Un texte signé André Cote

USA - 2002 - David Arquette
Interprètes : Richmond Arquette, Paz De La Huerta, Balthazar Getty, Lukas Haas, Brad Hunt

review

The Tripper

Une bande de jeunes va à un festival musical se déroulant en pleine forêt. Hélas, la présence d’un rôdeur masqué en Ronald Reagan va transformer ce rassemblement en massacre.
Révélé en tant qu’acteur pour le grand public par la série des SCREAM de Wes Craven, David Arquette doit une partie de sa notoriété “people” non seulement au fait d’être le frère de Rosanna et Patricia, mais surtout à celui d’avoir épousé sa partenaire, Courteney Cox. En voyant les films de Craven, rien ne laissait supposer que le sieur Arquette puisse avoir des velléités de “mauvais garçon” équivalentes à celles des créateurs de SOUTH PARK. Bien au contraire, nous l’imaginions plus volontiers en gentil niais obligé de cachetonner pour se faire remarquer, quitte à renier plus tard ses premiers rôles dès qu’un semblant de carrière dans le cinéma grand public se serait dessiné. Or, ce TRIPPER nous présente justement un portrait tout à fait opposé à ce constat ; l’on imagine du coup ce même Arquette aussi navré que le public d’assister à la débâcle artistique de la série horrifique de Craven. En effet, il avait sans doute cru participer à un pur slasher dans l’esprit des 80’s (en raison de la présence du réalisateur des GRIFFES DE LA NUIT à la barre). Hélas, il s’est retrouvé dans une saga aseptisée qui se laissait gagner par le cynisme au fil des épisodes.
Entendons-nous bien, si TRIPPER souffre d’une comparaison avec la trilogie de Wes Craven, cela n’est dû qu’au fait que les métrages appartiennent au même genre, d’où la révélation de multiples imperfections d’ordre technique du métrage d’Arquette. En revanche, les deux cinéastes affichent des motivations bien différentes : l’un tente d’imposer un regard sur le slasher dans sa globalité tandis que l’autre se contente d’en réaliser un film bête et méchant avec des accents de satire politique. A chacun d’apprécier à sa juste valeur ces deux approches, l’une étant plus cérébrale, l’autre purement jouissive.
Ainsi, pour son second long-métrage (il a déjà à son actif un certain SELLING AIR), Arquette réussit là où son aîné échoue. Si le tueur de TRIPPER gesticule à outrance, il n’en demeure pas moins menaçant alors que celui de SCREAM sombrait dans le ridicule : dans TRIPPER, le jeu cabotin sert à exposer toute la folie du personnage. Aidé par quelques idées de cadrages bien pensées, le boogeyman affublé d’un masque de Ronald Reagan se voit offrir quelques-unes des plus belles scènes du film, dont le massacre final où il s’en prend à tous les festivaliers autour du feu de camp au lieu d’attendre bien sagement dans un coin que chacun s’isole. Le tout est accompagné de punchlines bien senties afin que ses actes aient des allures de punition. On a même l’impression de visionner une pellicule datant des années 80, tant Arquette réussit à restituer l’atmosphère crétine et cheap qui régnait sur le genre à cette période. Ainsi, les jeunes ne pensent qu’à s’envoyer en l’air, fumer des pets et boire de la bizouse alors que les cadavres s’amoncellent autour d’eux.
Malheureusement, à l’image des premiers VENDREDI 13, le tueur n’est finalement que peu présent à l’écran et le film s’égare dans diverses sous-intrigues guère passionnantes. Ainsi, on assiste aux déboires des jeunes harcelés par les péquenots de coin (dont l’un est d’ailleurs joué par David Arquette lui-même), ou aux disputes de la police locale avec les autorités pour faire (rengaine connue) arrêter le festival après la découverte du second cadavre. L’autre déception, relative, concerne cette satire présagée par la présence d’un tueur au masque à l’effigie de l’ancien président. Ne vous attendez pas à une critique politique en toile de fond, elle n’est perceptible qu’à travers les punchlines du tueur et la citation en introduction.
Enfin, il serait injuste de ne pas souligner la présence d’acteurs comme Thomas Jane (ex-Punisher dans la version de Jonathan Hensleight) qui interpréte le chef de police et se plait à se la jouer “cowboy du Texas”, ou encore Paul Reubens, ancien Pee Wee Herman de Tim Burton et l’un des super héros de MYSTERY MEN. Dans son rôle d’organiseur du spectacle, Reubens finit par caser un nombre incalculable de “Fuck” dans une même phrase lorsque les choses ne tournent pas comme prévu. Il est surtout le principal protagoniste de la scène la plus mémorable du film : véritable parodie scatologique du fameux cliché où les victimes de slashers pensent trouver refuge dans les toilettes publiques.
Par conséquent, en raison de son imagerie issue des 80’s, THE TRIPPER paraît anachronique et souffre de trop grosses pertes de rythmes entre les manifestations de son tueur. Cependant, à côté de bon nombre de slasher mainstream (les pâles copies de SOUVIENS-TOI L’ETE DERNIER, par exemple), le métrage de Arquette s’avère nettement plus recommandable.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

Share via
Copy link