Un texte signé André Quintaine

USA - 1986 - Alan Johnson
Interprètes : Richard Jordan, Jami Gertz, Jason Patric, Lukas Haas, James LeGros, Claude Brooks

retrospective

Solarbabies

Ah, les années 80 ! Les petits jeunes doivent certainement regarder de haut les films réalisés durant cette période… Ils étaient tellement kitsch ! Impression renforcée par le fait qu’ils ne bénéficiaient pas des milliards dont est dotée aujourd’hui n’importe quelle série B. De même, que penser des craintes qui formaient le background de la plupart des films fantastiques de l’époque ? La peur était grande alors de vivre dans un monde totalitaire, au milieu d’une nature dévastée par la pollution. Ces craintes, aujourd’hui, semblent sans fondement tellement on s’en est accommodé.
Certes, l’écologie est encore dans toutes les bouches, mais personne n’a remarqué la perte des libertés fondamentales. La faute, en partie, au cinéma des années 80 qui n’a pas su s’avérer pertinent sur cette grande question. La vision de SOLARBABIES rend manifeste toutes ces impressions.
Dans un futur indéterminé, le monde n’est plus qu’un vaste désert. L’eau manque à un point tel qu’elle est détenue par l’Etat, qui ne la livre à la population qu’avec parcimonie. La population, quant à elle, tente de survivre dans des bidonvilles. En ce qui nous concerne, nous allons suivre une bande de gamins qui grandit dans un orphelinat. Ils ont découvert une étrange boule de cristal qui pense, communique par télépathie, et pourrait peut-être bien rendre la liberté à l’espèce humaine. Volée par l’un de leurs amis, notre « club des 5 du futur » (il ne manque que le chien) part à la recherche du dernier espoir de l’humanité, un espoir que le gouvernement aimerait bien voir réduit à néant afin de pouvoir conserver son moyen de pression.
Une fois passée le cap il est vrai quelque peu déstabilisant de la « kitscherie » dans laquelle nage le film, il suffira de gratter un tout petit peu à la surface du métrage pour se rendre compte de la justesse avec laquelle le cinéma des années 80 voyait son avenir.
Dans une scène, le pouvoir totalitaire organise des temps de distraction imposé aux gamins de l’orphelinat. Durant ces quelques minutes, des messages sont délivrés à voix haute afin de faire adhérer la population à la société voulue par le pouvoir en place : « la technologie vous apporte du plaisir, remerciez-nous de vous délivrer des loisirs »… Lorsque les gamins se retrouvent dans l’un des bidonvilles de ce monde post-apocalyptique, ils s’approchent d’une espèce de mine où un contremaître motive ses hommes à travailler plus : « Vous pouvez vous satisfaire du nombre minimum d’heures de travail légal, mais vous devrez vous contenter de 0,25 litre d’eau par jour. Ceux qui travailleront plus auront droit à plus d’eau ». Lors du final, l’eau que gardait jalousement le pouvoir pour lui tout seul sera rendue à la terre, formant ainsi des nuages qui répandront la pluie et la Vie dont porront profiter l’ensemble des gens… Difficile de ne pas voir en cette symbolique les richesses que s’octroient une partie de la population aux dépens de l’autre. A un moment du film, le héros déclarera qu’il ne veut plus vivre dans cette société, qu’il la refuse… Alors, peut-être que le cinéma des années 80 est kitsch. N’empêche qu’il respectait le spectateur en l’incitant à la réflexion, contrairement au cinéma contemporain qui se transforme en publicité géante et qui ne voit dans le spectateur qu’un consommateur docile.
Pour toutes ces raisons et malgré des problèmes de crédibilité liés à son budget, SOLARBABIES s’avère être un film tout à fait intéressant et rafraîchissant. En outre, il est rythmé et nous offre des paysages splendides, jamais artificiels, si ce n’est au hasard de 2 ou 3 « mattes paintings », fabuleusement peints à la main. Les villes offrent également de superbes décors nous rappelant ceux de MAD MAX 2. Les héros, quant à eux, sont bien sympathiques, même si on aurait préféré que le black de service ne serve pas simplement à combler le quota.
SOLARBABIES est en réalité un divertissement familial, honnête, intelligent. Il apporte un peu d’espoir dans un monde sans idée et sans révolte.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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