Un texte signé Yannik Vanesse

USA - 2005 - Robert E. Howard
Titres alternatifs : Bran Mak Morn - The Last King

chroniques-infernales

Bran Mak Morn

Derrière le Mur d’Adrien, les Pictes essaient de résister à la domination de Rome. Dernier descendant de la lignée royale, Bran Mak Morn tente d’unir les tribus pour gouverner sur le peuple de la bruyère et repousser les légions de César, devenant par là-même le fameux Roi des Pictes.

Robert E. Howard est l’un des plus grands écrivains d’heroic fantasy, ayant créé des personnages aussi célèbres que Solomon Kane, El Borak, Sonia la Rousse, Kull, ou encore le plus connu de tous, Conan. Si certains de ces héros ont eu droit à des adaptations cinématographiques, ce ne fut pas le cas de Mak Morn.
Robert E. Howard, Texan d’origine, fut un contemporain de Howard Phillips Lovecraft, avec qui il entretint une correspondance, qui influença certaines de ses œuvres où il aborda le Mythe de Cthulhu. On retrouve d’ailleurs dans certaines nouvelles s’intéressant aux Pictes et présentes dans le présent recueil, des références au Necronomicon ou au Nameless Cult. Bien sûr, Howard a gardé son style propre, plein de bruits et de fureur, mais est aussi l’un des plus intéressants disciples de Lovecraft. Cependant, Howard n’a pas été véritablement gâté, non-seulement par les adaptations cinématographiques – si l’on omet, bien évidemment, le chef d’oeuvre CONAN LE BARBARE, de John Millius – mais aussi par les rééditions de ses oeuvres. En effet, ses exécuteurs testamentaires – L. Sprague de Camp en tête – eurent toujours à cœur d’adapter ses histoires plutôt que de simplement les éditer, essayant de les modifier, de les insérer dans une chronologie. Les récits de Conan ont ainsi été les plus maltraités, De Camp essayant de les ordonner, ajoutant des détails chronologiques, alors que Howard avait toujours vu les histoires de Conan comme des souvenirs de jeunesse que lui aurait racontés le barbare, et donc survenant dans le désordre. Enfin, depuis quelques années, les écrits de cet auteur culte nous parviennent dans de nouvelles traductions provenant des textes originaux, et cherchant à être le plus fidèles possible à l’auteur, agrémentées d’une préface décortiquant l’oeuvre de Howard, et d’appendices contenant des textes inachevés, et autres poèmes non corrigés, qui raviront les fans. De plus, les textes sont agrémentés d’illustrations sublimes

Ouvrir un ouvrage de Robert Howard, c’est s’attendre à un orgasme littéraire intense, tant il semble que le terme « épique » ait été inventé pour lui.
Mak Morn est ainsi un personnage sombre, torturé mais barbare, luttant contre les armées de Rome, le peuple romain représentant pour Howard ce qui s’apparente le plus à l’ennemi ultime. En effet, l’auteur a toujours détesté les codes de la civilisation, qu’il apparente à de l’hypocrisie, et a toujours préféré la liberté et la pureté de la sauvagerie. Les écrits de BRAN MAK MORN sont aussi l’occasion de faire venir Kull, qui franchit les âges et les millénaires, le temps d’une bataille hallucinante, féroce, magnifique. Howard nous plonge au sein de la mêlée, au milieu des cris, de la sauvagerie, et le lecteur peut presque entendre les armes qui s’entrechoquent ou voir le sang se déverser à flots de blessures mortelles.
Quand Howard abandonne le champ de bataille, il emmène le roi picte rechercher les « vers de la terre » pour exercer sa vengeance, en une histoire sombre et torturée, malsaine en diable, d’une puissance littéraire presque déroutante. Dans certaines nouvelles, Bran n’est pas là en personne, mais comme une statue presque vivante observant un renégat de son peuple lutter contre les Vikings pour secourir une femme au corps de liane et à la peau d’albâtre. Encore une fois, le style inégalable de Robert Howard happe le lecteur au sein d’un maelström de sauvagerie brute. Parfois, l’histoire s’intéresse aux descendants des Pictes, qui ont régressé, vivant dans des cavernes, et l’auteur, utilisant ce qu’il appelle la « mémoire raciale », permet à son personnage principal de se rappeler des temps immémoriaux où son ancêtre luttait contre des peuples barbares et cruels.
Au final, BRAN MAK MORN est un sommet d’heroic fantasy sauvage, instaurant une vision de notre monde emplie de cultes malsain et de créatures horribles. Howard écrit de manière fluide et magnifique, permettant une percée dans son univers qui ne peut laisser indifférent, et dont les personnages sombres, torturés et brutaux, hanteront l’imaginaire du lecteur pendant longtemps.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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