Un texte signé Alexandre Lecouffe

U.S.A. - 1990 - Franck Henenlotter
Interprètes : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Judy Grafe

retrospective

Basket case 2

Duane et son monstrueux frère siamois Belial ont survécu à la chute que l’on pensait mortelle à la fin de BASKET CASE. Transportés à l’hôpital, ils s’en échappent et sont activement recherchés par la police et les médias, l’étrange couple ayant tué plusieurs médecins responsables de leur séparation forcée. Ils sont recueillis par Ruth et sa fille Susan dans une grande demeure transformée en havre pour une communauté de « freaks » en tout genre. Malheureusement, une journaliste zélée découvre leur cachette ; face à la menace, l’ensemble de la communauté est décidée à réagir de manière prompte et radicale…
Après BASKET CASE premier du nom en 1982, Franck Henenlotter a poursuivi son « étude » de la monstruosité passée au filtre de l’humour trash avec BRAIN DAMAGE (ELMER, 1987) et FRANKENHOOKER (1989). Dans le premier, le héros devient physiquement dépendant à une drogue que lui injecte une créature maléfique ressemblant à un lombric mutant avide de cerveaux humains. Dans le second, le protagoniste est un jeune savant fou qui tue accidentellement sa fiancée avec sa nouvelle tondeuse à gazon ; ayant conservé sa tête il décide de « reconstruire » sa bien-aimée en allant chercher les parties du corps qui manquent sur des prostituées. On le voit, le réalisateur ne fait ni dans la dentelle ni dans le bon goût, il s’amuse plutôt à provoquer, à jouer avec la censure américaine et à livrer au final trois films assez exemplaires dans leur façon de jongler avec les abominations du corps, la sexualité et un humour politiquement incorrect.
Réalisateur franc-tireur et atypique, on peut penser que le choix de Franck Henenlotter de donner une suite à BASKET CASE, film ultra-fauché devenu culte, avait un but commercial. Doté d’un budget plus confortable, BASKET CASE 2 n’a donc pas le côté sale et underground du premier volet et le fait que la majeure partie du métrage se déroule dans une demeure cossue l’éloigne davantage encore de l’original qui sentait bon le bitume de la 42ème rue de New York. Plastiquement fort différents, les deux films le sont encore plus sur le fond puisque BASKET CASE 2 est ouvertement une comédie, légèrement teintée d’éléments horrifiques. Exit donc les effets gore, les scènes dérangeantes, les personnages malsains et l’atmosphère schizophrène, place à une sorte de carnaval délirant en forme d’hommage parodique à FREAKS (de Tod Browning, 1932). Si le premier film était tout entier centré sur le duo et la dualité entre les deux frères siamois, ils deviennent ici deux personnages de la « monstrueuse parade » que forme la communauté réfugiée chez Tante Ruth et qui essaie de se défendre face aux attaques (police, médias) du monde « normal ». Une bonne partie du budget du film ayant probablement servi aux effets spéciaux de maquillage, force est de reconnaître la réussite dans la confection des nombreux « freaks ». Homme-ver, à tête de rat, de grenouille, de demi-lune, homme à 27 nez…voici quelques unes des figures identifiables de la communauté. Le maquilleur Gabe Bartalos, déjà à l’œuvre sur les précédents films de Franck Henenlotter, a composé une galerie assez mémorable de masques surréalistes (proches dans l’esprit de son collègue Screaming Mad George sur SOCIETY de Brian Yuzna, 1989). Belial, le frère siamois monstrueux a droit à une amélioration technique (fini l’animation image par image, place à l’animatronique) qui le rend plus crédible et presque effrayant, même s’il se contente ici d’attaques meurtrières disséminées. Mis à part une scène inquiétante dans un bar tamisé où un journaliste véreux se rend compte progressivement qu’il est le seul être « normal » parmi des clients tous monstrueux et menaçants, BASKET CASE 2 met en scène des situations et des personnages tellement excessifs que l’ensemble relève au final de la farce burlesque. Sans aller jusqu’à dire que le film est « tout public » (ne serait-ce que par la présence d’une scène de coït assez agitée entre Belial et sa fiancée morphologiquement semblable), son discours un peu simpliste qui fait des monstres des êtres sympathiques le rend en fin de compte beaucoup plus accessible que BASKET CASE. Seule la séquence finale, radicale et excessive, tempère un peu le sentiment d’avoir assisté à une suite plaisante mais inutile ; Franck Henenlotter réalisera deux ans plus tard un inepte BASKET CASE 3.


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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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