Bloody Flesh
En 1956, dans une grande ville de Colombie, une famille se réunit pour la veillée funèbre de la matriarche, et la lecture de son testament. Cet événement est aussi l’occasion pour cette famille étendue de se retrouver, de se découvrir ou re-découvrir, et de plonger dans les souvenirs du passé à travers la vision de vieux films ou de conversations plus ou moins nostalgiques ou cyniques. Cependant, une explosion ravage soudainement une partie de la ville et oblige ces gens à s’éparpiller. D’étranges événements surviennent alors, et leur origine est plutôt trouble.
BLOODY FLESH, de son titre international CARNE DE TU CARNE, est réalisé par Carlos Mayolo, décédé en 2007. L’homme est aussi le scénariste de ce film, qu’il présente comme un hommage à Roman Polanski et Roger Corman, à travers un message en introduction de son métrage. Il y est aussi acteur.
Difficile d’appréhender un film comme celui-ci. En effet, l’histoire est peu aisément racontable – et aussi peu compréhensible – et il est facile de percevoir que Carlos Mayolo désire, avec ce BLOODY FLESH, proposer un voyage en territoire peu familier, voulant faire de son film une expérience sensorielle plus qu’autre chose, à l’image de cinéastes comme David Lynch. Ainsi, dès les premières images, durant la veillée funèbre, le spectateur découvre les protagonistes principaux, tous plus étranges les uns que les autres. Plongé sans aucune clé dans l’ambiance funèbre et étrange de ces personnes aux comportements troublants, il est facile de se questionner, de se demander où le réalisateur veut nous conduire. Tout d’abord, BLOODY FLESH ressemble à une sorte de drame familial sombre à la lisière de la folie. Mais, plus l’histoire progresse, plus le fantastique s’installe, avec d’étranges événements qui surviennent un peu partout. Certains personnages pensent à des esprits, d’autres à des bandits voulant instaurer la terreur, mais le spectateur, lui, n’est pas laissé dans l’ignorance et suit en parallèle une étrange histoire d’amour plus ou moins incestueuse entre une sorte de sorcière et un jeune homme possédé par ses sentiments et son désir pour la jeune femme qu’il suit aveuglément. Et ainsi, les situations se suivent, sortes de scénettes bizarres plus ou moins sans queue ni tête. Séquences d’amour avec des zombis comme spectateurs, meurtres plus ou moins gratuits, dialogues décalés et souvent presque abscons, le spectateur, perdu, essaie de s’accrocher à ce film et de continuer à le suivre, s’enlisant dans une ambiance étrange, environné par une bande-son faites de bruits d’oiseaux répétitifs, de versions sombres de chansons célèbres (love me tender devient ici hypnotique et effrayante). La réalisation accentue l’étrangeté du film, ajoutant des filtres rouges et autres techniques pour déstabiliser le spectateur.
Hélas, trop de folie tue la folie, est-il possible de dire, et le spectateur perd finalement pied et a bien du mal à continuer à s’intéresser à ce film qui paraît des plus décousus. Il n’est guère aidé par un jeu d’acteur plus qu’approximatif, et par des personnages mal présentés par le scénario et la réalisation. Ainsi, paradoxalement, BLOODY FLESH ne possède pas assez de scènes d’expositions pour qu’il soit possible de s’attacher aux personnages ou de les comprendre, et est relativement ennuyeux, avec de trop grandes longueurs, conduisant à un final qui laissera une grande partie du public perplexe.
