The Children
Après un remarqué thriller horrifique, WAZ, Tom Shankland fonce tête baissée dans le domaine de l’horreur familiale. Sur une histoire de l’inégal Paul Andrew Williams (le formidable thriller social LONDON TO BRIGHTON et la moins réussie comédie d’horreur BIENVENUE AU COTTAGE), Shankland s’attaque à un tabou ultime, déjà illustré plusieurs fois au cinéma avec en tête de liste le brillant REVOLTES DE L’AN 2000, à savoir le thème des enfants tueurs.
Elaine, Jonah et leur petite famille recomposée qui compte une ado rebelle et deux jeunes enfants, vont passer le réveillon de la saint-sylvestre chez Chloe, la sœur d’Elaine. Celle-ci vit avec son mari Robbie et leurs enfants en bas age, dans une belle demeure perdue au fin fond de la campagne. Bobos par excellence, Chloe et Robbie insupportent très vite Jonah. Mais à cause d’une bactérie, ce qui s’annonçait un réveillon d’un ennui mortel, va s’avérer bien plus dangereux que ça quand les enfants vont se mettre à éliminer systématiquement un à un tous les adultes…
Disons-le d’emblée : le cinéma de genre britannique est en excellente santé. Contrairement à notre bon vieil hexagone où dès qu’il s’agit de financer un film d’horreur les fonds publics reculent en hurlant à la bêtise, l’équivalent anglais du CNC débloque des fonds comme pour n’importe quel autre genre de films. Certes, ce ne sont pas d’énormes sommes, mais elles permettent de boucler les budgets et de faire en sorte que les films existent, contrairement à chez nous où, au nom de la « diversité », on interdit aux films de genre de profiter d’aides censément ouvertes à tous. Ainsi dynamisé, le cinéma d’horreur anglais peut se poser comme le fer de lance de la production européenne dans ce domaine.
Fidèle à leur tradition sociale, nos cousins d’outre-manche se servent brillamment de l’écrin du genre pour rendre compte de la situation de leur société. C’est ici les bobos et leur mode de vie qui sont l’objet d’un portrait doux-amer. Sans jamais prendre partie, Shankland et son scénariste Paul Andrew Williams croquent un mode de vie qui va se voir secouer dans tous les sens et totalement remettre en question par ses apôtres. Poussés dans leurs derniers retranchements, les personnages vont être confrontés à des choix cornéliens (choisir de tuer l’un de ses enfants pour sauver l’autre, tuer son enfant pour se sauver) au cours de séquences magistralement écrites et mises en scènes, où l’horreur psychologique et l’horreur visuelle se fondent en un seul et même mouvement. Gore sans excès, jamais gratuit, en perpétuelle réflexion, THE CHILDREN gravit un nouvel échelon dans l’horreur en confrontant parents et enfants au sein d’un paysage de rêve, paradis de Noël qui va rapidement virer à l’enfer blanc. Extrême et puissant THE CHILDREN fait partie de ces perles du cinéma d’horreur engagé et plus profond qu’il n’y parait au premier abord.
