Un texte signé Alexandre Lecouffe

Festival Mauvais Genre 2008

1. Jour 1 Cérémonie d’ouverture- Films hors compétition.

Pour son deuxième anniversaire, le Festival Mauvais Genre de Tours proposait, comme l’année précédente, un panorama riche et varié de courts et de longs métrages amateurs, indépendants ou ayant peu de chances d’être distribués dans l’Hexagone. De nombreux genres y étaient donc représentés (horreur, s-f, fantastique, polar, érotisme..) avec des œuvres souvent présentées pour la première fois en France. C’est donc placée sous le signe de la contre-culture et du cinéma-bis qu’a démarré cette seconde édition, étoffée d’une partie « Fiction Internationale » avec entre autres des films de nationalité autrichienne, néo- zélandaise ou pakistanaise. Un des grands axes du Festival étant sa Compétition de courts métrages (animation et fiction), un jury professionnel fut donc composé dans lequel on pouvait trouver entre autres David Morley (réalisateur), Christophe Lemaire (ex Starfix, critique pour Rock’n’Folk), Gilles Boulenger (co-fondateur de l’Etrange Festival), Pierre-Louis Levacher (réalisateur) ou Colin Vettier du site Horreur.com. Un jury Lycéen était également présent (très sérieux : aucun blabla pendant les projections) et la possibilité pour les spectateurs de voter pour décerner un Prix du Public.
C’est dans une salle de concert jazz de 200 places (et environ 10 fauteuils libres) que le bondissant Gary Constant, directeur du festival, a déclaré ouverte cette seconde édition en mettant tout de même l’accent sur les difficultés que lui et son équipe de bénévoles passionnés avaient rencontrées pour la mettre en place. Leur première récompense fut donc de constater le succès en terme d’affluence de cette première soirée. Après la traditionnelle présentation des jurys, place aux images avec trois courts-métrages et un long.

Non programmé, c’est MORSURE (photo ci-dessus) de David Morley (Président du Jury) qui ouvre la soirée et les hostilités. En un petit quart d’heure, le film parvient très efficacement à installer une vraie tension et une atmosphère de paranoïa qui finissent par exploser dans une deuxième partie mêlant fantastique, effets gore et final désespéré. Pour résumer :une pauvre femme qui se réfugie chez ses voisins car son mari armé d’un fusil veut la tuer, est en fait une « infectée » qui va s’attaquer à tous les non-contaminés de la maison isolée. Très bien filmé, doté d’un montage très cut n’empêchant pas une bonne lisibilité des scènes d’action et d’effets spéciaux de maquillage très pro, MORSURE laisse augurer du meilleur en ce qui concerne le premier long-métrage de David Morley, MUTANT(S) qui devrait sortir à l’automne 2008 (voir interview du réal’ plus loin).
C’est un univers totalement différent qui est proposé avec le court OSC DIST de Fabien Dubois, jeune réalisateur tourangeau membre du Jury. N’ayant à peu près rien compris à l’intrigue, je n’essaierai pas de la résumer. Le film est tourné dans un noir et blanc « arty-underground » et le style évoque un peu celui des premiers S.Tsukamoto (TETSUO, TOKYO FIST) : montage ultra-rapide, cadrages épileptiques et musique technoïde. L’univers s’en rapproche un peu aussi (enfin, je crois) qui mêle personnages angoissés, violence physique et urbanisme déshumanisé. Intéressant mais hermétique ; le jeune réalisateur aurait été contacté pour travailler avec…Tsukamoto sur son prochain film (NIGHTMARE DETECTIVE 3 ?) à suivre, donc….
Le dernier court, LATCHKEY’S LAMENT de Troy Nixey (Canada) proposait, lui, d’entrer dans un univers féerique mélangeant animation numérique et prise de vue réelle. Située dans une usine où règne une sorte d’alchimiste diabolique qui « kidnappe » et emprisonne des clés, l’intrigue s’intéresse surtout au combat mené par une des clés (elles sont anthropomorphiques, bien sûr…) pour sauver sa bien-aimée des griffes du monstre. Une belle histoire d’amour au final et un arrière-plan « épouvante-gothique » qui rappellent un peu l’univers animé de Tim Burton.
Changement de décor à nouveau pour le long-métrage de la soirée puisqu’il s’agit d’un film d’horreur pakistanais intitulé HELL’S GROUND et réalisé par Omar Ali Kan. Présenté comme un MASSACRE A LA TRONCONNEUSE en Urdu, le film est un incroyable mélange. On y trouve pêle-mêle des scènes de tension, des dialogues plutôt drôles, des chansons type « Bollywood », des effets gore, des références à bon nombre de films d’horreur (MASSACRE…, EVIL DEAD, la série hong kongaise des MR.VAMPIRE…) ainsi qu’un clin d’œil appuyé à l’un des rares films d’épouvante pakistanais, DRACULA AU PAKISTAN (1967). Ce film culte a d’ailleurs été « sauvé » et restauré récemment par le réalisateur de HELL’S GROUND. Il faut y ajouter un portrait assez libre de la jeunesse pakistanaise actuelle qui a du mal à se situer entre le poids des traditions et son attirance pour la culture occidentale. Enfin, mention spéciale au psycho-killer le plus « bis » de ces 20 dernières années élégamment vêtu de la burka des pieds à la tête et maniant avec aisance un fléau dont la masse munie de pointes est plus grosse qu’un boulet de canon !!! Selon les organisateurs du Festival, le film a été censuré dans son pays mais va être distribué par l’éditeur Mondo Macabro.

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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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