Un texte signé Alexandre Lecouffe

U.S.A. - 1992 - Franck Henenlotter
Titres alternatifs : Basket case 3 : The Progeny
Interprètes : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Gil Roper

retrospective

Basket case 3

Après le coup de folie de Duane à la fin de BASKET CASE 2 qui voyait celui-ci se « recoudre » son frère siamois, nous le retrouvons dans un état de semi-démence et à nouveau séparé du monstrueux Belial. Tante Ruth qui gère toujours la communauté de « freaks », décide d’emmener toute la troupe en vacances dans le sud des États-Unis chez son frère. Eve, la fiancée de Belial, étant enceinte de ce dernier, il s’agit de la protéger, en particulier du monde extérieur si dangereusement « normal ». Malheureusement, la villégiature de tout ce beau monde sera troublée par deux shérifs locaux alléchés par la récompense de $1 million promise pour la capture des siamois meurtriers.
Troisième et dernier volet de la série, BASKET CASE 3 a été tourné moins de deux ans après le deuxième opus qui marquait un changement radical avec l’esprit du film original. A son univers sale et obsessionnel (que l’on retrouvait aussi dans le second film de Franck Henenlotter, BRAIN DAMAGE, 1987), BASKET CASE 2 opposait un ton ouvertement comique que les Américains qualifieraient de « campy » (humour très exagéré et souvent de mauvais goût). BASKET CASE 3 poursuit dans ce registre lourdingue déjà amorcé avec FRANKENHOOKER en 1989 dans lequel on retrouvait déjà pour le scénario Bob Martin, alors responsable du magazine américain Fangoria. On peut supposer que ce deuxième prolongement comique du film original a été produit, à peu de frais, dans un but ouvertement commercial (comme pour son prédécesseur, il s’agit d’un « direct to video » plutôt rentable).
Ouvertement opportuniste, BASKET CASE 3 est en fait un quasi-remake du deuxième volet : l’intrigue est pratiquement la même, on y retrouve les mêmes personnages formant la communauté monstrueuse et à nouveau, le duo Duane/Belial n’est plus vraiment au centre du récit. Ayant perdu le lien télépathique qui les unissait (mais qu’ils retrouveront dans la dernière partie du film), les deux frères évoluent séparément, Duane cherchant à échapper à l’environnement des « freaks », Belial attendant de devenir père de famille ! L’effet de surprise ne jouant plus, les créatures difformes qui peuplent le film apparaissent de manière anecdotique, sans aucun enjeu dramatique ou comique. Un seul nouveau personnage, le fils caché de Tante Ruth est proposé ; masse de chair géante dotée d’une dizaine de bras, il est malheureusement sous exploité ce qui peut paraître étonnant au vu de la quantité de latex qu’il a dû demander à l’équipe du maquilleur Gabe Bartalos ! Que retenir finalement de cette vaste fumisterie ? La scène où le groupe de monstres prend le bus et se transforme un court instant en « big-band » sous la direction de Tante Ruth ? Pas vraiment. Celle où la fille du shérif, contre toute attente, se dévêt pour laisser apparaître une panoplie cuir SM et veut fouetter Duane ? Non plus. La seule scène à sauver est celle de l’accouchement de la fiancée de Belial qui donne naissance non pas à un, deux, ou trois bébés mais bien à douze mini-Belial. Le temps d’une séquence, Franck Henenlotter retrouve l’esprit de folie furieuse qui animait ses deux premiers films. BASKET CASE 3 se termine sur une parodie pas vraiment drôle de TERMINATOR de James Cameron (1984). On y voit Belial attaquer le commissariat où ses enfants sont retenus et massacrer sauvagement les policiers qui s’y trouvent (à signaler tout de même de bons effets gore : tête arrachée ou effectuant une rotation complète, personnage fendu en deux …). Le monstre finira par prendre d’assaut ses ennemis en manœuvrant une espèce de robot androïde armé ; un final affligeant, bien à l’image d’un film qui n’a aucun sens ni aucune substance, comique ou autre.
Bien conscient de l’échec artistique de ce troisième rejeton, Franck Henenlotter abandonnera la réalisation pour se consacrer au domaine de l’édition. A la tête de « Something Weird Video », il éditera en DVD de nombreuses et obscures séries Z américaines des années 40-60. Il revient au cinéma en 2008 avec le prometteur BAD BIOLOGY.


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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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