Un texte signé André Quintaine

Japon - 2003 - Satoshi Kon, Shôgo Furuya

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Tokyo Godfathers

On connaît très bien le réalisateur Satoshi Kon de TOKYO GODFATHERS. Il est l’auteur du magnifique, superbe, génialissime PERFECT BLUE. Cet excellent animé proposait une critique du monde des jeunes chanteuses à la mode en faisant ressusciter le Giallo si cher à Dario Argento.
Celui qui s’attend à quelque chose du même genre avec TOKYO GODFATHERS risque de se retrouver complètement déstabilisé, puisqu’il s’agit ici d’une variation sur le thème des rois mages.

TOKYO GODFATHERS nous présente trois clodos, un homme alcoolique d’une quarantaine d’années bien tassée, une jeune fille qui vient de fuguer et un travesti qui rêve de devenir une maman. Un soir, pendant la nuit de noël, alors que cette famille virtuelle et atypique cherche de quoi se nourrir dans des ordures, elle trouve un bébé abandonné. L’homme et la gamine proposent de ramener le nourrisson à la Police, mais le travesti ne l’entend pas de cette oreille. Il veut savoir comment une mère peut oser abandonner son enfant. En outre, cela va lui permettre de jouer à la maman pendant quelques jours. Mais comment des clodos peuvent-ils s’occuper d’un nouveauné et vont-ils parvenir à retrouver sa véritable génitrice ?

TOKYO GODFATHERS est un film profondément généreux et humain. Les trois personnages centraux sont tous adorables et on en vient vite à les aimer et à les accepter tels quels. Il s’agit là de l’une des grandes forces de TOKYO GODFATHERS qui réussit à nous faire apprécier des gens qu’on a plutôt l’habitude de fuir comme la peste. En même temps, les trois clodos sont des clodos et ils le resteront tout au long du film. Ils n’échappent pas aux clichés qu’ils véhiculent et le réalisateur n’essaye jamais d’en faire autre chose que des clodos. Le film évite de la sorte toute mièvrerie.
On a pourtant rarement vu un film avec autant de bons sentiments que TOKYO GODFATHERS. Certes, il ne dépeint jamais un monde tout rose, tout beau. De tout façon, il ne peut en être autrement lorsque l’on vit dans la rue. Le réalisateur n’hésite pas non plus à montrer la violence qui y règne. Mais TOKYO GODFATHERS est sur-tout une leçon de positivisme. Il ne se passe jamais de réelle catastrophe et tout se termine toujours bien. On nage en pleine féerie parce que c’est la nuit de noël et que tout est possible, mais aussi parce que les personnages s’en donnent les moyens.
Profondément humain, touchant, drôle et émouvant, TOKYO GODFATHERS prouve le talent d’un réalisateur capable de varier les genres.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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