Un texte signé Patrick Lang

Etats-Unis - 1991 - Tom McLoughlin
Titres alternatifs : Sometimes they come back
Interprètes : Tim Matheson, Brooke Adams, Robert Rusler, Nicholas Sadler, Bentley Mitchum...

retrospective

Vengeance diabolique

Wayne et son petit frère Jimmy prennent un raccourci par un tunnel où passe régulièrement un train. La voie est libre quand ils s’y engagent. Soudain, ils se font agresser par une bande de loubards menés par un certain Richard Lawson. Quand un train s’engage dans le tunnel, Wayne et cette bande se font écraser.
27 ans plus tard, Jimmy revient travailler comme enseignant dans sa ville natale, celle où a eu lieu cette tragédie. Lorsqu’un de ses élèves meurt dans des circonstances bizarres, l’élève qui le remplace ressemble étrangement au chef de la bande qui l’avait jadis agressé, et causé la mort de Wayne. Jimmy va alors découvrir que le passé s’apprête à le rattraper. En effet, Richard et ses acolytes sont de retour d’entre les morts pour changer, à leur façon, le cours des événements passés.
VENGEANCE DIABOLIQUE est inspiré d’une histoire courte de Stephen King. On y retrouve quelques thèmes chers à cet auteur comme un passé trouble qui ressurgit, les petites villes apparemment bien tranquilles et les souvenirs de jeunesse. L’approche du film respecte cette marque de fabrique. On est sans cesse renvoyé dans le passé du personnage principal, soit par des flashbacks, soit par des sons. Ce dernier procédé est souvent utilisé et colle très bien à cette ambiance nostalgique. On peut entendre le sifflement fantomatique du train 27 ans après le drame et c’est vraiment un effet excellent. Tous les événements que vit Jimmy laissent penser que le passé n’est pas toujours chose acquise, qu’il peut refaire surface avec les pires intentions. Tom McLoughlin sait que c’est un élément primordial et donne de l’importance à ses personnages au passé tragique.
A l’origine, VENGEANCE DIABOLIQUE était destiné à la télévision. Il contient donc beaucoup de dialogues, une longue exposition des personnages et un rythme très posé. C’est en aucun cas synonyme d’ennui pour le spectateur, le film étant à classer dans le fantastique plutôt que dans l’horreur pure. La tension y est plus psychologique, plus subtile. Cela signifie aussi que les meurtres perpétrés sont moins graphiques que dans les productions du même type, voire des adaptations au cinéma et à la télévision du King. Un point de vue résolument axé sur les personnages et leurs sentiments rend l’ensemble plus sérieux, voire carrément dramatique. On se met du côté des protagonistes. On se sent concerné par leur sort. Cette implication du spectateur nécessite de la patience, il faut laisser l’histoire se construire, se normaliser jusqu’à l’irruption des éléments perturbateurs, ce qui renforce encore l’impact de ceux-ci. On peut dire sans mal que ça fonctionne très bien.
L’interprétation est à classer un cran au dessus des productions téléfilms d’usage. On les sent concernés par leurs personnages respectifs et le font transparaître à l’écran. Mention toute particulière à Robert Rusler qui interprète Richard Lawson, le ”méchant” du film. Son rictus et son rire diabolique font littéralement dresser les cheveux sur la tête du spectateur, même s’il semble tout droit sorti de GREASE !! Son attitude bien belliqueuse donne à réagir au spectateur, ce qui prouve le réel impact de ce type de personnages et accessoirement l’interprétation de ceux-ci.
Hormis les personnages, la voiture dans laquelle roule Richard Lawson et ses sbires s’avère être une autre élément intéressant. En effet, cette voiture au charme bien rétro est presque un personnage à part entière. Des flammes dessinées sur la carrosserie et des pots d’échappements qui en crachent réellement lui confèrent un aspect menaçant, démoniaque même.
Un petit bémol vient pourtant atténuer la bonne impression laissée à la vision du film. Quelques apparitions du fantôme de Wayne sont très laides, de même pour les dialogues avec ce même fantôme qui tirent sur la corde sensible, à l’instar d’un GHOST. C’est plutôt mal placé et agencé. Ces scènes ne fonctionnent pas du tout, elles paraissent ridicules. On aurait aussi bien aimé voir plus de sang mais les meurtres sont juste suggérés ; quand ils ne sont pas carrément elliptiques. Mais que peut-on faire ? Il s’agit là des codes de tout film destiné à la petite lucarne.
VENGEANCE DIABOLIQUE est film fantastique très convaincant, il propose une histoire intéressante, des situations tendues et chargées en émotions. Le méchant de service possède un rire démoniaque qui résonne même après la vision du métrage. Les effets spéciaux sont discrets mais parfaitement exécutés. Les souvenirs du héros sont superbement mis en scène par d’excellents effets de flashbacks. Malgré le consensuel mal placé dans l’épilogue, VENGEANCE DIABOLIQUE convainc de bout en bout.
Deux suites sont sorties depuis. Tout d’abord, le très mauvais SOMETIMES THEY COME BACK… AGAIN au postulat identique. Ensuite, il y eut SOMETIMES THEY COME BACK… FOR MORE. Excellent film qui s’éloigne des épisodes précédents, avec une histoire à placer aux côtés de THE THING de John Carpenter.


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- Article rédigé par : Patrick Lang

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