Un texte signé Patryck Ficini

Italie - 1978 - Al Bradley
Titres alternatifs : La bestia nello spazio
Interprètes : Vassili Karis, Sirpa Lane, Robert Hundar

retrospective

Beast in Space

Un équipage interplanétaire en partie composé de belles donzelles se rend sur une planète afin d’y conquérir un gisement de métal précieux. Les habitants de l’endroit, dont un satyre très viril, sont contrôlés par un ordinateur cinglé qu’il faudra faire exploser avant de prendre la fuite dans l’espace intergalactique…
Comme Bruno Mattei, même s’il est moins connu, Alfonso Brescia fait partie des petits artisans du cinéma bis italien, les sans grades qu’il est de bon ton d’ignorer ou de mépriser. Vétéran du peplum et du western, faiseur de giallos à ses heures, Brescia s’est aussi abondamment illustré dans le polar (ou mélodrame) napolitain avec la vedette du genre Mario Merola. Des films quasi inconnus ailleurs qu’en Italie, et bien peu excitants à dire vrai. Réalisateur d’une bonne héroic fantasy, IRON WARRIOR, Brescia est surtout connu des amateurs de cinéma bis pour avoir été le principal maître d’oeuvre du space opera italien post-STAR WARS. Le grand concurrent européen de George Lucas ! A la façon boulimique du talentueux Anthony Dawson des années 60 (6 films de SF !), Brescia a signé 5 space operas, dont le plus étonnant semble sans conteste ce BEAST IN SPACE.
BEAST IN SPACE est un space-opera… érotique ! La gageure tient même à ce qu’il soit une version SF d’un très beau film de Walerian Borowczyk, LA BETE, avec la même actrice principale, Sirpa Lane. Une version où le Z et le mauvais goût remplacent l’esthétisme et l’audace. Sirpa Lane, au visage plutôt ingrat et au jeu limité, a fort heureusement de très beaux seins. On l’a vue aussi dans le classieux erosvatika de Mario Caiano LA SVASTIKA NEL VENTRE.
A ses côtés, en commandant Kirk made in Italy, on retrouve la (petite) vedette de westerns Vassili Karis. Dans le rôle du satyre qui viole Sirpa Lane (un vrai, avec sabots de bouc et poils partout !), le cannibale de SHANGAI JOE, le très antipathique géant Robert Hundar. Le viol de la belle par la bête renvoie bien sûr au joyau de Borowczyk. Pour les pornophiles, citons aussi la présence de Marina Frajese, sans oublier pour autant l’ami Venantino Venantini. Un chouette casting !
Un vrai Z comme BEAST IN SPACE a forcément plusieurs défauts. Ses effets spéciaux à très petit budget en font partie. Les scènes spatiales comme les décors intérieurs sont vraiment d’une qualité discutable. LA PLANETE DES VAMPIRES, de Bava, c’était beaucoup mieux, 15 ans avant. SAN KU KAI et ses très belles maquettes de vaisseaux, à la même époque, c’était mieux aussi. Même STARCRASH de ce grand connaisseur de la SF qu’est Luigi Cozzi, offre de plus belles images. Ici, tout sent le fauché et touche souvent au grotesque ou au ridicule. Et ce n’est pas qu’une question de budget. Sinon, comment expliquer ces casques ignobles portés par nos héros ou ces robots coiffés comme Mireille Mathieu mais en blonde ? Impossible que personne n’ait remarqué de telles horreurs sur le tournage. Cela implique soit un grand j’m’en foutisme, soit une volonté autoparodique (non affirmée). Il est vrai que BEAST est par moments très amusant. Comme quand les filles surexcitées de l’équipage se tripotent devant un stock-shot où deux chevaux s’accouplent vigoureusement !
On peut pardonner la laideur carton pâte du grand ordinateur tyrannique ou ce robot fifties dont on ne filme quasiment que les pieds et la tête. On peut pardonner la pauvreté, nettement moins l’ineptie. Car BEAST IN SPACE gâche un excellent concept avec un scénario peu inspiré. Le film s’enfonce progressivement dans une monotonie sexuelle digne d’un mauvais porno. Les actrices assurent physiquement, mais les imaginer dans une vraie intrigue avec quelques rebondissements et surprises (ce qui n’aurait pas coûté beaucoup plus cher) donne une idée du ratage.
BEAST IN SPACE, qui ne pouvait rivaliser avec LA BETE, avait tout pour être en revanche un sacré bon film parodique comme les FLESH GORDON, irrévérencieux et délirant. Dommage qu’ Alfonso Brescia ait loupé le coche.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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