Un texte signé André Cote

retrospective

Train Express pour l’Enfer

Dans un train lancé à vive allure, le Dieu et le Diable se racontent trois histoires. Une manière pour eux de passer le temps avant le déraillement.

Alors voilà un film qui nous ramène au bon vieux temps des films dits « à sketchs ». Un genre tombé en désuétude aujourd’hui mais qui fut très populaire par le passé. Il s’agit d’une catégorie de film où nous trouvions, non pas une, mais plusieurs histoires, avec un lien très mince entre elles : un simple narrateur le plus souvent. La franchise la plus connue en la matière est CREEPSHOW où le point commun de toutes les histoires était… de provenir d’un magazine au titre éponyme.

Dans TRAIN EXPRESS POUR L’ENFER, nous avons donc deux personnages : le Dieu et le Diable, rien que ça. Ceux-ci discutent des croyances des humains et se demandent si ces derniers sont encore dignes de vivre, tout en narrant des histoires en guise d’exemples pour décider à qui reviennent leurs âmes. Ces scénettes sont donc un prétexte pour lancer les moyens-métrages, autrement dit les sketchs à proprement parler.

Ces trois sketchs ont chacun une atmosphère distincte et posée d’emblée. Et pour cause, un metteur en scène différent est nécessaire pour chaque segment, c’est d’ailleurs une des particularités de ce genre de film, ce qui aboutit à un générique des plus conséquent. Ainsi, la première histoire est celle d’un homme piégé dans un asile psychiatrique où se déroulent de sinistres trafics, la seconde repose sur un triangle amoureux aux conséquences macabres et la dernière devient rapidement une enquête policière abracadabrante où un homme est suspecté d’être un disciple de Satan.

Le point positif de ce format est l’obligation pour les metteurs en scène d’entrer vite dans le vif du sujet. Les scénaristes sont contraints de se débarrasser de plusieurs sous-intrigues pour se concentrer sur la principale, de poser une ambiance et de l’exploiter. En 20 minutes montre en main, nous avons un début, un développement et une conclusion. Maintenant, le hic se trouve justement dans cette compression, qui rend chacun de ces sketchs difficilement compréhensibles. Pour la petite histoire, il faut préciser que ces trois segments sont, au départ, trois long-métrages remontés pour passer de 1h30 à.. 20 minutes. Ceci rend certains enchaînements de situations et plusieurs évolutions de personnages totalement incohérents et illisibles, vu que les sous-intrigues les justifiant ont été écartées du montage.

Paradoxalement, ce montage sans queue ni tête (les faux raccords sont légion et l’enchaînement des plans défie la logique) avec un fil conducteur approximatif donne un certain charme au film dans son ensemble. Une fois débarrassé de ce besoin de compréhension de cause à effet (les motivations des personnages sont balayées d’un revers de la main), le spectateur peut se laisser séduire par une surenchère dans le n’importe-quoi.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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