visiblement en raison du peu d’intérêt que lui porte le réalisateur. Il s’agit sans doute du principal défaut de SATAN MON AMOUR qui n’est pas parvenu à donner une profondeur à ces deux personnages. Cela aura une conséquence importante sur la crédibilité du film lorsque Abby tombera malade. Son destin est traité de manière superficielle et le spectateur s’étonnera du peu d’intérêt qu’éveille pour sa mère le sort de sa propre fille. Myles (Alan Alda), de son côté, est très convaincant dans le rôle de celui qui n’est pas parvenu à devenir artiste malgré sa passion pour le piano. Lorsqu’il touche enfin son rêve du doigt, son personnage est particulièrement émouvant. Sa femme (Jacqueline Bisset, l’équipière de Steve McQueen dans BULLITT), d’autre part, a plus les pieds sur terre. Sa prudence et sa force de caractère en font un personnage plus fort que celui de Mia Farrow dans ROSEMARY’S BABY. Elle emmènera d’ailleurs le film vers une fin toute aussi traumatisante que celle du film de Roman Polanski, mais également radicalement différente.
Il est très facile de rapprocher SATAN MON AMOUR du film de Roman Polanski puisqu’il vogue toutes voiles dehors sur la vague des films de Possession Démoniaque et Paranoïaque initiée par le premier en 1972. On retrouve d’ailleurs très vite l’épouse dans la même situation désespérée que Mia Farrow trois années auparavant dans le film de Roman Polanski. Les deux films sont très proches et leur trame scénaristique coïncide dans les grandes lignes.
Un déménagement dans le premier et une rencontre dans le second se traduisent tous les deux par un changement important dans la vie du couple. Par la suite, nous retrouvons les deux épouses bouleversées du changement d’attitude de leur époux. Progressivement leur inquiétude est confirmée par des détails de plus en plus troublants. Mais ces éléments sont du domaine du paranormal et, évidemment, personne ne prend au sérieux les élucubrations de Jacqueline Bisset et Mia Farrow. Les deux femmes finissent donc isolées au cœur d’un complot dont elles sont les futures victimes.
On remarquera que les deux films se terminent par des fins surprenantes et très éloignées des happy-end d’usage. A ce titre, celle de SATAN MON AMOUR est particulièrement intéressante et nihiliste. D’ailleurs, le film de Paul Wendkos (auquel on devait précédemment quelques épisodes de la série Les Envahisseurs) ne fait jamais dans la facilité et étonne fréquemment par son absence de concession.
SATAN MON AMOUR s’inspire fortement de ROMERA’S BABY. Pourtant, il ne s’agit pas d’une simple copie. La qualité de sa mise en scène et de son interprétation parvient facilement à le hisser au-dessus d’une simple copie. Finalement, il rappelle même assez peu le chef-d’oeuvre de Roman Polanski. Le cadre du film qui se déroule parmi des gens cultivés et riches auquel se confronte des gens de la classe moyenne, l’importance du rôle de la musique et plus particulièrement du piano et des personnages forts, suffisent amplement à le distinguer de son modèle.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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