Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Hollande, Belgique - 2007 - Frank van Geloven, Edwin Visser
Titres alternatifs : Slaughter Night
Interprètes : Victoria Koblenko, Kurt Rogiers, Jop Joris, Linda van der Steen

review

SL8N8

Les films d’horreur belges ou hollandais sont si rares que l’on aurait aimé montrer davantage d’enthousiasme à l’égard de ce SL8N8 (un acronyme pour slACHTnACHT, autrement dit “slaughter night” ou “nuit de massacre”) mais, malheureusement, le cinéaste nous tend trop souvent le bâton pour se faire battre.
Tout commence par un accident de la route qui laisse la jeune Kristel indemne alors que son père meurt sous ses yeux. Pour récupérer les notes d’un manuscrit appartenant à son paternel, la demoiselle se rend en Belgique en compagnie d’une bande de copains et copines. Ils aboutissent à une mine désaffectée transformée en une sorte de musée. Là, ils font une petite visite des galeries et le vieux guide (oui, le fameux “vieux qui sait tout”) leur explique que, un siècle plus tôt, un satanique tueur d’enfants (non, par Marc Dutroux!) y fut conduit pour mourir. Bien sûr, depuis, son esprit hante les lieux. Il faut dire que le méchant Andries s’était porté volontaire (façon de parler) pour explorer les mines afin de détecter les poches de méthane mortel en espérant une remise de peine. Mais les gardiens l’ont abattu, d’où une soif de vengeance bien compréhensible. Or nos jeunes gens qui, décidément, n’en ratent pas une, se retrouvent accidentellement coincés au fond des galeries et ne trouvent rien de mieux à faire que d’avaler de l’ecstasy et de tenter de communiquer avec les morts par le biais d’une planchette oui-ja. Car nous avons inévitablement dans le tas une prétendue voyante, une grande gueule qui se dégonfle une fois dans la panade, une salope pur jus (“50 kilos de sexe commandé par 2 neurones” nous apprend le dialogue) et une héroïne en détresse, notre fameuse Kristel.
SL8N8 n’ira guère plus loin dans le développement des personnages et limitera l’intrigue à ces prémices déjà vus bien souvent, promenant le spectateur dans des galeries de mines jolliment photographiées (l’ambiance claustrophobique fonctionne en partie) mais surtout lassantes: on a l’impression que les héros arpentent inlassablement les mêmes décors.
Le métrage se déroule donc dans le plus pur style EVIL DEAD rencontre THE DESCENT avec les personnages d’un VENDREDI 13…ou d’un MEURTRES A LA SAINT VALENTIN, pour les connaisseurs et les plus vieux lecteurs. Bref, les différents intervenants sont possédés tour à tour par le fantôme du tueur en série et les scènes gore se succèdent avec une relative bonne volonté. Tête coupée à mi-hauteur à coup de pelle, corps transpercé par un marteau-piqueur, crâne éclaté au fusil, morsures déchiquetant les chairs,…Hélas, les cinéastes, sans doute formés à l’école des frères Dardenne, agitent la caméra dans tous les sens à la moindre scène d’horreur, rendant le résultat à l’écran pratiquement irregardable. Rarement aura-t-on subi une caméra aussi hystérique, dans le mauvais sens du terme, ce qui prouve bien que n’est pas Sam Raimi qui veut: ces tentatives pour rythmer le récit échouent lamentablement et aboutissent à un résultat désastreux, au point que les spectateurs sensibles au mal de mer risquent de rendre leur pop-corn et d’en sortir avec une migraine tenace et l’estomac retourné. Dommage, vu la qualité indéniable de maquillages à l’ancienne qui usent abondamment du latex et des poches de sirop vermillon, dans la grande tradition des meilleurs slashers des années 80. Sans être originales, les nombreuses morts saignantes sont donc plutôt bien torchées et vont parfois assez loin dans la violence. La première scène choc consiste même en une décapitation d’enfant, un tabou que peu de productions hollywoodiennes se permettraient de transgresser à l’heure actuelle. Bien sûr, les incohérences, fausses peurs et ficelles grosses comme des câbles finissent par saper l’intérêt mais le métrage se laisse pourtant voir jusqu’au bout sans trop d’ennui, ce qui n’est déjà pas si mal.
Techniquement, SL8N8 s’avère convaincant et bien fichu. En dépit d’un budget restreint, l’ensemble ne parait jamais misérable ou amateur dans le mauvais sens du terme. L’image est soignée, la photographie travaillée, l’ambiance étudiée,…bref à des kilomètres des productions gore allemandes récentes comme ANTROPOPHAGEOUS 2000 ou DEMON TERROR. L’interprétation, elle aussi, se révèle sans génie mais ne fera par hurler de désespoir un public un tant sans peu exigeant. Seuls les actes stupides des personnages risquent de faire soupirer le spectateur, tant chacun s’ingénie à accomplir l’action la plus débile possible, comme avaler de l’ecstasys au fond d’une mine ou renouveler le traditionnel “on a un tueur aux trousses, plutôt que de rester groupé faisons deux groupes de un” cher à l’humoriste Bigard.
En résumé, SL8N8 se laisse voir sans efforts particuliers mais disparaît rapidement des mémoires. Les inconditionnels du slasher peuvent toutefois s’y risquer, afin de retrouver quelques frissons provenant tout droit des années 80.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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