Un texte signé Tom Flener

Japon - 2004 - Mitsuru Meike
Titres alternatifs : Nôkô furin: torareta onna
Interprètes : Konatsu, Hitoshi Ishikawa, Yumika Hayashi …

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Bitter Sweet

Shoko (Konatsu) est une jeune femme sur le point de se marier. Elle fait la connaissance de Kudo (Hitoshi Ishikawa), homme plus âgé qui décide de divorcer de sa femme (Yumika Hayashi). Les deux commencent une liaison secrète qui aura des répercussions sur les gens autour d’eux.
Tous ceux qui recherchent dans ce film le côté particulièrement pervers du cinéma érotique japonais seront déçus. Mitsuru Meike a créé avec BITTER SWEET une œuvre qui analyse les conséquences d’une liaison sur tout un groupe d’individus et montre comment, finalement, de nouvelles constellations peuvent se former.
Par contre, Mitsuru Meike n’est pas un Claude Sautet, et en tant que réalisateur d’un Pinku Eiga, il a un cahier des charges à remplir. Si donc il doit inclure le nombre obligatoire de scènes de sexe, Mitsuru Meike réussit néanmoins à en faire l’occasion d’une réflexion sur l’état d’âme des personnages. Tout cela peut être plutôt érotique, avec cependant un témoignage de « l’amour » entre Kudo et sa femme ; séance de baise finalement assez pathétique et sans passion.
BITTER SWEET n’est donc sûrement pas de la pure titillation, et on sent la volonté de Mitsuru Meike de faire quelque chose de plus. Malheureusement, avec une durée d’une heure, le réalisateur manque cruellement de temps aussi bien pour définir les caractères, que pour développer les situations. Ainsi, les personnages agissent sans qu’on sache la raison de leurs actes. On a aussi l’impression que certaines choses se passent pour le seul besoin de faire progresser l’intrigue. En d’autres termes, ce film aurait pu bénéficier d’une demi-heure supplémentaire.
BITTER SWEET a été tourné avec un budget réduit et comme beaucoup des Pinku Eiga des dernières années, avec une caméra digitale. Il ne faut donc pas s’attendre à une grande qualité de l’image. Néanmoins, Mitsuru Meike joue avec ce format, et son choix de couleurs, virant vers le jaune, le vert et le bleu, donne à ses compositions une qualité onirique. Il souligne ainsi la façon dont les personnages traversent l’intrigue, souvent sans explications ni motifs à leurs décisions ; c’est comme dans un rêve.
Les acteurs arrivent à porter leurs rôles, et tirent leur épingle du jeu très honorablement. Malheureusement, c’est Konatsu dans le rôle de jeune femme pleine de doutes qui n’arrive pas à convaincre complètement. Par contre, les scènes entre Hitoshi Ishikawa et Yumika Hayashi en tant que couple marié sont plus fortes.
Somme toute, BITTER SWEET reste une œuvre mineure dans le cinéma érotique japonais. Certaines scènes ne sont absolument pas érotiques, et ce fait voulu par Mitsuru Meike n’est pas une erreur. C’est que le réalisateur semble plus intéressé par le côté drame de son histoire. Si ses intentions sont donc louables, les limites du genre et particulièrement la durée, ne lui ont pas permis de réussir son pari.
En fin de compte, BITTER SWEET n’est ni un ratage, ni la réussite qu’il aurait pu être.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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