Un texte signé Patryck Ficini

Brèves

Un vampire au soleil : Jean Rollin à Nice

Une découverte dans les années 90 par le biais d’un inoubliable numéro spécial de FUSION FANTASY, l’excellent fanzine de JEAN-MARC BAURIT. Puis, très vite, la location de LA NUIT DES TRAQUEES, film au charme inédit, avant de dévorer tous ses films fantastiques et une partie de ses romans. Telle fut ma rencontre avec un univers unique et inclassable, celui de JEAN ROLLIN. En une vingtaine de films, de vampires bien souvent, l’homme s’est avéré le seul cinéaste français spécialiste du genre. Et peu importe ses détracteurs parfois injustes, ROLLIN a continué contre vents et marées. Soyons clairs : avec des budgets aussi réduits, personne n’aurait pû faire mieux – même si JESS FRANCO a pû parfois faire aussi bien. L’an dernier, E/DITE sortait ses passionnantes mémoires, une véritable plongée dans le bis français, rédigées par un authentique amoureux du bizarre, un fou de cinéma doublé d’un grand connaisseur de la littérature populaire. En 2010, E/DITE va republier l’intégralité de ses oeuvres littéraires en deux volumes, car ROLLIN est aussi un écrivain sacrément attachant, avec une bien jolie plume. C’est aussi à lui, en tant que directeur de collection cette fois, qu’on doit la parution d’une cinquantaine de petits romans fantastiques, quelquefois policiers, au Fleuve Noir, puis chez Florent Massot et aux Belles Lettres. Citons notamment la publication d’auteurs aussi intéressants que BERNARD FLORENTZ, SANDRA VO-ANH ( DANS MON DEDANS est un bouquin d’horreur malsain absolument génial) ou PASCAL FRANCAIX. On espère d’ailleurs très fort qu’un éditeur lui confiera à nouveau cette tâche, car ROLLIN est un vrai découvreur de talents. Ou rédécouvreur parfois, en ce qui concerne les rééditions de GEORGES MAXWELL, ANTA GREY ou MAX ROUSSEL (LE FESTIN DES CHAROGNES et NE SONT PAS MORTS TOUS LES SADIQUES, sont deux romans noirissimes, hyper glauques et à lire absolument).
Les collections dirigées par JEAN ROLLIN furent aux années 90 ce qu’ANGOISSE était aux années 60. Tout simplement.
Evénement la semaine dernière à Nice, au MERCURY : JEAN ROLLIN présentait son avant dernier film (LE MASQUE DE LA MEDUSE sortira bientôt en DVD!), LA NUIT DES HORLOGES, avec OVIDIE. Un film parfois maladroit mais émouvant, profondément marqué par la hantise de la mort et très bien interprété par la réalisatrice de pornos. Le choix de ses actrices, un autre reproche infondé qu’on fait parfois à ROLLIN, alors qu’ OVIDIE comme BRIGITTE LAHAIE donnent le meilleur d’elles-mêmes dans ses films. LA NUIT DES HORLOGES au cinéma : un rêve de cinéphile bis, même si le film est déjà abondamment diffusé sur le satellite. Et l’occasion d’un passionnant débat d’une heure avec ROLLIN, un homme très sympathique qui a mille choses à dire et qu’on ne se lasse pas d’écouter ou de lire. Un homme pudique aussi, presque timide lorsqu’il évoque ses films érotiques (en fait souvent pornographiques), une partie de sa longue carrière qui le passionne à l’évidence moins que l’épouvante poétique qui lui est si personnelle. Car JEAN ROLLIN est un vrai auteur bis, avec des obsessions, des peurs et des phantasmes qu’il n’a eu de cesse d’explorer pendant plus de quarante ans pour le plus grand plaisir de ses admirateurs.
C’est avec joie que j’ai pû échanger quelques mots avec le cinéaste qui m’a fort aimablement dédicacé deux de ses plus beaux livres : LES DEMOISELLES DE L’ETRANGE et LES DEUX ORPHELINES VAMPIRES.
Que dire d’autre si ce n’est qu’on attend avec entousiasme la poursuite de son oeuvre tant littéraire que cinématographique. Ah oui, une dernière chose : merci M. ROLLIN !


- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés :


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